Les reliques sacrées d'Hitler
lâAnnonciation était accrochée dans le chÅur de lâéglise Saint-Laurent de Nuremberg.
Près de là , une autre unité de stockage était pleine de vitraux provenant de la même église. Le fichier dans lâentrée du bunker indiquait que les vitraux dataient du dernier quart du XIV e  siècle, après que le chÅur gothique tout en hauteur eut été terminé. Un vitrail particulier de cette collection, sur le thème de lâExode, avait été réalisé plus tard par Michael Wolgemut, le maître dâAlbrecht Dürer.
Lâhistorien de lâart qui sommeillait en Horn avait supplanté une nouvelle fois le soldat. Il passa la main sur le bois au grain serré dâun luth médiéval, sâarrêta un moment pour examiner les imbrications dâun ivoire carolingien, remarqua le beau travail de bas-relief sur le gisant en calcaire dâun chevalier. Il admira la touche délicate du pinceau sur un manuscrit enluminé dâun livre dâheures monastique, avant de découvrir son propre reflet dans un gobelet en or et en argent poli.
Comme lâavait dit le commandant Hammond, et comme Thompson le lui faisait maintenant remarquer, il sâagissait dâart allemand provenant de musées allemands.
Dreykorn intervint pour confirmer les propos du capitaine. Par tradition et par proclamation royale, ces trésors étaient la propriété de Nuremberg depuis plus de sept cents ans.
Horn ne fit aucun commentaire. Bien que Dreykorn eût probablement raison au sujet des autres objets que Horn examina, tout dans le bunker nâavait pas été la propriété de la ville de Nuremberg avant lâentrée en jeu dâHitler. La preuve de cela se trouvait dans la salle suivante : les panneaux et les figurines du retable de Veit Stoss avaient été volés à la cathédrale Sainte-Marie à Cracovie.
Nuremberg avait effectivement vu naître le très controversé Veit Stoss. Lâartiste y avait été marqué au fer rouge sur les deux joues après avoir été condamné pour faux au début du XV e  siècle. En fait, le retable avait été commandé et sculpté à Cracovie, où le sculpteur avait vécu pendant presque deux décennies avant de revenir dans sa ville natale. Les autorités polonaises ainsi que le Vatican avaient déposé une plainte officielle concernant le vol par les nazis du chef-dâÅuvre vénéré à Cracovie, mais ils nâavaient pas pu empêcher son départ. Au vu de la situation générale, sa disparition nâétait évidemment quâune broutille en comparaison des atrocités perpétrées par les nazis dans toute la Pologne occupée.
Les trésors du Saint Empire â les objets les plus précieux de tout le bunker â avaient été eux aussi pris par les nazis à Vienne et exposés temporairement à Nuremberg.
Horn voulait voir cette collection à présent. Dreykorn le conduisit jusquâà la chambre forte à lâextrémité du bunker.
Un code numérique ouvrait la porte blindée épaisse de trente centimètres. Une porte intérieure, plus petite, faite de barreaux dâacier était commandée par deux clés. àla surprise de Horn, Dreykorn connaissait les cinq chiffres de la combinaison du coffre et avait les deux clés en sa possession.
Une fois la lourde porte ouverte, Horn demanda courtoisement à Dreykorn dâattendre dehors. Le petit homme se montra surpris par cette décision quâil ne considérait pas comme du ressort de Horn. Lâaccès à la chambre forte, protesta Dreykorn, dépendait du comité historique de la ville. Les règles devaient être respectées.
Thompson se tourna vers Horn comme si le lieutenant avait commis une faute en demandant que Dreykorn attende dehors, mais, voyant la résolution de Horn qui sâétait mis en travers de lâentrée, il prit les choses en main à la grande satisfaction de celui-ci. Dreykorn pouvait monter la garde à lâextérieur de la chambre forte pour sâassurer que rien ne serait pris.
Calmé, Dreykorn attendit dans le corridor pendant que Horn, suivi par Thompson, entrait dans la chambre forte. àlâintérieur, des
Weitere Kostenlose Bücher