Les refuges de pierre
ne sont jamais venus dans la conversation, expliqua
Jondalar, embarrassé. Quand tu m’as trouvé, Ayla, je portais des vêtements
sharamudoï, qui ne donnent pas les mêmes indications que les nôtres. Les
Mamutoï ont quelque chose de semblable. Un abelan Zelandonii est un... euh... c’est
comme les tatouages sur le front de Zelandoni ou de Marthona.
Ayla savait que les Zelandonia et les chefs portaient des
tatouages complexes, avec des carrés et des rectangles de diverses couleurs,
parfois enrichis par des traits et des volutes supplémentaires, mais elle n’avait
jamais entendu le nom qui les désignait.
— Je peux t’expliquer le sens de ces mots, proposa la
doniate. Jondalar eut l’air soulagé.
— Il faut commencer par élan, reprit-elle. Tu connais ce
mot ?
— Je t’ai entendue l’utiliser aujourd’hui. Il signifie
quelque chose comme « esprit », « force de vie ».
— Mais Jondalar ne te l’avait pas appris ?
— Il disait toujours « esprit ». On ne doit
pas ?
— Si. Mais nous avons probablement tendance à utiliser de
préférence le mot « élan » quand il y a une mort, ou une naissance,
parce que la mort est l’absence ou la fin de l’élan, et que la naissance en est
le début.
« Quand un enfant naît, quand une nouvelle vie arrive dans
ce monde, il est plein de cet élan, de cette force, poursuivit la Première. Au
moment de lui donner un nom, le Zelandoni crée une marque qui est le symbole de
cet esprit, de ce nouvel être, et il la peint ou la grave sur un objet :
rocher, os, morceau de bois. Cette marque s’appelle « abelan ».
Chaque abelan est différent et sert à désigner un individu particulier. Cela
peut être un dessin avec des traits ou des points, ou la forme simplifiée d’un
animal. Ce qui vient à l’esprit du Zelandoni lorsqu’il médite sur le
nouveau-né.
— C’est ce que faisait aussi Creb, le Mog-ur : il
méditait pour savoir quel serait le totem de l’enfant ! s’exclama Ayla.
Elle avait l’air étonnée et n’était pas la seule.
— Tu veux parler de cet homme qui était le... Zelandoni de
ton clan ? demanda la doniate.
— Oui !
— Il faudra que je réfléchisse à cette coïncidence, dit l’obèse,
plus stupéfaite qu’elle ne le laissait paraître. Bref, le Zelandoni médite,
décide de la marque. L’objet symbole qui la porte s’appelle « elandon ».
Le Zelandoni le confie à la mère, qui doit le garder dans un endroit sûr jusqu’à
ce que l’enfant soit devenu grand. Lorsqu’ils accèdent à l’état adulte, la mère
remet leurs elandon à ses enfants, cela fait partie de la cérémonie d’initiation.
« Mais l’elandon est plus qu’un simple objet sur lequel on
a peint ou gravé un dessin. Il renferme l’élan, la force de vie, l’esprit, l’essence
de chaque membre de la Caverne, comme une donii peut avoir en elle l’Esprit de
la Mère. L’elandon a plus de pouvoir que n’importe quel autre objet personnel,
mais, s’il tombe en de mauvaises mains, il peut être utilisé pour attirer le
malheur et de terribles afflictions sur une personne. C’est pourquoi la mère
garde les elandon de ses enfants dans une cachette connue d’elle seule, de sa
mère, ou de son compagnon.
Ayla prit soudain conscience qu’elle serait responsable de l’elandon
de l’enfant qu’elle portait.
Zelandoni poursuivit en expliquant que le nouvel adulte à qui l’on
remettait son elandon le dissimulait à son tour dans un endroit connu de lui
seul, quelquefois très loin de l’abri. Il choisissait ensuite comme substitut
un objet sans danger, une simple pierre par exemple, et le donnait au
Zelandoni, qui le plaçait en général dans la fissure d’une paroi, à l’intérieur
d’un lieu sacré, une grotte, souvent, en offrande à la Grande Mère. Si l’objet
offert pouvait sembler sans valeur, sa signification était importante. Doni
pouvait remonter du substitut à l’objet symbole originel, et de là à la
personne à qui il appartenait, sans que quiconque, pas même un Zelandoni, sût
où l’elandon était caché.
Marthona ajouta avec tact que les Zelandonia dans leur ensemble
étaient hautement respectés et considérés comme dignes de confiance.
— Mais ils sont très puissants. Pour beaucoup de gens, ce
respect ne va pas sans une certaine crainte, et les Zelandonia ne sont que des
êtres humains. Quelques-uns d’entre eux ont fait mauvais usage de leur savoir
et de leurs
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