Les reliques sacrées d'Hitler
une simple pointe de lance en fer, noircie par le temps, enveloppée de bandes dâargent et dâor, avec un clou au centre de la lame, reposant sur une estrade en velours rouge.
On ignorait si Hitler avait seulement manifesté un intérêt désinvolte pour la vieille relique ou si, comme prétendaient ceux qui lâavaient connu jeune, cela avait été pour lui une révélation. Troche, quant à lui, pensait quâHitler avait bien vécu une sorte dâépiphanie. Pour ce jeune homme influençable â ancien enfant de chÅur catholique et aspirant à la prêtrise, dont les lectures allaient de traités sur la Rome antique aux dynasties des rois francs et au mysticisme pangermanique â, les trésors représentaient certainement bien autre chose que de simples souvenirs dâun âge révolu. Ils avaient le pouvoir dâinfluer sur la destinée de lâhumanité.
Ce quâHitler avait ressenti précisément en regardant la Sainte Lance et les joyaux de la Couronne resterait un mystère. Troche estimait toutefois que ce nâétait pas par hasard que, à lâépoque où il découvrait les joyaux de la Couronne, Hitler fréquentait des membres de sociétés occultes. Parmi ses intimes, on sait quâil y avait deux Autrichiens, Guido von List et Lanz von Liebenfels, partisans de lâariosophie, fondée sur la croyance en une chrétienté mystique, un nationalisme populaire et lâantisémitisme. Une doctrine qui aurait pu devenir celle dâHitler. Revenant aux traditions et aux pratiques enracinées dans les cultes germaniques médiévaux â où le sang du Christ et ses plaies constituaient les principaux symboles de vénération â, List et Liebenfels prônaient une persécution générale des Juifs et un retour au sang comme lien entre les mystiques chrétiens et leurs ancêtres païens.
Mieux connue, et non moins importante, était lâassociation dâHitler avec Dietrich Eckart et les membres de la Société Thulé, un groupe dâétude prônant une philosophie raciale aryenne et un militarisme virulent. Reprenant le nom de la patrie légendaire des Aryens, les thulistes étudiaient lâancien alphabet rune pour en tirer les secrets de lâorigine de lâhomme. àlâépoque de lâaccession au pouvoir du Führer, un livre entier avait été écrit sur ses liens avec la Société Thulé, mais le livre et toute discussion publique sur le sujet avaient été interdits par les nazis qui craignaient une réaction de la part des Ãglises luthérienne et catholique.
Horn le savait, Hitler était parfaitement conscient de la nécessité du soutien de la communauté chrétienne allemande majoritaire. Ce nâétait pas non plus un secret quâil avait adopté le swastika de lâariosophie et quâHimmler, autre catholique borné et ami de longue date des thulistes, choisirait des runes comme symboles de la Waffen-SS, qui faisait office pour lui dâarmée privée. Horn, son frère Rudolf et son beau-frère Erich en avaient discuté.
Mais à quel point Hitler croyait vraiment à ces mythes, cette magie et cette pseudoscience, cela restait du domaine de la pure spéculation, donc difficile à prouver. En dehors de la décision dâHitler de dédier le deuxième volume de Mein Kampf à Dietrich Eckart et de plusieurs allusions quâil avait faites dans ses discours, Hitler nâavait jamais ouvertement fait référence à ses liens avec lâariosophie, la Société Thulé, ni avec leurs fondateurs. Tout ce quâon pouvait dire avec certitude concernant sa première visite à la Hofburg, câétait quâil se souvenait de la Sainte Lance et des autres trésors du Reich, et que, vingt-six ans plus tard, il se ferait un devoir, certains diraient une obligation divine, de les faire revenir dans la mère patrie.
Himmler, qui était tout aussi imprégné de traditions mystiques, était le complice avoué dâHitler. Il avait profité de ce qui nâaurait pu être pour Hitler quâun sujet dâintérêt passager ou un engouement pour lâésotérisme et poussé les choses plus loin en créant son propre
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