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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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sentait heureux et bienveillant, et plus il buvait et moins digne d’intérêt lui semblait quiconque ne buvait pas. Mais, au bout d’un certain temps le besoin lui venait de quelque excitant supplémentaire, et il commençait à s’ennuyer et à redevenir un rien sobre. Il se trémoussait, devenait agité, puis tout à coup il quittait le bar ou la maison où il buvait, prêt à s’embarquer dans n’importe quelle aventure qui se présentait. Il lui était arrivé bien souvent de se réveiller le jour suivant dans le lit d’une femme inconnue, ou dans un caniveau, ou sur le sofa – dans une chambre de sa petite maison de bois Et bien rarement il se souvenait de ce qui lui était arrivé.
    Il vida les dernières gouttes du troisième bidon et sou pira bruyamment. Sa voix était devenue très épaisse. « Qu’est-ce qu’on va fiche maintenant, les gars ? » demanda-t-il.
    Croft se mit debout en vacillant et rit de nouveau. Il n’avait pas arrêté de pouffer de tout l’après-midi. « Je vas dormir », annonça-t-il.
    Wilson secoua la tête, se pencha en avant, et retint Croft par la jambe. « Sergent – je vas t’appeler sergent parce que t’es un sacré nom de Dieu de commandeur – sergent, c’est pas le moment d’aller au pieu vu qu’il fera pas noir avant une heure, et peut-être deux. »
    Gallagher sourit de travers. « Te vois pas que cet en culé de Croft il voit plus clair ? »
    Croft se baissa et saisit Gallagher par le col de sa clic mise. « Que je suis soûl ou pas soûl, pas un de vous me parlera comme ça, pas un de vous. » Il le repoussa sou dainement. « Je me rappelle foutre bien ce que t’as dit… » Sa voix se fit traînante. « Je me rappelle, attends voir jusqu’à demain. » Il se tut, rit de nouveau, puis, d’un pas un peu incertain, il se dirigea vers sa tente.
    Wilson faisait aller et venir un bidon vide. « Qu’est-ce qu’on va fiche ? demanda-t-il, lâchant un rot.
    – Sacrée gnole finir trop vite », dit Martinez. Il commençait à se sentir déprimé à l’idée de l’argent qu’il avait dépensé.
    Wilson se pencha en avant. « Dites donc, les gars, j’ai une idée. Vous savez, y a ces Japonais qu’ont des bordels à roulettes qu’ils font venir jusqu’en première ligne.
    – Où c’est que t’as entendu ça ? demanda Gallagher.
    – Je l’ai entendu, et c’est sûr et certain. Ben, pourquoi qu’on se faufilerait pas cette nuit dans leurs lignes ? On pourrait s’envoyer une de ces jaunes. »
    Red cracha. « Qu’est-ce qu’y a, te veux voir si elles ont la raie horizontale ?
    – C’est les Chinoises, avec la raie horizontale.
    – Wilson, dit Gallagher avec truculence, t’es un qu’aime les moricauds. »
    Wilson rit. « Mee-e-erde », fit-il d’une voix traînante. Il avait déjà oublié son projet.
    Une fois de plus Red pensait aux corps dans la clairière. Il ressentait une curieuse fascination au souvenir de leur aspect. Un accès de peur le saisit, et de nouveau il regarda par-dessus son épaule. « Pourquoi qu’on irait pas aux souvenirs ? cria-t-il furieusement.
    – Où donc ?
    – Doit y avoir des Japonais morts par ici, » dit-il, résistant à son envie de se retourner.
    Wilson poussa un petit rire bête. « Y en a, y en a, fit-il hâtivement. En bas, à deux-trois cents mètres de l’alambic de ce sergent de mess y a eu une bataille. Je me rappelle qu’on est passé juste à côté, juste à côté.
    – La nuit quand nous aller à la rivière et quand les Japonais venir, intervint Martinez. Cette nuit les Japonais venir presque jusqu’ici.
    – C’est ça, ait Wilson. J’ai entendu dire qu’ils sont venus avec leurs tanks.
    – Eh bien, allons-y voir alors, -marmotta Red. On ramassera quelques souvenirs. »
    Wilson se leva. « Nom de Dieu, si y a une chose que je dois faire quand je suis pompette, c’est battre le pavé. » Il s’étira. « Ben, les gars, allons-y. »
    Les autres le regardèrent sans mot dire. Ils flottaient dans un état de stupeur, et ils avaient discouru à tort et à travers, sans but. Ils avaient parlé sans penser à ce qu’ils disaient, et l’énergie de Wilson les déroutait. « Allez, debout les gars », répétait-il.
    Ils lui obéirent, parce qu’ils étaient passifs, et parce qu’ils auraient obéi à quiconque leur aurait dit de faire ceci ou cela. Wilson ramassa son fusil, et eux, le voyant faire, prirent les leurs.
    « Où diable

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