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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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à rentrer et les
établit à La Flèche, où ils fondèrent un collège qui forma désormais les
officiers de son armée. Mais le trop fameux collège de Clermont à Paris, où le
jeune Châtel avait été si astucieusement formé à son dessein, devait, d’ordre
du roi, demeurer fermé.
    Que ce fût du haut du ciel où du fond des Enfers, selon le
jugement que l’on portait sur son acte, le jeune Châtel dut bien s’étonner que
seize ans après sa mort, le pape et Henri IV en vinssent, par personne
interposée, quasiment aux prises à son sujet. La scène se passa en janvier
1610, cinq mois avant que notre Henri tombât sous les coups de Ravaillac. Le
roi préparait alors de puissantes armées contre les Habsbourg d’Espagne,
d’Autriche et des Pays-Bas, toutes nations catholiques, contre lesquelles le
roi de France recherchait l’alliance des pays protestants. Cette politique
alarmait fort le pape qui adressa à Henri une mise en garde beaucoup plus
redoutable par ses implications que par sa signification littérale.
    Sa Sainteté publia, en effet, un édit aux termes duquel une
condamnation sans appel était prononcée contre l’ Histoire Universelle du
président de Thou. Ce qui n’avait rien d’étonnant, étant donné les sympathies
protestantes de l’auteur. Mais ce qui, en revanche, étonna davantage, c’est
qu’à la suite venaient deux autres condamnations. L’une d’elles visait le
réquisitoire d’Antoine Arnauld contre les Jésuites. La troisième et
dernière – in cauda venenum [12]  ! –
condamnait la condamnation à mort de Jean Châtel.
    L’émoi en France fut grand et le tollé, général. Le
Parlement surtout jeta feu et flammes. Gallican en majorité et souffrant mal
les empiétements du pouvoir pontifical en France, il se trouva excessivement
indigné que le Vatican ait pu supprimer le jugement que le Parlement français,
siégeant souverainement, avait prononcé contre un régicide. Que voulait le
Saint-Siège ? Ressusciter Jean Châtel et lui redonner son couteau ?
Rassemblé en urgence, le Parlement de Paris, en son ire, déclara ledit du
Saint-Père entaché d’abus et ordonna qu’il fût brûlé.
    Henri interdit le bûcher, mais convoqua le nonce Ubaldini et
lui parla avec les grosses dents : l’absolution de Châtel n’était rien
d’autre qu’un appel à de nouveaux meurtres contre sa personne ! Il exigea
que le pape révoquât son édit. Mais comment le pouvait-il ? s’exclama le
nonce en levant en l’air ses petites mains potelées, alors que parlant au nom
du Seigneur, le Saint-Père ne saurait se tromper ?
    Le Saint-Siège fit preuve en l’occurrence de sa légendaire
subtilité. Il rédigea un second édit où se trouva maintenue la condamnation de
l’ Histoire Universelle du président de Thou, mais sans que fussent
mentionnés le réquisitoire d’Arnauld contre les Jésuites et la condamnation à
mort de Jean Châtel… Ce silence n’était qu’une demi-concession, puisque l’édit
précédent n’était pas révoqué, et mon père, lorsque je lui en parlai, refusa
tout à plein d’être dupe : « Seul, dit-il, le premier mouvement du
Saint-Siège sera réputé le bon. Son “repentir” sera mis sur le compte de la
diplomatie. La menace sur la vie du roi demeure donc entière. »
    Hélas, il ne se trompait pas ! Encore que la
participation des Jésuites dans l’attentement de Ravaillac ne fût pas prouvée,
les Jésuites n’étant pas les seuls à tâcher dans l’ombre de transformer des
esprits détraqués en instruments dociles et sanguinaires.
    Assurément, ce onze février 1618, l’enjeu était infiniment
moins dramatique, puisqu’il s’agissait de décider si les Jésuites, de longue
date réinstallés dans les provinces françaises, et y ayant ouvert des écoles
très prospères, allaient pouvoir rouvrir le Collège de Clermont à Paris. Mais
le seul nom des Jésuites, chez presque tous les Français, faisait naître des
passions tumultueuses soit en faveur de l’illustre compagnie, soit en sa
défaveur.
    La Sorbonne la détestait, parce qu’elle violait le privilège
de l’Université, et ouvrait partout des écoles, qui étaient d’ailleurs bien
meilleures que les siennes, pour la raison qu’elles pratiquaient des méthodes
plus neuves. Les curés leur gardaient une fort mauvaise dent de ce qu’ils
captaient les plus riches pénitents par des confessions complaisantes qui leur
valaient dons et legs. Les évêques

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