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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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oreilles.
    — Sont-elles assez longues, dis-je en souriant, pour
avoir ouï que Richelieu est en bonne voie d’être nommé cardinal par le
pape ?
    — Ah ! cela, vous me l’apprenez, dit Bassompierre
en levant le sourcil. Voilà qui est du plus grand intérêt ! Et d’autant
que le cardinal de Retz est quasi au grabat.
    — Je l’ai ouï dire.
    — Et qu’il va laisser une place vide au Conseil des
affaires. Laquelle Richelieu pourrait être appelé à remplir.
    — Malheureusement, dis-je, je doute que Louis l’y appelle.
    — Pourquoi ? Méconnaît-il l’infinie sagacité de
l’évêque de Luçon ?
    — Il ne la reconnaît que trop. Dès lors que Richelieu
mettrait le bout du pied dans le Conseil, Louis craindrait d’être gouverné par
lui.
    — Et maintenant, dit Bassompierre après un instant de
silence, si l’on parlait un peu de moi ?
    — De vous, Comte ? dis-je en souriant.
    — De moi, mon ami, ne suis-je pas un sujet
intéressant ? N’ai-je pas quelques mérites ?
    — Oh ! on en ferait un livre que je le voudrais
signer ! dis-je en le saluant.
    — Savez-vous que lorsque le duc de La Force a troqué
Sainte-Foix-la-Grande contre le maréchalat de France, Condé m’a fait remarquer
que ce rebelle avait été davantage récompensé pour sa rébellion que moi pour
mes services.
    — Preuve, dis-je, que même les méchants disent parfois
la vérité.
    — Savez-vous que ce propos de Condé a été répété hier
au roi par Blainville ?
    — Je le sais.
    — Et le roi est resté là-dessus bouche cousue…
    — Pas tout à fait. Louis n’a pas persisté dans son mutisme
après le partement de Blainville.
    — Et qu’a-t-il dit ?
    J’envisageai alors Bassompierre d’un air mi-figue,
mi-raisin.
    — Je ne sais si je ne vais pas me taire, dis-je, ne
serait-ce que pour me revancher de la chatonie que vous m’avez faite jadis en me
faisant croire que le roi voulait me marier avec la comtesse d’Orbieu…
    — Dans ce cas, ma dignité me défend d’insister, dit
Bassompierre d’un air roide en se levant.
    — Et mon amitié me commande de ne rien vous cacher,
dis-je aussitôt. De grâce, asseyez-vous ! Et versez-vous une rasade de ce
bon vin de Frontignan. Et trinquons ! L’occasion en est bonne. Dès la fin
de la présente campagne, je serai, selon le protocole, dans l’obligation de
vous donner de l’Excellence et le roi vous appellera « mon cousin » [50] .
     
    *
    * *
     
    Le roi se remit dès qu’on eut quitté Béziers et, à Pézenas,
il allait tout à fait bien. Il eut alors une idée fort bonne que ne lui souffla
personne, ni son Conseil, ni Condé, ni son chef d’armée. Il imagina de prendre
une à une les petites places qui entouraient Montpellier : Mauguio, Lunel
et Sommières, isolant ainsi la place forte huguenote des secours éventuels. Il
fit mieux, et poussant jusqu’à Aigues-Mortes que tenait le duc de Châtillon, il
traita avec lui, troquant la ville contre un maréchalat. Cela donna quelque
déplaisir à Bassompierre qui trouvait qu’on donnait trop de maréchalats aux
rebelles huguenots, mais je pris occasion de lui dire que le roi n’emploierait
jamais sur le terrain ces maréchaux-là, qui n’étaient en vrai que de nom et de
parade, Louis n’ayant guère fiance en leur loyalisme. Enfin, comme nous
touchions aux murs de Montpellier, Lesdiguières descendit sur nous de son
Dauphiné, comme le deus ex machina, catholique frais émoulu, mais vieux
général de quatre-vingts ans qui, au cours de sa longue carrière, n’avait
jamais connu de défaite. Il reçut du roi l’épée de connétable et l’armée
respira. Mais le soulagement fut hélas de courte durée, car aussi stupidement
que Luynes devant Montauban, Condé ne voulut jamais obéir aux ordres du nouveau
connétable, et Lesdiguières, trop sage pour entrer en lutte avec le premier
prince du sang, retourna en son Dauphiné pour y quérir des renforts.
    Cela se fit si vite que Louis n’eut pas le temps de réagir.
Il faut dire ici que Louis était aussi lent dans ses décisions concernant les
personnes qu’il était prompt à courir sus à l’ennemi. Fort consciencieux,
possédé par un grand souci d’équité, il pesait longuement le pour et le contre
et ne se décidait qu’après mûres considérations. Toutefois, la décision prise,
il était adamant dans son application. Touchant Condé, il lui fallait trouver
une solution qui écartât le général tout en

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