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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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une canette vide et rampa dans son trou. Tout en étalant sa couverture chiffonnée, il se mit à jurer. « C’est bien les manières de cette nom de Dieu d’armée, fit-il à Wyman. Trois canettes de bière. Ils ont plus d’un tour pour vous faire enrager. »
    Wyman se roula sur sa litière. « J’ai bu qu’une de mes bières, dit-il doucement. Pourquoi que tu prendras pas les deux autres, Red ?
    – Non, merci, petit gars. » Il hésitait. Une tacite amitié était née entre eux depuis qu’ils campaient sous la même tente, mais dernièrement Wyman lui faisait des ouvertures de plus en plus fréquentes. « On se laisse aller à copiner avec des gars et puis ils se font bousiller », pensa-t-il. Plus que jamais Wyman lui rappelait Hennessey. « Tu feras mieux de boire ta bière, petit, dit-il. Va y avoir un bout de temps avant qu’ils en redonnent, de la bière.
    – Non, j’aime pas beaucoup la bière. »
    Red ouvrit une canette et fa passa à Wyman. « Allez, moitié moitié. » Ces deux canettes, s’il les avait bues tout seul, lui auraient monté à la tête tout juste assez pour lui permettre de s’endormir sans mal. Depuis la nuit du front ses reins le faisaient souffrir constamment et le tenaient réveillé ; et, au cours de ses insomnies, il ne manquait jamais de reconstituer le moment où il s’était attendu à être poignardé par le soldat japonais. Mais, quoi qu’il en fût, deux bières faisaient une grosse, une grosse faveur : Wyman aurait eu prise sur lui. Il valait mieux ne devoir rien à personne.
    Ils burent en silence pendant quelques minutes. « T’as eu beaucoup de courrier, petit ? demanda Red.
    – J’ai eu tout un paquet de ma mère. » Il alluma une cigarette, regardant devant lui.
    « Et ta copine, comment qu’elle s’appelle déjà ?
    – Je sais pas, j’ai rien reçu d’elle. »
    Red grimaça sous le couvert de l’obscurité. Le comportement de Wyman aurait dû l’avertir. Faisant cadeau de sa bière, musardant tout seul sous la tente – il aurait dû se douter de ce qui clochait avec Wyman et éviter de lui en parler. « Eh, que diable, elle t’écrira, petit », fit-il maladroitement.
    Wyman tripota sa couverture. « J’y comprends rien, Red. J’ai pas eu de ses nouvelles depuis que je suis parti. En Amérique, elle m’écrivait tous les jours. »
    Red se rinça la bouche avec une gorgée de bière. « Ali ! c’est seulement cette armée qui s emberlificote avec le courrier.
    – J’y ai pensé, mais j’y crois plus. Quand j’étais au dépôt de remplacement, j’y comptais pas ; mais on a eu déjà deux arrivages de courrier ici, et chaque fois j’ai eu un tas de lettres de ma mère et rien d’elle. »
    Red se tâta le nez et soupira.
    « Je te dirai la vérité, Red. Maintenant j’ai peur de recevoir une lettre d’elle. Ça sera probablement « mon chéri, j’ai rencontré un homme, je Suis sûre que tu comprendras ça… »
    –  C’est pas les femmes qui manquent, petit. Plus tôt t’as fait ton expérience, et mieux c’est. »
    Il y eut de la peine et de l’angoisse dans la voix de Wyman. « Elle est pas comme ça, Red. Elle est vraiment line brave fille. Oh ! Jésus, je sais pas, y avait vraiment quelque chose de spécial en elle. »
    Red grogna. L’émotion de Wyman l’embarrassait, et il se savait tenu à l’écouter. Il but un peu de bière, grimaça un sourire. « Je paie le coup que je bois », se dit-il. brusquement il s’imagina Wyman qui broyait du noir de toute la soirée, et cette pensée l’attendrit. « C’est comme (lui dira plutôt dur de rester là à se faire du tintouin », ait-il. Ainsi, du moins, lui aura-t-il manifesté un peu de sympathie. En général, les soucis d’autrui l’ennuyaient. « Chacun se casse le nez à son tour, et c’est maintenant celui de Wyman », pensa-t-il.
    Comment que tu l’as rencontrée ? demanda-t-il.
    – Elle est la petite sœur de Larry Nesbitt, tu te rappelles, je t’en ai parlé, un copain à moi.
    – Oui, fit Red, qui se souvenait vaguement.
    – Eh bien, je la voyais souvent autour de la maison de Larry, elle était tout juste un enfant et j’y ai jamais fait attention. Puis, un jour, deux mois avant d’entrer dans l’armée, je suis allé chez Larry mais il était pas à la maison, et c’est comme ça que j’y ai fait attention à sa sœur. Tu sais, elle a poussé pour ainsi dire. Alors j’y ai demandé de faire une

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