Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
Vom Netzwerk:
père.
    — Dans ce cas, je vous embrasse, déclara la jeune femme en donnant un bec sur
     la joue de leur hôte.
    Julianna retint le commentaire acerbe qui lui venait. Quel manque de
     savoir-vivre ! Autant Mathieu était réservé, autant la jeune fille était
     extravertie. Émancipée, avant-gardiste, elle posait sur le monde un regard neuf
     qui voulait tout bouleverser devant elle. C’était probablement cet aplomb qui
     attirait Mathieu. Cela et son mince corps musclé, son dos, sa chute de
     rein…
    — Installez-vous au salon, la jeunesse. Toi aussi, Georges ; il me reste encore
     quelques préparatifs à terminer dans la cuisine.
    — Bonjour, Georges, salua François-Xavier, la gorge serrée.
    Son beau-frère ne lui répondit que par un hochement de tête.
    Mathieu escorta galamment sa compagne jusqu’au salon. Depuis la terrible
     maladie de Pierre, ils ne s’étaient presque plus quittés. Mathieu lui lisait sa
     poésie. Jeanne-Ida semblait l’apprécier. Enfin, il l’espérait. Il se rappelait
     cette fois où il lui avait récité les vers écrits en son honneur, ceux décrivant
     sa beauté. Elle s’était mise à rire :
    — Que c’est ça : il neige sur tes dents  !
    — Ben, ça veut dire que tes dents sont blanches, pis que…
    — J’ai compris, je suis pas niaiseuse, mais franchement, c’est
     la façon la plus affreuse de parler du sourire d’une fille.
    — Jeanne-Ida, chère, tu serais-tu assez gentille pour m’aider à offrir à
     boire ?
    — Avec plaisir, madame Rousseau.
    — Je vas vous aider, moi aussi, belle-maman.
    — Ben non, tu restes assise, tu es l’invitée d’honneur.
    Mélanie reprit place aux côtés de son mari sur un des divans. Elle était si mal
     à l’aise avec sa belle-famille. Sa belle-mère était tellement différente des
     femmes de Normandin. Mme Langevin était une femme simple, qui disait sa façon de
     penser, qui ne se compliquait pas la vie, tandis que Julianna, elle, mettait les
     petits plats dans les grands, comme on disait. Mélanie trouvait que sa
     belle-mère était intimidante et elle ne savait comment l’aborder, comme si elle
     venait d’une autre planète, tels ces ovnis dont on parlait tant dans les
     journaux et qui faisaient peur à tout le monde. La mère de Pierre était une
     contradiction. Elle affichait des airs de grande dame, un peu hautaine,
     au-dessus de ses affaires, maniérée, et pourtant, elle était mère d’une famille
     nombreuse. Mélanie sourit en pensant à tous les jeunes frères de son mari qui se
     ressemblaient tant, sauf Mathieu qui était plus sombre que les autres. Mathieu
     l’artiste… Mélanie fronça les sourcils. Sa cousine Jeanne-Ida était comme sa
     propre sœur. Depuis qu’elles étaient petites, elles partageaient tout. Mélanie
     avait des doutes sur la relation entre elle et Mathieu. Elle aimait beaucoup
     Jeanne-Ida, mais souvent, quand Mélanie faisait quelque chose, Jeanne-Ida
     l’imitait. Mélanie voulait une poupée en cadeau ? Jeanne-Ida recevait la même.
     Mélanie voulait participer au théâtre que les religieuses préparaient ?
     Jeanne-Ida ne jurait plus que par le spectacle. Mélanie craignait qu’elle ne se
     rabatte sur Mathieu que par dépit, celui de ne pouvoir lui voler Pierre. Mais
     jamais son nouveau mari n’avait levé les yeux sur sa cousine, qui était pourtant
     beaucoup plus bellequ’elle et qui le savait. C’était elle que
     Pierre avait choisie et demandée en mariage. Pierre l’avait courtisée, non, pas
     courtisée, mais assiégée jusqu’à ce qu’elle cède. Cependant, elle avait été
     inflexible. Pas question de mariage à la sauvette, de se presser. Mélanie
     voulait être certaine de ne pas être une flamme passagère comme cette Odile qui
     était apparue à l’hôpital, en pleurs, se disant la fiancée de Pierre. Comme elle
     avait souffert cette journée-là en apprenant l’existence de cette femme !
     Blessée, elle était repartie à Normandin avec la ferme intention de ne jamais
     revoir ce bûcheron de malheur qui lui brisait le cœur chaque fois qu’elle le
     voyait. Mélanie prit la main de son mari. Elle était si amoureuse. Personne ne
     pouvait avoir cette chance, personne. Elle n’y avait pas cru lorsque, deux
     semaines après son hospitalisation, le jeune opéré avait débarqué à Normandin.
     Mélanie aidait sa mère à faire le lavage.
    — Bonjour, madame Langevin. Je vous avais promis de

Weitere Kostenlose Bücher