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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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soulevait alors et aussi, je suppose, par quelque petit diable en moi
qui ne sommeillait qu’à demi, je la baisai au cou en promenant mes mains,
quoique légèrement, sur sa personne. Ce faisant, comme elle protestait un
petit, je jouai les chattemites et je lui voulus faire honte de l’indiscrétion
qu’elle venait de commettre et dont, arguai-je, je la punissais.
    Mais, je l’ai dit, elle était bon bec et, en un tournemain,
je reçus d’elle mon paquet.
    — Dame de céans est maîtresse en son logis. Si je
n’avais pas écouté à la porte, je ne serais pas la première femme au monde à
vous appeler « Monsieur le Comte », ce dont je me paonne fort. Mais
vous, Monsieur le Comte, qui êtes maintenant si haut dans l’ordre de la
noblesse, n’avez-vous pas quelque vergogne à me faire la morale tout en me
pastissant ? À votre sentiment, quel est le plus vilain ? Mettre
l’oreille à une serrure qui, après tout, étant en ma maison, m’appartient, ou
mettre la main sur un tétin que le mariage ne vous a pas donné ?
    C’était bien tourné, mais il me sembla, à lire ses yeux
rieurs, qu’elle me disait cela sans sévérité excessive, et davantage pour
m’empêcher de pousser plus loin mon audace que pour me reprocher de m’être
avancé jusque-là.
     
    *
    * *
     
    Le lendemain, j’allai trouver Bassompierre et après lui
avoir fait quelques plaintes de ce qu’il m’eût plongé dans les affres par sa
damnable gausserie, je lui demandai l’adresse de la comtesse d’Orbieu, laquelle
il me bailla incontinent avec tant d’excuses pour le méchant tour qu’il m’avait
joué que je cessai à l’instant de lui en garder mauvaise dent. « Pour se
racheter », dit-il, il voulut me bailler à force forcée une superbe bague
et y mit tant d’insistance qu’à la fin, j’acceptai. Et « pour me
dérider », il me dit ce qu’il en était de Tronçon.
    — Vous n’ignorez pas, me dit-il, que ce Tronçon qui est
plus grossier et paonnant que pas un fils de bonne mère en France, se gonfle
comme grenouille et se prend pour le roi lui-même depuis qu’il est son
secrétaire et qu’il porte ses grâces et ses disgrâces. Mais ce que vous ne
savez pas, c’est qu’il osa, dans sa neuve et damnable arrogance, donner le bel
œil à la maréchale de Vitry, laquelle, de son côté, se prend quasiment pour une
princesse royale depuis qu’Henri IV, jadis, lui bailla trente mille livres
pour acheter ses faveurs. La dame, en bref, se trouva fort offensée en son rang
par ces œillades roturières et s’en alla déverser un torrent de plaintes dans
l’oreille de Vitry, lequel, pour avoir la paix, dépêcha trois de ses soldats
bastonner l’impudent. Mais ces soudards, ayant toqué le malheureux un peu plus
qu’il n’eût fallu, le portèrent, pris de vergogne, à L’Auberge des Deux
Pigeons, où depuis, il se cache et se soigne, craignant le ridicule de la
Cour et les questions de son épouse.
    La comtesse d’Orbieu, à qui je dépêchai le jour même mon
petit vas-y-dire, m’invita à la venir visiter le lendemain sur le coup de midi,
mais quand je me présentai, elle se fit excuser de ne me point recevoir, étant
au lit, et me recommanda de traiter toutes affaires la concernant avec son maggiordomo, lequel, de toutes manières, les connaissait beaucoup mieux qu’elle.
    Le message était verbal et ce fut le maggiordomo qui
le délivra, beau cavalier portant l’épée au côté, ce qui me donna à penser
qu’il était un cadet de bonne maison, réduit, par défaut de pécunes, à cet
emploi. Et en effet, il me dit s’appeler Henri de Saint-Clair, et clair, il
l’était dans son apparence, dans sa parole, dans son sentiment, et dans ses
opinions, parlant de toutes choses à la franche marguerite.
    Ayant pris place, je crus bon de m’inquiéter de la santé de
la comtesse, puisqu’elle était au lit. À quoi Saint-Clair ne fit que rire.
    — Souffrante, Madame la Comtesse ? Elle se porte
comme un charme et ne souffre pas d’autre intempérie que d’une incurable
indolence qui la mène de son lit à sa table et de sa table à son lit… Monsieur
le Chevalier, poursuivit-il, dès lors que j’appris vos intentions et votre
visite, j’ai préparé deux lettres missives, l’une à l’intendant Rapinaud pour
qu’il vous permette de visiter le château et l’autre au curé d’Orbieu, car
Orbieu est aussi un village, lequel est inclus dans la châtellenie.
    — Mais, Monsieur,

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