Les reliques sacrées d'Hitler
préféré célèbre la découverte par Parsifal de la « lance saignante » qui avait ressuscité le royaume mythique allemand. Ce nâétait pas non plus un hasard que le 15 mars, le jour où saint Longin est honoré par lâÃglise catholique, soit la date à laquelle Hitler ait fait prendre la Sainte Lance et les joyaux de la Couronne dans leurs vitrines à la Hofburg de Vienne. En se fondant sur ce que Troche avait vu et entendu auprès de ses collègues du Musée germanique, Hitler aurait très bien pu programmer lâinvasion de lâAutriche pour cette même raison. Le trésor du Saint Empire comprenait les toutes premières Åuvres dâart majeures que les nazis avaient pillées et, selon Troche, câétait également les dernières quâils rendraient aux Alliés.
Horn était stupéfait par ce quâil entendait. Il savait que les nazis sâétaient servis de Nuremberg comme dâune scène pour créer et projeter une image dâampleur historique, de légitimité politique, et la promesse dâune future grandeur. Il comprenait aussi que la Sainte Lance et les joyaux de la Couronne soient des éléments dâune importante signification politique quâHitler et son régime pouvaient utiliser pour conquérir les cÅurs et les esprits des Allemands. Mais ce que prétendait Troche était bien plus alarmant : Hitler et ses intimes croyaient que ces Åuvres dâart elles-mêmes possédaient une signification mystique. Aussi bizarre que cela puisse être, lâimage en forme de lance sur la carte nazie que Troche lui montrait, la concordance de la chambre forte cachée avec la chapelle du château directement au-dessus et la date de lâAnschluss étaient autant de preuves quâHitler croyait à la portée mystique de ces symboles. Et bien que Horn nâait pas consulté les dossiers de la MFAA, Troche pouvait très bien avoir raison en disant que les joyaux de la Couronne avaient été les premières Åuvres dâart que les nazis avaient ramenées en Allemagne.
Lâintérêt quâHitler portait aux trésors du Reich, comme Horn lui-même lâavait supposé et que Troche lui confirmait maintenant, remontait à 1909, quand le jeune artiste de vingt et un ans tirait le diable par la queue à Vienne. Il avait échoué deux fois à lâadmission à lâacadémie des Arts de Vienne, et nâavait connu jusque-là que frustration et déceptions, dâautant plus que la mort atroce de sa mère dâun cancer du sein et son éloignement du reste de sa famille nâavaient fait quâempirer les choses. Hitler dormait parfois sur des bancs publics et fréquentait la soupe populaire. Il nâavait aucun avenir. La vie lui semblait dénuée de sens. Lâimaginaire était peut-être sa dernière échappatoire.
Rosenthal, le spécialiste dâHitler de la 3 e  armée, aurait certainement été dâaccord avec la théorie de Troche. Le jeune Hitler, amoureux de lâart et de lâarchitecture germaniques, avait erré dans les immenses parcs publics et les espaces verts de Vienne, observant la façon dont les piétons se déplaçaient dans la ville. Il restait assis pendant des heures à contempler les effets subliminaux que certains monuments ou des conceptions particulières dâimmeubles avaient sur la population. Il remplissait des cahiers avec des esquisses dâaméliorations futuristes à apporter aux espaces existants et il imaginait de nouveaux transports publics en dessinant des autoroutes, des systèmes de bus et les véhicules qui les emprunteraient. Lâamour de lâart et de lâarchitecture du jeune Hitler le conduisait aussi à la Hofburg, au Kunsthistorisches Museum situé dans lâancien palais impérial, là où il découvrit la Sainte Lance et les joyaux de la Couronne.
En pénétrant dans la salle 11 du musée, il aurait lu dans le catalogue que les trésors exposés étaient les objets sacrés des rois allemands transmis de droit divin. Bien que la lance ait été infiniment plus modeste que la couronne, le sceptre, lâorbe et les glaives royaux, cet objet avait, paraît-il, excité son imagination :
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