Les reliques sacrées d'Hitler
aussi rigoureuses et conformes à la morale quâon voulait le faire croire au public et à la plupart des officiers de renseignements eux-mêmes.
Dâaprès ce quâils avaient lu, lâenquête concernant Spacil était en fait lâhistoire dâun ancien criminel nazi haut gradé, actuellement détenu dans un camp spécial du CIC et qui travaillait avec les chefs du renseignement pour récupérer le butin nazi. Mais ce butin nâétait pas rendu aux victimes dont les vies avaient été détruites et les biens confisqués par les nazis, ni versé dans un fonds plus vaste pour contribuer à la reconstruction dâune Europe épuisée par la guerre. Il était évident quâil était transféré apparemment sans aucune surveillance de la part de lâUSFET dans des comptes contrôlés par le CIC pour renforcer sa propre trésorerie et développer probablement ses opérations dâespionnage classées secret défense. Lâimmense fortune en fausse monnaie était peut-être en train de prendre la même direction.
Les manÅuvres du CIC ne sâapparentaient pas à la conduite criminelle du Bureau II se livrant à des opérations de blanchiment dâargent, mais câétait le même principe. Ni Horn ni Rosenthal nâétaient vraiment choqués par ces révélations. Ils servaient au sein du G-2 depuis assez longtemps pour savoir que des opérationnels à un haut niveau décidaient souvent que tous les moyens étaient bons pour arriver à leurs fins. Pourtant, lâenquête sur Spacil mettait en évidence les contradictions troublantes qui existaient entre les paroles et les actions de leur patrie dâadoption. Ces paroles sonnaient désagréablement creux pour ces deux officiers de renseignements qui avaient consacré leurs carrières militaires à rétablir la justice dans un pays où droits de lâhomme, libertés civiles et liberté dâinformation avaient été ignorés pendant plus dâune décennie. Horn avait été tout de suite attiré par les grands principes de justice et de droiture que professait la MFAA. Dâaprès ce que Horn et Rosenthal avaient pu voir des dossiers concernant Spacil, le CIC ne respectait pas les mêmes règles.
Première découverte embarrassante, Spacil, occupé à marchander de lâinformation et du butin nazi en échange de sa vie, ne figurait pas sur la liste des prisonniers nazis passibles de poursuites criminelles. Non quâil ne finisse pas par être poursuivi â il pourrait se retrouver au tribunal accusé de crimes de guerre. Mais compte tenu de la date du dernier rapport figurant dans les dossiers du CIC, il jouissait dâun traitement de faveur comme témoin protégé. Plutôt quâil soit pendu, le gouvernement dâoccupation et le CIC préféraient, semble-t-il, quâil les aide dans leurs propres opérations de renseignements.
Le cas de Walter Hirschfeld constituait également un exemple de justice pervertie. Lâancien officier SS avait publiquement confessé avoir pillé les maisons de résidents juifs à Kiev. Sous prétexte quâil avait aidé à arrêter Spacil, on lui avait accordé la liberté, un salaire et un poste comme agent secret du CIC. Dâaprès les rapports récapitulatifs du CIC, il avait infiltré par la suite plusieurs opérations de résistance, mais avait été récemment relevé de ses fonctions car soupçonné de faire chanter dâanciens nazis et de voler le butin du Reich. Pire, il était également impliqué dans un meurtre perpétré pour couvrir son double jeu envers le CIC. Recruter dâanciens nazis pouvait présenter un avantage à court terme, mais cela équivalait à développer la corruption dans les rangs du renseignement et à tous les niveaux. On ne pouvait pas plus faire confiance à Hirschfeld quâà Schmeissner ou à Fries, qui travaillaient au palais de justice de Nuremberg.
Il y avait aussi le problème de lâofficier de renseignements John Alter, surpris à voler le butin nazi quâil avait récupéré avec Nacke, lâagent du CIC. Il nâavait pas été poursuivi, mais simplement muté en dehors du CIC.
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