Les Rapines Du Duc De Guise
Cassandre, elle a vécu avec vous et vous aime beaucoup.
Votre maître va revenir avec des documents que je désire. Il me les remettra et
nous partirons. Par sécurité, nous allons vous attacher et vous bâillonner. Restez
calmes et il ne vous arrivera rien.
» Nous allons coucher le corps de mon
écuyer dans la chambre d’à côté, ajouta-t-il. Je laisserai aussi de l’argent
pour ses obsèques. Il était protestant, mais je doute que vous puissiez le
faire inhumer suivant les rites de notre Église. Pourtant, si vous le pouvez, faites-le.
Toujours avec Caudebec, ils transportèrent le
corps. Ensuite Philippe de Mornay et François Caudebec récitèrent un psaume
avant de retourner dans l’autre chambre pour attacher les prisonniers. Auparavant,
ils s’étaient fait remettre toutes les clefs de la maison. Après quoi, ils
fermèrent les deux chambres et s’installèrent en haut de l’escalier.
— Il faut maintenant terminer ce pour
quoi nous sommes venus, mais tout commence bien mal, dit Mornay à sa fille.
Arrivé chez lui, Olivier ouvrit la porte, puis
déverrouilla la grille avec sa clef. Ses cinq compagnons entrèrent après lui.
— Nicolas, accompagne M. le marquis
dans la chambre de l’étage où nous avons soupé. Thérèse a dû dresser la table, fit
Olivier en fermant la porte, puis la herse.
Les autres montèrent tandis que le jeune homme
se rendait dans la cuisine. Le feu était allumé dans la cheminée. La grande
table était couverte de nourriture mais on avait retiré de l’âtre la broche sur
laquelle étaient enfilées des bécasses. Les marmites de cuivre habituellement
pendues aux crémaillères étaient aussi posées à côté de la cheminée. Il n’y
avait personne. Aucun repas n’était préparé.
Olivier sentit son cœur se serrer. Il avait
bien deviné.
Il sortit et rattrapa ses compagnons. Alors qu’ils
entraient dans la grande chambre où la table à tréteaux, couverte d’une épaisse
nappe damassée, était dressée pour le dîner, Olivier préféra passer par sa
chambre. En poussant une pierre qui pivotait sur un axe dans le mur de la
tourelle, il bloqua la herse avec le verrou. Puis il rejoignit les autres par
la porte de communication entre les deux chambres.
— Où sont tes domestiques ? demanda
Poulain, étonné de ne voir personne.
Cubsac, qui portait les sacoches contenant les
quittances et les lourds registres, les posa sur le lit puis, ayant repéré les
flacons de vin et les verres sur la crédence, il s’approcha des boissons en
claquant la langue de plaisir.
Le marquis d’O, lui, examinait les lieux, sans
méfiance mais malgré tout un peu surpris par le calme étonnant de cette maison.
Ils avaient laissé la porte de l’escalier
ouverte et Cubsac fut le premier à voir entrer trois hommes, chacun tenant deux
menaçants pistolets à rouet.
La porte de la chambre s’ouvrit ensuite et
Cassandre entra à son tour, elle aussi armée d’un pistolet.
O et sa troupe se retournèrent et firent face
aux intrus.
— Cassandre ? s’étonna Poulain.
— Monsieur de Mornay ! s’exclama O
qui venait de comprendre qu’il était tombé dans un piège.
Olivier ne dit rien et regarda la jeune femme
en mettant dans son expression tout le mépris qu’il pouvait.
Cubsac mit la main sur la poignée de son épée.
— Monsieur de Cubsac, prévint Caudebec, ne
tentez rien, je vous en prie. J’aimerais rester votre ami mais je n’hésiterais
pas à vous tuer. Nos pistolets sont en parfait état et nous ferons mouche à
chaque coup. Nous avons chacun décidé de nos deux victimes. Si l’un de nous
tire, nous tirons tous.
— Quel est ce traquenard ? s’enquit
O avec insolence.
— Messieurs, vous allez tous vous aligner
contre le lit en gardant vos mains visibles, ordonna Mornay sans répondre.
Ils obtempérèrent.
— Maintenant, asseyez-vous par terre.
Olivier obéit le premier, puis ce fut Poulain
et ensuite Charles.
— Monsieur d’O, faites ce que je vous dis.
Sinon je serais désolé de tirer, menaça Mornay.
O s’assit et fit signe à Cubsac et à Dimitri
de faire de même.
Le plus dur était fait, se dit Mornay, satisfait.
Une fois assis, il leur serait difficile de se lever rapidement.
— Vous allez faire lentement glisser vos
dagues et vos épées de leurs fourreaux pour les pousser devant vous avec vos
pieds.
Cette fois, ils se soumirent immédiatement. François
d’O fut le premier à sortir son épée et à la
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