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Les révoltés de Dieu

Les révoltés de Dieu

Titel: Les révoltés de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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envahisseurs paraît anachronique puisque les Grecs, Achéens ou
Doriens, n’avaient pas encore occupé la péninsule hellénique et, a fortiori , ne pouvaient pas s’être déjà établis sur
l’emplacement futur d’Athènes. Quelque chose ne va pas dans la chronologie de
Platon, et si l’on admet qu’il relate un événement très ancien, on ne peut que
rajeunir celui-ci et le placer à la fin de l’âge du bronze, c’est-à-dire vers
900 avant notre ère, période qui a vu de grands bouleversements climatiques et
une montée brutale des eaux consécutive à un réchauffement de l’atmosphère
terrestre.
    Il faut bien se rendre compte que les informations de Platon
proviennent d’une série de transmissions plus ou moins hasardeuses : d’abord
le prêtre de Saïs, interlocuteur de Solon, qui parle d’après des livres anciens , puis Solon l’Athénien qui laisse
des manuscrits sur ce sujet, manuscrits légués à sa famille, lus et interprétés
par Critias, un siècle plus tard, qui s’exprime devant Socrate, et dont les
paroles sont transcrites par Platon. Cela fait beaucoup d’intermédiaires, avec
tous les risques de déviances ou d’incompréhensions que cela comporte.
    D’ailleurs, Platon, qui n’est absolument pas dupe de ce qu’il
raconte, avertit honnêtement ses lecteurs des altérations inconscientes ou
volontaires qui auraient pu se glisser dans le récit. C’est encore Critias qui
est censé parler : « Je dois vous prévenir qu’il ne faut pas vous
étonner de m’entendre souvent donner des noms grecs à des barbares : en
voici la raison. Lorsque Solon songeait à faire passer ce récit dans ses poèmes,
il s’enquit de la valeur des noms, et il trouva que les Égyptiens, qui les
premiers écrivirent cette histoire, avaient traduit le sens de ces noms dans
leur propre idiome. À son tour, il ne s’attacha aussi qu’à ce sens, et le
transporta dans notre langue. Ces manuscrits de Solon étaient chez mon père. Je
les garde encore chez moi et je les ai beaucoup étudiés durant mon enfance. Ne
soyez donc pas surpris de m’entendre moi-même employer des noms grecs. Vous en
savez la raison » (Platon, Critias ). Et
la transposition a fatalement joué sur bien d’autres détails que les noms. Il
faut en tenir compte si l’on veut essayer de comprendre la mystérieuse histoire
de l’Atlantide. Jusqu’à présent, on a voulu présenter cette Atlantide comme un
pays doté d’une architecture sophistiquée, dans un cadre de civilisation qui
ressemble fort à celui de la Grèce classique. En aucun cas il ne faut oublier
que le texte de Platon est à la portée des Athéniens du IV e  siècle avant notre ère, et que ceux-ci se
moquaient éperdument de toute reconstitution historique de faits qui s’étaient
déroulés en des siècles et même en des millénaires auparavant.
    Critias se lance dans une longue description de l’île Atlantide :
« Nous avons déjà dit que, lorsque les dieux se partagèrent la terre, chacun
d’eux eut pour part une contrée, grande ou petite, dans laquelle il établit des
temples et des sacrifices en son honneur [105] . L’Atlantide échut donc
à Poséidon. Il plaça dans une partie de cette île des enfants qu’il avait eus d’une
mortelle. »
    C’est donc, selon Platon, Poséidon qui est le fondateur de l’Atlantide.
Que recouvre exactement le nom grec de Poséidon ? Dans la tradition
hellénique la plus ancienne, Poséidon – assimilé ensuite avec le Latin Neptune,
dont le nom se réfère à la même racine indo-européenne qui a donné navis (bateau) et nauta (matelot) – est le dieu
des frémissements du sol , autrement dit des tremblements de terre, des
tempêtes et des raz de marée. C’est peu à peu qu’il a pris la place de Nérée
pour devenir lui-même le dieu de la mer, surtout de la mer déchaînée. Tout au
cours de son périple tourmenté sur la Méditerranée, Ulysse en sait quelque
chose. On verra que ce patronage de Poséidon – ou d’un dieu indigène inconnu
qui se cache derrière lui – justifie la catastrophe qui détruira l’île
Atlantide en un seul jour et en une seule nuit.
    Critias n’est pas avare de détails, à la fois sur la
fondation du « royaume » de l’Atlantide et sur la configuration du
terrain : « C’était une plaine située près de la mer et, vers le
milieu de l’île, la plus fertile des plaines. À cinquante stades [106] plus loin, et toujours vers le milieu de

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