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Les proies de l'officier

Les proies de l'officier

Titel: Les proies de l'officier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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volontaire pour cette campagne. Son fils n’avait jamais participé à une bataille ni même quitté l’Italie, alors sa carrière s’enlisait dans sa garnison provinciale. Elle a cru que la campagne de Russie serait une belle balade sous les arcs de triomphe et un tremplin idéal pour qu’Alessandro soit promu général.
    — Quel beau programme.
    — Fidassio est taciturne et recherche la solitude. Personne ne semble vraiment le connaître dans son régiment à part Nedroni.
    Margont essaya de se souvenir des traits du capitaine et de son air à la fois poli et ferme.
    — Que sais-tu sur celui-là ?
    — La comtesse Fidassio était un peu inquiète d’envoyer son fils en Russie. Quand même, la guerre, parfois, ça tue... Elle avait déjà réfléchi à ce problème. Tout en achetant le grade de colonel pour son fils, elle avait demandé un petit bonus, comme tout bon client qui s’apprête à verser une forte somme.
    — Un grade de capitaine pour Nedroni.
    — Exactement. Silvio Nedroni est issu d’une famille pauvre et de petite noblesse. Il a trente-deux ans et serait le fils de l’un des amants de la comtesse. En tout cas, celle-ci le considère comme son deuxième enfant. Une langue indiscrète m’a laissé entendre que ce sentiment maternel serait né de la culpabilité de la comtesse. En effet, la relation de celle-ci avec le père de Silvio aurait entraîné le départ de la mère de cet enfant. Bref, en tout cas, la comtesse lui a permis de s’inscrire dans la même école militaire qu’Alessandro et elle s’est toujours débrouillée pour qu’ils veillent l’un sur l’autre. Mais Nedroni est loin d’être bête et il doit son élévation sociale autant à ses propres capacités qu’à l’argent et aux relations de la comtesse.
    — Alors si Fidassio est l’assassin, Nedroni, découvrant cela, peut être tenté de le couvrir... Ajoutons Nedroni sur notre liste au titre de complice potentiel.
    — Fidassio a un point faible : le démon du jeu. Il joue beaucoup et doit de l’argent à plusieurs officiers. Il fait exprès de tarder à régler ses dettes et, ainsi, elles diminuent parfois toutes seules... J’ai appris qu’il devait une forte somme à un certain capitaine von Stils – je ne sais pas à quel régiment il appartient – et au lieutenant Sampre, du 108 e . Mais au combat de Mohilev, Sampre s’est fait piétiner par un ou deux bataillons russes. On a finalement repêché son cadavre dans une rivière, au pied de la digue qu’il avait tenté de prendre d’assaut.
    — As-tu pu apprendre combien Fidassio devait à Sampre ?
    — Cinq cents francs.
    — Ah, quand même ! Je veux que tu me retrouves ce von Stils.
    Lefine rougit de colère.
    — Et si vous vous le retrouviez vous-même ?
    — Le colonel Pégot est excédé par mes va-et-vient. Il m’a donné l’ordre de limiter mes déplacements.
    — Et comment je vais retrouver ce von Stils au milieu de centaines de milliers d’hommes ?
    — Pas de défaitisme : « von Stils », c’est un nom prussien, badois, autrichien, bavarois, saxon ou wurtembergeois. Les Autrichiens et les Prussiens sont trop loin de notre corps, commence par la Confédération du Rhin.
    Le visage de Lefine exprimait toute la lassitude humaine. Margont fit semblant de ne pas s’en apercevoir et exposa son idée.
    — Trouve ce von Stils et envoie-le-moi. Je vais faire croire que Sampre m’avait chargé d’encaisser sa dette à sa place au cas où il serait tué afin que je fasse parvenir la somme à sa famille. Von Stils et moi, nous irons alors ensemble trouver le colonel Fidassio.
    — Pauvre Fidassio qui va voir ressusciter une dette de cinq cents francs qu’il avait déjà enterrée...
    — Et qu’as-tu appris de plus ? demanda Margont sereinement.
    Margont savait que la contrariété se manifestait parfois chez son ami par une tension musculaire, mais il avait rarement vu ses poings se serrer et ses bras se coller contre son corps à ce point. On aurait dit une lanière de cuir se ratatinant au soleil.
    — Mon capitaine, notre corps est arrivé ici après tous les autres. Si on ne cherche pas un logement maintenant, on est bon pour dormir à la belle étoile.
    — Nous enquêtons sur un meurtre et tu me parles du confort d’un logement ?
    Lefine se détendit brusquement comme un chat bondissant sur un oiseau.
    — J’ai manqué me faire couper en deux par un boulet à cause de cette enquête ! Vous avez

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