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Les révoltés de Dieu

Les révoltés de Dieu

Titel: Les révoltés de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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cas de le dire, à l’oracle : les pierres
que jette Deucalion deviennent des hommes, celles que jette Pyrrha deviennent
des femmes. Ensuite, Deucalion élève à Phryxios un temple en l’honneur de Zeus
et institue les jeux rituels des « Hydrophories » afin de commémorer
le déluge.
    Il y a quelque chose qui est commun à toutes ces versions d’un
déluge universel impossible, et qui ne laisse pas d’être choquant, sinon
incompréhensible, du moins en apparence : c’est le comportement du dieu – ou
des dieux – qui provoque le cataclysme en le justifiant par un châtiment mérité,
et qui se réconcilie ensuite solennellement avec le genre humain. On ne peut
manquer de constater une contradiction flagrante entre l’attitude de Yahvé avant , pendant et après le déluge. Et il en est de même pour Enlil et
Zeus. Tout cela n’est pas logique. Pourtant, il doit y avoir une raison, car
les mythes, dans leur brièveté comme dans leur structure, expriment toujours
des vérités essentielles.
    Si l’on se borne à la Genèse, comment concilier ces paroles
d’Élohîm prononcées avant  : « J’effacerai
le Glébeux que j’ai créé des faces de la glèbe, du Glébeux jusqu’à la bête, jusqu’au
reptile, et jusqu’au volatile des ciels » ( Gen. VI,
7 ) et celles prononcées après  :
« Je n’ajouterai pas à maudire encore la glèbe à cause du Glébeux » ( Gen. VIII, 21 ) ; « Fructifiez, multipliez
et remplissez la Terre » ( Gen. IX, 1 ) ;
« Nulle chair ne sera plus tranchée par les eaux du déluge, il ne sera
plus de déluge pour détruire la Terre » ( Gen. IX,
11 ) ? Les transcripteurs des traditions les plus archaïques ne
comprenaient peut-être plus quel était le sens exact du message qu’ils avaient
reçu et qu’ils étaient chargés de transmettre, mais il serait tout à fait
stupide de considérer ce message, tel qu’il nous est parvenu, comme un récit
incohérent. Il faut dépasser les apparences et tenter de décrypter ce qui est
encore en pleine obscurité.
    Pour cela, il est indispensable de lever une équivoque. Dans
la plupart des traditions, surtout la judéo-chrétienne, le déluge a été vu
comme un châtiment infligé par le créateur à ses créatures indignes. Or, à l’analyse,
cette vision est on ne peut plus superficielle, car elle ne tient aucun compte
des circonstances qui entourent cette catastrophe prétendue universelle. Le déluge
ne s’est pas déversé par hasard sur le monde : il est la conséquence de
faits antérieurs, qu’ils soient purement physiques (donc scientifiques) ou d’origine
métaphysique (donc incontrôlables). C’est cette cause qu’il convient de
rechercher. Car le déluge a eu nécessairement un avant .
    Sur cet avant , le texte de
la Genèse, toutes versions confondues, est plutôt vague et imprécis : « Et
c’est quand le Glébeux commence à se multiplier sur les faces de la glèbe, des
filles leur sont enfantées. Les fils des Élohîm [79] voient les filles du Glébeux : oui, elles sont bien. Ils se prennent des
femmes parmi toutes celles qu’ils ont choisies. […] Les Néphilîm sont sur terre
en ces jours et même après : quand les fils des Élohîm viennent vers les
filles du Glébeux, elles enfantent pour eux. Ce sont les héros de la pérennité,
les hommes du Nom [80] . » ( Gen. VI, 1-4, trad. Chouraqui .) Voilà qui provoque
bien des interrogations.
    Le texte de la Genèse, issu de traditions orales diverses et
parfois contradictoires, est confus. Mais il est inutile de l’édulcorer comme l’ont
fait les Pères de l’Église, en prétendant que les fils des Élohîm , qu’ils ont voulu être les « fils de
Dieu », sont les descendants de Seth. Il n’y a aucune justification à
cette interprétation, pas plus qu’à l’affirmation que les « filles des
hommes » sont de la lignée de Caïn. Cela témoigne seulement d’une
misogynie maladive, d’ailleurs bien caractéristique de ces théoriciens d’un
christianisme auquel ils ont imposé une doctrine sectaire complètement absente
du message évangélique. Il n’est pas douteux que, dans le récit biblique, l’expression
« fils des Élohîm » ou, si l’on préfère, « fils de Dieu », désigne
des entités spirituelles, donc des anges, capables de se matérialiser et d’engendrer
des êtres ambigus, participant de deux natures. Tout cela est à l’origine de la
croyance aux démons incubes. La légende

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