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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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trois mois que nous faisons l’amour et que tu n’as pas tes menstrues.
    Nous vivons sous le même toit, fût-il de toile. À moins d’être aveugle ou distrait…
    — Et c’est tout l’effet que cela te fait ?
    — J’attendais que tu m’en parles. Je ne voulais rien brusquer.
    Mary était abasourdie.
    — Je ne comprends pas. Tu devrais être furieux, dépité, ennuyé, que saisie…
    — Heureux ? s’amusa-t-il encore, le regard empli de tendresse.
    Mary s’immobilisa.
    — Heureux ?
    — Heureux ! Je crois bien que je suis fou de toi, Mary Read, lâcha Niklaus Olgersen en souriant. Et il n’est pas question pour moi de laisser cet enfant sans un père.
    — Mais je ne veux pas t’épouser, objecta Mary.
    Niklaus prévoyait cette réaction. Mary avait bien assez insisté sur cette liberté qui lui collait à l’épée, ce désir de ne dépendre de personne jamais, d’œuvrer à la réussite de son projet, de se faire un nom et une fortune, pour renier la misère de sa mère. Il eût pu empêcher cette grossesse s’il l’avait voulu. Il savait se retirer avant de jouir, s’interdisant jusque-là de laisser des bâtards au ventre des catins. S’il ne l’avait pas fait, c’était par amour pour elle. Pour la contraindre malgré elle à cette vie qu’elle refusait.
    — Tu n’as pas le choix, déclara Niklaus. Pense à Cecily.
    — Laisse ma mère en dehors de notre affaire, grinça Mary, regrettant soudain de lui avoir raconté les déboires de celle-ci. Je tiens à toi, Niklaus, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’à cause de cet enfant je doive renoncer à mes projets.
    — Qui te parle d’y renoncer, Mary ? Tu n’as cessé, depuis que nous nous connaissons, de m’entretenir de ce trésor miraculeux qui te donnerait enfin fortune et pouvoir. Moi aussi il m’inspire. Mais trois années ont passé depuis que tu as quitté la France et il se peut très bien qu’il ait été retrouvé et dépensé. Même si tu possèdes cet œil de jade qui en est une des clés. Je suis prêt à te suivre jusqu’aux Indes occidentales pour le vérifier, voire à traquer tes ennemis pour le leur dérober si besoin était. J’aime assez l’aventure pour cela et ne pourrais sincèrement me résigner à ce métier de notaire auquel je suis destiné.
    Il l’enlaça. Mary sentait peu à peu sa résistance fondre. Niklaus glissa ses lèvres dans ses cheveux, juste au-dessus de son oreille.
    — Tu as attendu trois ans, Mary Read, et ce qui devait être a certainement été. Ne pourrais-tu encore attendre, jusqu’à ce que mon fils soit né et assez gaillard pour embarquer à nos côtés ?
    — Et de quoi vivrons-nous ? objecta-t-elle.
    — Je ne suis pas sans fortune, lui rappela Niklaus, et je pourrais très bien assurer ton avenir jusqu’à ce que l’on soit prêts. Je ne veux pas que tu sois montrée du doigt comme une putain qu’un soldat aurait engrossée. Tu sais que j’ai raison, Mary. Ton orgueil autant que le mien en souffriraient.
    — Et si je perds l’enfant ? objecta encore Mary. Si je le perds après t’avoir épousé ?
    — Ce n’est pas grave. Je t’en ferai un autre pour te garder.
    Elle s’écarta de lui avec rudesse.
    — N’y compte pas !
    — Je plaisantais, affirma-t-il, moqueur. Epouse-moi, Mary Read. Tu n’auras pas à le regretter.
    — Je n’ai aucune envie de quitter les rangs pour l’instant, avança-t-elle encore.
    — Alors restes-y. Je n’ai pas non plus envie de me séparer de toi à peine épousée. Quand ta bedaine enflera trop, il sera toujours temps d’aviser. Mais sois consciente qu’au combat, avant longtemps, elle te semblera aussi lourde qu’un boulet.
    — Si je suis découverte, qu’arrivera-t-il ?
    — Tu seras arrêtée et jugée pour port illégal d’uniforme et usurpation de droit. Condamnée selon toute vraisemblance à la prison.
    — Malgré mes faits d’armes ?
    — Tu n’es qu’un simple soldat, Mary, pas un gradé. Devant un tribunal militaire, ce ne seront pas ta bravoure et ta détermination qui seront mises en avant, mais bien plutôt ton mensonge et ton habilité à en user. En cherchant un peu, on pourrait fort bien t’accuser aussi d’être un espion à la solde de l’ennemi.
    — Qui se battrait avec autant de véhémence ? Cela n’aurait pas de sens.
    — Notre régiment, notre armée même sont mis à mal depuis quelque temps. Nous pourrions parfaitement avoir un traître dans

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