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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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faudra donc chanter, plaisantai-je.
    Nous suivîmes un sentier boueux longeant un
fossé et parvînmes à la Wiire qui était en crue. Le gué était impraticable et
la pluie redoublait. Une haute colline s’élevait sur la rive d’en face, et les
nuages étaient assez bas pour frôler les arbres du sommet.
    — Nous ne passerons jamais ici, dit
Ragnar.
    Toujours attaché à sa selle et trempé jusqu’aux
os, le père Beocca frissonnait. Les cavaliers contemplaient la rivière qui
menaçait de déborder, mais Steapa, chevauchant un énorme étalon noir, poussa un
grognement et fit descendre son cheval jusqu’à l’eau. L’animal se cabra dans le
puissant courant, et Steapa le força à avancer. L’eau bouillonnait à hauteur de
ses étriers. Il se retourna et me fit signe de le rejoindre.
    Son idée était que les plus grands chevaux
fassent un barrage contre le courant. J’allai me placer à côté de Steapa, puis
d’autres nous suivirent, formant une muraille qui traversait la Wiire, large à
cet endroit d’une quarantaine de coudées. Nous avions seulement besoin de la
barrer au milieu, là où le courant était le plus fort, et quand nous eûmes
placé ainsi une centaine d’hommes retenant leurs chevaux, Ragnar fit traverser
les autres grâce à cette digue improvisée. Le pauvre Beocca était terrifié, mais
Gisela s’empara de ses rênes et éperonna sa jument dans l’eau. Je n’osai
regarder. Si sa bête était emportée, la lourde cotte l’entraînerait au fond, mais
Beocca et elle atteignirent sains et saufs l’autre rive, et deux par deux, tous
suivirent. Une femme et un guerrier furent emportés, mais ils parvinrent à
reprendre pied un peu plus loin. Dès que les plus petits chevaux eurent
traversé, nous défîmes notre digue et traversâmes à notre tour.
    Il faisait déjà sombre. Nous n’étions qu’en
milieu d’après-midi, mais les nuages étaient épais. C’était une affreuse
journée humide et noire, et nous devions désormais gravir la pente escarpée
entre les arbres ruisselants. Par endroits, elle était si abrupte que nous
dûmes démonter et mener nos chevaux à pied. Une fois au sommet, nous obliquâmes
au nord et je pus voir Dunholm entre les nuages. La forteresse se dressait
comme une tache sombre sur son rocher. Au-dessus s’élevaient les fumées des
feux de garnison. Mais nous étions dans les arbres et nos cottes de mailles
étaient souillées de boue. Même s’ils nous apercevaient, les guetteurs ne
pourraient nous prendre pour des ennemis. Pour eux, aux dernières nouvelles, Guthred
et ses troupes désespérées chevauchaient vers l’ouest, cherchant un gué sur la
Wiire, alors que nous étions maintenant à l’est de la forteresse.
    Sihtric continuait de nous guider. Nous
descendîmes la colline, invisibles depuis la forteresse, puis nous entrâmes
dans une vallée où coulait un torrent. Nous le traversâmes sans peine, remontâmes,
passant devant de misérables masures d’où nous lorgnaient de pauvres gens
effrayés. C’étaient les esclaves de Kjartan, m’apprit Sihtric, chargés d’élever
les porcs, couper le bois et travailler la terre.
    Nos chevaux fatiguaient. Ils avaient dû forcer
sur un sol mou, chargés d’hommes en maille et de boucliers, mais notre voyage
arrivait presque à son terme. Peu importait maintenant que la garnison nous
voie, car nous étions sur la colline où se dressait Dunholm. Nul ne pouvait
désormais quitter Dunholm sans nous affronter. Si Kjartan avait envoyé des
hommes à l’ouest à notre recherche, il ne pouvait en revanche plus envoyer de
messager les rappeler, car nous gardions à présent l’unique route menant à son
repaire.
    C’est ainsi que nous parvînmes à l’endroit où
la crête s’abaissait légèrement et où la route tournait au sud avant de monter
vers l’énorme porte. Nous nous arrêtâmes et nos chevaux se dispersèrent un peu
plus haut. Pour les hommes de Dunholm, nous devions avoir l’air d’une sombre
armée. Nous étions couverts de boue, hommes et bêtes, mais ils pouvaient voir
nos lances, épées et boucliers. Ils devaient dès lors savoir que nous étions
des ennemis, que nous avions coupé leur unique route, et devaient se gausser de
nous. Nous étions si peu nombreux, et leur forteresse si haute et si bien
protégée. La pluie continuait de tomber et les nuages lourds s’amoncelaient, quand
un éclair les déchira dans un roulement de tonnerre.
    Nous mîmes nos chevaux au

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