Les panzers de la mort
patience. Certains d’entre eux reparurent à l’étape suivante, près d’un trou d’eau où le feldwebel de Torgau fut pris d’une Crise de folie. Il se jeta tout à coup sur Porta et lui marqua la joue d’une longue estafilade. Petit-Frère assomma l’homme et Alte arrêta Porta qui avait déjà son couteau à la main.
– Laisse-le, nous continuons.
Pluto prit les armes de l’homme sans connaissance et la section disparut dans le fourré où Stege marquait les plus gros arbres tous les 500 mètres, comme repères pour les camarades restés en arrière.
Le 4 e jour, nous arrivâmes enfin à un chemin où des traces de roues et des empreintes de chevaux étaient visibles. Aussitôt se réveilla notre instinct guerrier : d’hommes des bois, nous redevînmes des tueurs, les tueurs du xx e siècle.
Sans aucun bruit, courbés dans l’herbe et déployés le long du chemin, nous atteignîmes un cours d’eau. A peu de distance de nous, adossés à un arbre se tenaient les Russes, deux petits hommes en brun avec fusils-mitrailleurs. Le vent nous apporta une légère odeur de machorka. Nous nous mîmes à ramper. Porta sourit à Pluto qui s’installa près d’une motte et écarta l’herbe pour avoir un meilleur champ de tir. Un rai de lumière éclaira les deux hommes ; l’un d’entre eux repoussa en arrière sa casquette marquée d’une croix verte. A son poignet pendait un naganka. La croix verte, le naganka… Ce fut pour nous, un trait de lumière. N. K. V. D., des gardiens de prisonniers ! Un roulement bref brise le silence et s’éteint rapidement dans l’épaisseur du bois. Les deux hommes brans à la croix verte se plient en deux et tombent en avant avec une mousse sanglante aux lèvres.
L’acier tinte contre l’acier en rechargeant nos fusils-mitrailleurs., puis le silence de la forêt retombe. Porta siffle comme un oiseau, un long sifflement d’appel. Des oiseaux répondent, hésitants ; Il faut aux habitants de la forêt un moment pour se remettre de leur frayeur.
Le cœur palpitant, nous attendons ceux que la fusillade a dû alerter. Alte fait déployer la section de façon à couvrir une grande partie du terrain, puis le légionnaire, armé d’un bazooka, s’avance en rampant avec Heide, vers un épais fourré.
– Job twoi matj, murmurent des voix dans le bois.
Nous apercevons déjà le haut des corps émergeant du sous-bois ; Ils avancent sans bruit, ces soldats, sous la conduite d’un lieutenant. Un cri ! Ils ont trouvé leurs camarades.
– Mjortyvj, dit l’une – Tous regardent autour d’eux :
– Ubjivat, constate un autre.
Alte qui avait levé la main, la laisse retomber d’un seul coup. Nous nous ramassons comme des fauves. Un long cri, un effroyable cri de vengeance retentit.
– Allaha-a-a-hl Akba-a-a-r !
Une lame brilla, siffla dans l’air et s’enfonça dans la poitrine du lieutenant. Nous bondissons et taillons dans la chair palpitante, nous tuons comme des possédés, puis, nous nous jetons le long du ruisseau et, le visage plongé dans l’eau, nous buvons goulûment pour éteindre le feu qui nous dévore.
Heide et deux autres ramassaient les livrets militaires des Russes tués. Un blessé essaya de simuler la mort, mais un coup de baïonnette dans la cuisse le remit à peu près sur pied. Il raconta, d’une voix entrecoupée, qu’il s’agissait d’un convoi de prisonniers qui se trouvaient sous la garde de douze hommes un peu plus loin dans le bois. Porta attacha un bout de fil de fer autour du cou du Russe et lui fit comprendre qu’il serait étranglé à la moindre apparence de traquenard, mais, peu après, Il apercevait effectivement le poste avancé. Trois hommes faisaient le guet dans un arbre et en dégringolèrent comme des pommes sous le feu de Pluto. Les mitrailleuses furent mises en batterie pendant que le premier groupe s’avançait vers l’endroit que le Russe leur avait désigné.
Porta qui marchait un peu en avant de nous, Cria tout à coup.
– Stoj Mo Mdatj gjaerf.
Il nous fit signe d’avancer pour voir dans la clairière dix hommes en uniforme brun, les bras en l’air. Stege et moi restâmes en arrière, fusil-mitrailleur en position pour couvrir nos camarades.
– Où sont les prisonniers ? dit Porta en pointant son couteau vers l’œil d’un grand sergent. Ce dernier répondit dans une langue incompréhensible qu’un de ses camarades traduisit.
– Les prisonniers sont derrière les voitures
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