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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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tenaille. Steapa sauta de selle pour
poursuivre le dernier dans les taillis. Je vis sa hache s’élever et retomber, puis
j’entendis un cri interminable. Steapa éternua, la hache retomba de nouveau et
ce fut le silence.
    — As-tu pris froid ? lui demandai-je.
    — Non, seigneur, dit-il en sortant du
taillis, traînant le corps derrière lui. Sa puanteur m’est montée au nez.
    Désormais, Kjartan était aveugle. Il l’ignorait
encore, mais il avait perdu ses éclaireurs ; et à peine les neuf hommes
abattus, nous sonnâmes du cor pour rappeler Guthred. En l’attendant, nous
dépouillâmes les cadavres et prîmes chevaux, bracelets, armes, quelques pièces,
du pain humide et deux fiasques d’ale de bouleau. L’un d’eux portait une belle
cotte de mailles, si fine qu’elle devait être de Frankie, mais l’homme était
maigre et elle n’alla à aucun de nous. Ce fut finalement Gisela qui la prit.
    — Tu n’as nul besoin de cela, lui dit son
frère.
    Elle l’ignora. Elle semblait étonnée qu’une cotte
si fine puise tant peser ; mais elle l’enfila, ceignit une épée, rejeta
ses cheveux en arrière et revêtit sa cape noire.
    — Alors ? le défia-t-elle.
    — Tu m’effraies, lui dit-il avec un
sourire.
    — Tant mieux, répondit-elle, remontant
difficilement en selle à cause du poids de la cotte.
    — Elle te sied, lui dis-je.
    C’était vrai. Elle avait l’air d’une Walkyrie,
ces vierges guerrières, filles d’Odin, qui parcouraient le ciel dans leur
armure étincelante.
    Nous prîmes à l’est en pressant l’allure. Nous
nous frayâmes un chemin parmi les arbres, évitant les branches, et descendîmes
la colline en suivant un torrent gonflé par les pluies. Au début de l’après-midi,
nous étions proches de Dunholm, sans doute à trois lieues. Sihtric nous guidait
désormais, car il connaissait un endroit où nous pouvions passer la rivière. La
Wiire, nous dit-il, tournait au sud après Dunholm, s’élargissait en traversant
les pâturages, et il y avait des gués dans ces vallées. Il connaissait bien la
région, car les parents de sa mère y vivaient, et enfant il avait souvent mené
les troupeaux. Mieux encore, ces gués se trouvaient sur le flanc est de Dunholm,
celui que Kjartan ne garderait point. Il restait le risque que la pluie, qui
avait repris dans l’après-midi, gonfle la Wiire et rende les gués impraticables.
    Mais au moins la pluie nous dissimula-t-elle
pendant que nous quittions les collines et entrions dans la vallée. Nous étions
à présent très proches de Dunholm qui se dressait au nord, mais cachés par une
éminence boisée, au pied de laquelle étaient blotties quelques maisons.
    — Hocchale, m’annonça Sihtric. C’est là
qu’est née ma mère.
    — Tes grands-parents y vivent encore ?
    — Kjartan les a fait tuer quand il a jeté
ma mère aux chiens, seigneur.
    — Combien en a-t-il ?
    — Une cinquantaine quand j’étais là, seigneur.
Énormes, et n’obéissant qu’à Kjartan et ses louvetiers. Et à la dame Thyra.
    — Ils lui obéissaient ? m’étonnai-je.
    — Mon père voulut un jour la punir et
lâcha les chiens sur elle. Je ne crois pas qu’il voulait qu’ils la dévorent, seulement
l’effrayer, mais elle a chanté pour eux.
    — Chanté pour eux ? répéta Ragnar.
    Il avait à peine parlé de Thyra au cours des
dernières semaines – comme s’il se sentait coupable de l’avoir laissée si
longtemps captive de Kjartan. Je savais qu’il avait essayé de la retrouver, au
début ; il avait même interrogé Kjartan, un jour qu’un autre Dane avait
arrangé une trêve entre eux, mais Kjartan avait nié sa présence à Dunholm. Après
cela, Ragnar avait rejoint la Grande Armée qui avait envahi le Wessex et il
était devenu otage. Et pendant tout ce temps, Thyra était prisonnière de
Kjartan.
    — Elle a chanté pour eux, confirma
Sihtric, et ils se sont couchés. Mon père était furieux. (Ragnar fronça les
sourcils, se demandant s’il devait croire cette histoire.) On la dit sorcière, seigneur,
expliqua humblement Sihtric.
    — Thyra n’est point sorcière, s’emporta
Ragnar. Elle n’a jamais voulu que se marier et avoir des enfants.
    — Mais elle a charmé les chiens, insista
Sihtric, et ils se sont couchés.
    — Ils ne le feront point en nous voyant, dis-je.
Kjartan les lâchera sur nous dès qu’il nous apercevra.
    — En vérité, seigneur, répondit Sihtric
avec inquiétude.
    — Il nous

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