Les reliques sacrées d'Hitler
totalité, car il nây avait aucun endroit sûr pour lâaccueillir.
Dreykorn confirma lâhypothèse de Horn avant de continuer. Himmler avait ordonné que les objets les plus précieux soient mis à lâabri. Liebel nâavait rien dit à Dreykorn, sinon que câétait lâobjet de sa conversation téléphonique avec Himmler.
« Ã qui devait être confiée la responsabilité de déménager les joyaux de la Couronne ?
â Au conseil municipal, dit Dreykorn dâun ton laconique. Heinz Schmeissner, Julius Lincke et le docteur Konrad Fries. Câest ce que jâai dit au capitaine Thompson. »
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Lâenvoyé dâHitler
26Â juillet 1945
H orn nâétait pas absolument convaincu par ce que disait Dreykorn, mais il fallait admettre que, excepté la prétendue « bonté » du maire envers les Juifs, son histoire corroborait la version de base que Horn croyait véridique. Le plus ennuyeux dans cet interrogatoire était dâapprendre que Dreykorn avait déjà évoqué ses soupçons avec le capitaine Thompson. Le capitaine avait fait allusion à des rumeurs sans préciser leur origine.
Si Thompson avait vraiment souhaité enquêter sur lâaffaire dâune manière efficace, il aurait certainement cherché à interroger Schmeissner et Fries. Comme Dreykorn, ces hommes siégeaient au comité historique des forces dâoccupation. Thompson avait-il sciemment évité dâattirer lâattention de Horn sur ce point ? Le capitaine préférait-il dissimuler la façon dont les joyaux de la Couronne avaient été sortis du bunker ?
Impatient de progresser dans son enquête et disposé à affronter Schmeissner et Fries, Horn remercia Dreykorn de sa visite.
« Ce sera tout pour le moment, dit-il. Votre aide mâest très précieuse. »
Après le départ de Dreykorn, Horn discuta de ce quâil avait appris avec Troche et lui fit part de son intention de sâattaquer à Schmeissner et à Fries. Trouver deux des trois conseillers municipaux ne posait aucun problème, assura Troche à Horn. Schmeissner et Fries avaient un bureau au palais de justice de Nuremberg. Troche incita toutefois le lieutenant à sâentretenir avec un autre informateur potentiel â son supérieur immédiat au Musée germanique, le docteur Eberhard Lutze â avant dâapprocher les deux conseillers municipaux.
Horn connaissait Lutze de réputation, comme étant le grand spécialiste mondial de Veit Stoss, un homme vers qui Panofsky se tournait quand il avait besoin de renseignements sur le célèbre artiste de la ville. Dâaprès Troche, il avait été étroitement mêlé au transfert du retable de Stoss depuis Cracovie et avait surveillé le transport des diverses collections du Musée germanique jusquâau bunker de lâallée du Forgeron.
Plus important encore pour son enquête, dit Troche, la conversation que Lutze aurait eue avec Liebel avant lâinvasion, juste après la visite dâHimmler aux différentes installations souterraines de la ville, quand les bombes alliées avaient fait sauter les portes dâentrée du tunnel. Cela avait fait lâobjet de maintes discussions au sein de lâéquipe du Musée germanique et il incitait Horn à sâen enquérir auprès de Lutze.
Troche leur organisa un rendez-vous au Grand Hôtel, où ils pourraient parler plus discrètement quâau quartier général des troupes dâoccupation. Comme tous ceux que Horn avait déjà interrogés, Lutze comptait sur le lieutenant pour intervenir en sa faveur auprès du gouvernement militaire, dont lâinfluence sur le conseil de révision aiderait à clarifier certains problèmes causés par ses précédentes collaborations avec la hiérarchie nazie et surtout sa participation au déménagement du retable de Stoss de Pologne. Mais en même temps, Lutze préférait quâon ne le voie pas entrer ni sortir du quartier général des troupes dâoccupation. La raison, pas très claire au début, nâallait pas tarder à devenir évidente.
Lutze, la cinquantaine obèse, sâabstint de tout bavardage et épargna à Horn les détails sur
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