Les reliques sacrées d'Hitler
termes de la loi en déclarant le bâtiment de lâallée du Forgeron comme entrepôt municipal, mais surtout pas comme bunker ni abri, dont la construction était interdite par la loi. Grâce à lâhabile interprétation de la loi par Liebel et Schmeissner, Nuremberg comptait davantage dâabris pour sa population que toute autre ville en Allemagne.
« Vous voulez dire quâHeinrich Himmler ignorait que Liebel avait construit le bâtiment de lâallée du Forgeron pour abriter les joyaux de la Couronne ? »
Dreykorn nâavait pas répondu directement à la question de Horn. Il dirait seulement que les trésors du Saint Empire appartenaient à la ville de Nuremberg, pas au gouvernement nazi. Ãtant donné quâils étaient propriété de la ville, le maire avait parfaitement le droit de les transporter dâun lieu appartenant à la ville à un autre, comme il avait fini par le faire pour les collections des trésors du musée de Nuremberg. La seule concession quâavait faite Liebel avait été dâaccorder à Himmler les mêmes faveurs que celles quâil accordait aux visiteurs nazis de haut rang. Elle consistait entre autres à faire admirer au Reichsführer-SS la défense de la ville assurée par des volontaires et les plans dâévacuation. Liebel et Himmler, dit-il, étaient tous les deux conscients de lâimportance historique de la ville et avaient travaillé en parfaite entente.
Plutôt que de continuer à évoquer Himmler, Horn préférait en revenir au bunker. Dreykorn lui confirma que Lincke, Schmeissner et Fries étaient les trois principaux intervenants dans la construction et la gestion du bunker. Liebel leur faisait toute confiance, et câest pourquoi il leur avait donné les clés de la chambre forte. Dreykorn prétendait quâaprès lâinvasion les conseillers municipaux ne sâétaient pas présentés à lâentrée du bunker avec les clés, car ils redoutaient une vengeance de la part des nazis purs et durs dont ils craignaient quâils continuent à sévir en ville. La confiance quâavait Liebel en Schmeisser et Fries, déclara-t-il ensuite, était largement méritée, car ils avaient prouvé la même « fidélité absolue » au service des autorités dâoccupation pour reconstruire la ville.
« En tant que chevaliers Teutoniques ? » demanda Horn.
La fraternité médiévale évoquait-elle quelque chose à Dreykorn ? Il ne manifesta en tout cas aucune réaction. Il se contenta de répéter en grande partie ce quâil avait dit précédemment, ajoutant seulement que les documents du bunker avaient été brûlés avant lâarrivée des Alliés. Ces archives se trouvaient dans un placard fermé à clé du bureau de Liebel à la mairie. Ce bureau et la plus grande partie du bâtiment avaient été détruits au cours des bombardements dévastateurs de janvier dernier. Dreykorn prétendait quâils renfermaient tous les documents importants concernant le bunker et son contenu, notamment les joyaux de la Couronne.
Plus tard, Dreykorn finit par confirmer, comme Horn le soupçonnait, lâexistence dâautres archives. Le maire disposait dâun placard secret au quartier général de la Gestapo qui contenait des correspondances confidentielles entre les fonctionnaires municipaux et le haut commandement du Reich. Dreykorn soutenait que cette correspondance avait été brûlée par Holz, que Dreykorn accusait dâêtre le véritable criminel.
àentendre Dreykorn, Holz était lâhomme dâHitler. Il avait la ferme intention dâappliquer le plan du Führer afin de ne rien laisser aux envahisseurs. « Tout devait être détruit. Bâtiments, ponts, lâaéroport, la gare. Tout. »
Dâaprès Dreykorn, Liebel et Holz entretenaient depuis longtemps une rivalité mutuelle sur des sujets allant du traitement des travailleurs du Reich à la déportation des Juifs. Holz, qui était directement sous les ordres du Führer, lâemportait chaque fois. Mais Liebel, toujours selon Dreykorn, réussissait à trouver des moyens pour contourner Holz et aider les Juifs. Lui et Benno Martin, ami
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