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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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étant si bref, mais, poursuivit-il
d’une voix où il laissa paraître quelque émeuvement, je serais assurément très
heureux si mes petits-enfants étaient fils et filles de baron. Ce serait une
grande satisfaction pour moi et, pour eux, un immense avantage de naître dans
un rang qui est si haut dans le royaume.
    — Monsieur, dis-je, ce sera à vos talents et au labeur
de toute une vie que vos petits-enfants devront cet avancement. Peux-je ajouter
une suggestion ? Si Monsieur de Saint-Clair reçoit en gratification une
somme de cent vingt mille livres, ne vous semble-t-il pas que vous devriez
hausser jusqu’à parité la dot que vous comptez donner à votre fille ?
    — Monsieur le Comte, dit alors Monsieur de Peyrolles
avec un sourire enjoué, permettez-moi de vous dire que vous
m’émerveillez ! Tout grand seigneur que vous soyez, vous savez le latin et
quand on en vient aux pécunes, vous barguignez comme un bourgeois.
    Je ris à gueule bec à cette petite gausserie que le bonhomme
m’avait servie à la franche marguerite et qui était mi-malice, mi-compliment.
    — C’est que mon sang n’est pas tout à fait bleu, dis-je
riant. Il y coule encore une petite rivière de sang bourgeois qui me vient de
mon arrière-grand-père paternel [34] . Et j’espère bien la
garder et la transmettre, vive, à mes enfants. Car d’elle me viennent quelques
qualités, dont celle que vous venez de me reconnaître.
    Je vis bien que cette petite confidence, pour rieuse qu’elle
fût, nous rapprocha, Monsieur de Peyrolles et moi, plus que tous les
compliments du monde. Et voyant que diminuait entre nous cette distance qui se
creuse à l’accoutumée entre les deux noblesses, je décidai de m’ouvrir à lui
davantage.
    — Monsieur, dis-je, soyez bien assuré que dès mon
retour à la Cour, je n’épargnerai pas mes peines auprès de Sa Majesté pour que
la promesse faite au père soit accomplie en faveur du fils. J’ai conçu pour
Monsieur de Saint-Clair, le voyant à l’œuvre depuis trois ans en mon domaine,
une extraordinaire estime et rien ne m’agréerait davantage que de le voir se
fixer céans en prenant femme, Monsieur, dans une famille aussi honorable que la
vôtre et si proche d’Orbieu. Si cette union se fait, je compte donner à
Monsieur de Saint-Clair la jouissance du manoir occupé jadis par Rapinaud, afin
que votre fille se sente seule maîtresse en son logis au cas où moi-même je me
marierais.
    Comme je m’y attendais, Monsieur de Peyrolles parut fort
touché par cette offre, bien qu’il ne le laissât pas trop paraître. Et d’autant
plus que le manoir de Rapinaud se trouvait, en fait, si près de sa
gentilhommière qu’il n’y avait pas plus d’un quart d’heure de marche de l’une à
l’autre.
    Homme rompu, comme il l’était, aux nuances du langage,
Monsieur de Peyrolles réussit à mettre dans ses remerciements, en même temps
que de la chaleur, un certain degré de réserve, pour la raison qu’il ne voulait
pas me donner à croire que l’accord allait d’ores en avant de soi, alors qu’il
n’était encore que conditionnel. Après quoi, nous convînmes de mettre Monsieur
de Saint-Clair au courant de ma démarche auprès du roi, puisqu’il y fallait de
force forcée son assentiment, mais sans lui donner trop d’espoir, à seule fin
qu’il ne fût pas trop cruellement déçu si ma requête échouait.
    Dès qu’il nous vit revenir de mon cabinet, Monsieur de
Saint-Clair ne put s’empêcher de me jeter un regard interrogateur, auquel il va
sans dire que je ne répondis pas, gardant un air impénétrable. Laurena de
Peyrolles montra plus de force d’âme que lui. À notre entrée, elle garda les
paupières sagement baissées sur son vertugadin. Il est vrai qu’avec ses beaux
yeux azuréens, son joli minois et son inimitable grâce, elle disposait de
beaucoup d’armes pour amener son père à lui dire, un peu plus tard, tout ce
qu’il en était.

 
CHAPITRE XI
    La chose se fit beaucoup plus promptement que je ne l’eusse
osé imaginer et ce fut fort heureux pour Saint-Clair que cela se passât ainsi
car deux semaines plus tard, les affaires d’Allemagne prirent à la Cour et au
Conseil une telle importance que je n’eusse pas pu en parler au roi, tant il se
faisait un souci à ses ongles ronger.
    Le lendemain de mon retour à Paris, je présentais au roi la
requête de Saint-Clair à l’issue du Conseil et lui montrai la lettre que notre
Henri avait écrite au

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