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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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élevé, suivant la mauvaise habitude des marins, il la siffla
     d’un air admiratif. Sursautant, la jeune cycliste le vit. Avec la bouche, elle
     fit un « oh ! » de surprise avant de se mettre à zigzaguer dangereusement,
     perdant le contrôle de son vélo. La pauvre fille ne réussit pas à éviter le
     camion et avec un bruit sourd en frappa le côté arrière. Elle tomba avec un cri
     de douleur. Pierre s’en voulait d’être la cause de cette chute.
    — Vous vous êtes fait mal ? s’inquiéta-t-il en accourant auprès d’elle.
    En grimaçant, la blessée fit signe que oui tout en maintenant son bras droit du
     mieux qu’elle le pouvait.
    — Je suis vraiment désolé…, reprit Pierre en aidant la victime de sa farce à se
     relever.
    — C’est de ma faute… Je… j’ai pas vu le camion…
    Pierre partit à rire.
    — Pourtant, y me semble qu’y est assez voyant.
    La fille rougit jusqu’aux oreilles. Tant bien que mal, elle essaya de relever
     sa bicyclette. À la vue de tous les œufs cassés par terre, elle se mit à
     sangloter.
    — Mon panier, se désola-t-elle, il a renversé… Y en a plus un seul de
     bon…
    — C’est de ma faute, mademoiselle. Je vas vous aider.
    Pierre s’empressa de remettre le vélo sur ses roues, mais avec son bras blessé,
     l’inconnue ne pouvait l’enfourcher de nouveau. De toute façon, la roue avant
     était tordue et rendait la bicyclette inutilisable. Devant le désastre, elle se
     mit à pleurer de plus belle.
    — Comment vous vous appelez ?
    — Odile, répondit la jeune fille entre deux hoquets de larmes.
    — Arrêtez de pleurer, mademoiselle Odile. On va commencer par prendre soin de
     votre bras.
    Il réfléchit un instant avant de retirer sa chemise.
    — Qu’est-ce que vous faites ? demanda Odile, inquiète.
    — On va le mettre en écharpe. Avec les manches, je vas pouvoir vous l’attacher
     dans le cou. J’ai appris ce truc quand je travaillais sur les chantiers.
    Odile eut un mouvement de recul.
    — Faites-moi confiance, mademoiselle.
    Elle le dévisagea un instant. Elle sécha ses larmes et bravement lui fit signe
     de procéder.
    Avec mille précautions, Pierre entoura le bras du morceau de tissu.
    — Le nœud est pas trop serré ? s’informa-t-il après avoir noué les deux manches
     derrière le cou.
    — Non, non, c’est ben correct. Pis ça fait moins mal astheure.
    — Pour les œufs, y a plus grand-chose à en espérer. Les oiseaux vont venir
     picocher. Pour votre bicyclette, c’est une affaire de rien du tout de redresser
     la roue.
    — Merci ben.
    — Ça fait qu’il y a plus de raison d’avoir de la peine, hein,
     mademoiselle ?
    Elle lui offrit un joli petit sourire émouvant de candeur.
    — Faut que je rentre chez moi astheure. Ma mère a m’attend. J’habite juste un
     peu plus loin sur la route, la maison là-bas, fit-elle en désignant de son bras
     valide un toit brun que l’on devinait derrière un bosquet d’arbres.
    En camisole, Pierre scruta l’horizon et discerna l’habitation. Il hésita. Il
     n’avait pas le droit de laisser le camion sans surveillance. Le chargement de
     viande valait une fortune. D’un autre côté, cette jolie Odile valait la peine de
     prendre le risque. Il évalua la distance. Il s’était assoupi un instant sur le
     bord du chemin avant cette rencontre inattendue. Il jugea qu’il avait
     certainement le temps de raccompagner la jeune beauté chez elle et de revenir
     comme si de rien n’était.
    — Je vous accompagne, décida-t-il en soulevant la bicyclette
     par la fourche.
    — Dérangez-vous pas pour moé, je vas me débrouiller.
    — On obstine pas Pierre Rousseau, vous saurez…
    — Non, non, vraiment, c’est pas nécessaire.
    — Il faut ben que je récupère ma chemise.
    « Pis quand une étoile filante réalise notre vœu, on peut toujours bien pas
     refuser ! », se dit-il en bombant le torse de fierté, faisant jouer ses muscles
     rien que pour Odile. S’il avait pu, il aurait tenu le vélo par un seul doigt
     afin de l’impressionner.

    La femme sentait tellement mauvais que Mathieu ne put s’empêcher de plisser le
     nez. La cliente s’en aperçut et ressortit du magasin sans acheter quoi que ce
     soit. Le jeune vendeur haussa les épaules. Tant pis pour la vente manquée.
     Mathieu détestait le travail que son parrain Henry lui avait déniché à Montréal.
     Il vendait des chaussures ! Imaginez, toute la journée, il

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