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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Paris. À l’auberge, il s’installa avec Cubsac et son homme d’armes
dans un petit cabinet donnant sur la grande salle et se fit servir à dîner
pendant que Dimitri et son valet de chambre se rendaient chez Ludovic da
Diaceto.
    Da Diaceto, banquier florentin installé en
France depuis François I er , avait abandonné la finance pour
mener la vie d’un gentilhomme. Il se disait noble homme et comte de
Châteauvillain, mais chacun à la cour savait qu’il avait seulement acheté une
terre fieffée et une charge de conseiller notaire et secrétaire du roi. Si sa
fausse noblesse était tolérée, c’était à la fois pour sa richesse et son
mariage. Sa femme, Anne d’Aquaviva, était une ancienne maîtresse de Charles IX
qui avait fait partie de la maison de sa sœur Marguerite, devenue reine de
Navarre.
    Diaceto collectionnait les œuvres d’art et
recevait souvent le roi dans son bel hôtel particulier, espérant, à force de
cadeaux et de prêts, être doté un jour d’authentiques lettres de noblesse. O l’avait
connu en salle d’armes où il s’entraînait régulièrement car, sous une urbanité
de façade, le financier était un bretteur d’une rare adresse. Sans être
vraiment devenus amis, ils en étaient venus à s’apprécier.
    Le marquis d’O n’avait pas encore terminé son
dîner quand Dimitri et Charles revinrent. Ils avaient trouvé M. da Diaceto
chez lui et le financier attendait M. le marquis avec impatience. François
d’O se leva aussitôt et Cubsac abandonna avec regret sa fricassée de pigeons. Ayant
repris les chevaux, la troupe partit pour la rue des Francs-Bourgeois.
    L’hôtel du financier, qui n’existe plus de nos
jours, était édifié entre cette rue et la rue du Marché-des-Blancs-Manteaux. Il
possédait deux entrées dont la principale, située rue des Francs-Bourgeois, ouvrait
sur une belle cour carrée avec un grand escalier à balustres.
    Ludovic da Diaceto reçut le marquis d’O dans
sa chambre d’apparat, en présence de son épouse, Anne d’Aquaviva, ce qui était
un signe d’immense courtoisie. L’ancien banquier portait un pourpoint de satin
à collet brodé sur une chemise à col rabattu, de hautes bottes en peau, des
hauts-de-chausses en velours violet et un toquet à plume violette agrafée à une
émeraude. Il marqua à François d’O infiniment de respect, bien qu’il connût sa
disgrâce, le faisant asseoir dans un très confortable fauteuil qu’il réservait
habituellement au roi.
    Le marquis d’O apprécia cette délicatesse et, après
un bref échange de politesses, demanda au comte de Châteauvillain s’il pouvait
le loger pour quelques jours.
    — Ce sera un honneur, monsieur le marquis,
répondit Diaceto en s’inclinant. Je vous laisse dès à présent cette chambre. J’irai
réinstaller chez mon épouse.
    D’un geste de la main, il balaya les lieux
pour faire comprendre à son hôte que tout était à sa disposition.
    O secoua négativement la tête.
    — Monsieur le comte, personne ne doit
connaître ma présence à Paris. Je souhaiterais plutôt une chambre discrète, car
je recevrai, peut-être dès ce soir, une importante visite.
    Diaceto haussa un sourcil interrogateur teinté
d’une légère inquiétude.
    — Celui qui viendra est un habitué de
votre maison, le rassura le marquis, qui avait remarqué le soupçon de crainte
de son interlocuteur. Personne ne s’étonnera de sa venue, même si elle est
tardive.
    — Un habitué ? intervint Anne d’Aquaviva
avec un sourire enjôleur.
    — Oui, madame, s’inclina le marquis, qui
avait remarqué à quel point l’épouse de Diaceto était belle et attirante.
    Il se souvenait que Marguerite, la sœur du roi,
la surnommait Bouffonne pour son charme, et que Ronsard avait célébré sa
beauté en vers [37] . Par courtoisie, il se devait de lui répondre, aussi donna-t-il le nom
du visiteur attendu. Le couple resta un instant silencieux, mais ils avaient
suffisamment l’habitude des intrigues de la cour pour savoir qu’il aurait été
malséant de faire preuve de plus de curiosité, d’autant que le marquis d’O n’était
pas réputé pour sa patience.
    Le financier proposa donc à son hôte la
chambre de son maître d’hôtel, au deuxième étage. Ses gens seraient logés dans
une petite pièce attenante réservée à des domestiques qui, eux, iraient sous
les combles.
    Un petit cabinet marqueté disposant de tout le
nécessaire d’écriture se trouvait dans une

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