Les quatre livres des stratagèmes
pont, les efforts des assaillants ; et, quand il entendit
le fracas de ce pont qui tombait, il se jeta dans le fleuve et le
traversa à la nage, chargé de ses armes et couvert de
blessures.
6 Afranius, fuyant du côté d’Ilerda, en
Espagne, devant César, qui le suivait de près, s’arrêta pour
camper ; et, lorsque César en eut fait autant, et eut envoyé
ses soldats au fourrage, Afranius donna tout à coup le signal du
départ.
7 Antoine, faisant retraite, vivement
pressé par les Parthes, et s’étant aperçu que toutes les fois qu’il
se mettait en route au point du jour, ses troupes étaient
assaillies par les flèches de ces barbares, se tint dans son camp
jusqu’à la cinquième heure, pour que l’on crût qu’il voulait y
séjourner. Dans cette confiance, les Parthes se dispersèrent, et
Antoine fit sans obstacle une marche ordinaire pendant le reste du
jour.
8 Philippe, vaincu en Épire par les
Romains, et craignant d’être accablé dans sa retraite, demanda et
obtint une trêve pour ensevelir ses morts ; et, la vigilance
des postes romains s’étant relâchée pendant ce temps, il
s’échappa.
9 P. Claudius, battu sur mer par les
Carthaginois [89] , et obligé de traverser des parages
qu’ils occupaient, orna, comme s’il eût été vainqueur, les vingt
vaisseaux qui lui restaient, et gagna le large en intimidant ainsi
les Carthaginois, qui crurent que les Romains avaient remporté la
victoire.
10 La flotte carthaginoise, défaite et
poursuivie par les Romains, feignit, pour leur échapper, de s’être
engagée sur un banc de sable ; et, imitant la manœuvre de
vaisseaux engravés, elle réussit à faire craindre le même embarras
aux vainqueurs, qui lui laissèrent la retraite libre.
11 Commius, chef des Atrébates, vaincu
par Jules César, et voulant passer de la Gaule dans la Bretagne,
vint sur le bord de l’Océan, où il trouva le vent favorable, mais
la marée basse. Quoique ses vaisseaux fussent à sec sur le rivage,
il fit néammoins tendre les voiles. César, qui le poursuivait,
ayant vu de loin les voiles déployées, et enflées par le vent, se
retira, persuadé que l’ennemi voguait heureusement, et lu
échappait.
Partie 3
LIVRE TROISIÈME.
PRÉFACE.
Si les deux premiers livres ont répondu à
leurs titres et mérité jusqu’ici l’attention du lecteur, nous
offrirons dans celui-ci, les stratagèmes qui intéressent l’attaque
et la défense des villes ; et, sans nous arrêter à aucun
avant-propos, nous indiquerons d’abord les exemples utiles aux
assiégeants, puis ceux qui peuvent instruire les assiégés. Ayant
laissé de côté les ouvrages et machines de siège [90] ,
dont la découverte, depuis longtemps perfectionnée, n’offre plus à
l’art une matière nouvelle, nous avons classé comme il suit les
ruses qui regardent l’attaque :
Chapitres
I Des attaques soudaines.
II. Tromper les assiégés.
III Avoir des intelligences dans la
place.
IV Des moyens de réduire l’ennemi par
famine.
V Comment on fait croire que l’on
continuera le siège.
VI Ruiner les garnisons ennemies.
VII Détourner les rivières, et corrompre
les eaux.
VIII Jeter l’épouvante parmi les
assiégés.
IX Attaquer du côté où l’on n’est pas
attendu.
X Pièges dans lesquels on attire les
assiégés.
XI Des retraites simulées.
Voici, au contraire, ce qui regarde la défense
des assiégés :
XII Exciter la vigilance des soldats.
XIII Donner et recevoir des
nouvelles.
XIV Faire entrer des renforts et des
vivres dans la place.
XV Comment on paraît avoir en abondance
les choses dont on manque.
XVI Comment on prévient les trahisons et
les désertions.
XVII Des sorties.
XVIII De la résolution des assiégés.
I. Des attaques soudaines.
1 Le consul T. Quinctius, ayant vaincu en
bataille rangée les Èques et les Volsques, et voulant s’emparer de
la ville d’Antium, appela ses troupes à l’assemblée, leur montra
combien l’entreprise était nécessaire, et combien elle était facile
si on ne la différait pas ; alors, profitant de l’enthousiasme
qu’avait inspiré sa harangue, il donna l’assaut à la ville.
2 M. Caton, étant en Espagne,
s’aperçut qu’une certaine ville pouvait tomber en son pouvoir s’il
l’attaquait à l’improviste. Dans ce but, il fit en deux jours une
marche de quatre journées, à travers des lieux difficiles et
déserts, et surprit les ennemis, qui ne
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