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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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viendraient la salir. Sans le savoir, Tobias Read venait de le lui fournir. Elle ignorait s’il lui avait tout appris à propos de ce trésor et de ses surprenantes clés, mais était certaine d’une chose. Si Tobias Read avait apparemment le pouvoir et les relations nécessaires pour les retrouver autant que pour la réhabiliter à la cour, c’était avec Mary qu’elle comptait en partager le fruit. Or jamais Tobias Read n’accepterait d’associer son neveu à ce projet, il l’avait bien laissé entendre. Elle allait donc devoir ruser.
    Emma s’excita de cette perspective, tandis que, inconscient du machiavélique cheminement de pensée de sa maîtresse, Tobias Read poursuivait.
    — J’espérais, je l’avoue, que les complices de l’Homme en noir avaient mis la main sur Mary Oliver et récupéré l’œil de jade durant mon absence. D’où ma surprise à le découvrir chez vous ce soir. Il me sera facile de connaître le nom et la destination du navire sur lequel il s’est embarqué. Ce morveux n’ira pas loin.
    — Je n’en doute pas, mon cher, minauda Emma en lui coulant un œil brûlant.
    Le sang de Tobias s’enflamma, mêlant à son impatience d’en terminer avec son neveu le désir qu’il avait toujours ressenti pour elle. Il se leva pour l’attirer à lui et l’embrasser passionnément.
     
    *
     
    M ary s’éveilla en sursaut, une lame contre sa poitrine.
    — Tiens, tiens, tiens, le joli clandestin ! railla une voix dans un français si parfait qu’il lui fit répondre de même, instinctivement.
    — Ne me tuez pas, messire ! Je paierai ma course !
    Un rire éclata et gagna tout l’espace.
    Dans la lueur des lanternes, des hommes allaient et venaient, roulant les barriques, les tonneaux, les pièces de quatre, les pipes et les tierçons vers la planche qu’on avait inclinée du pont jusqu’à fond de cale pour les hisser à l’air libre. Les marins déchargeaient leur cargaison.
    — Bigre, s’amusa l’homme qui lui pointait le cœur, il beugle plus intelligiblement que ces chiens d’Anglais.
    — D’où viens-tu, petit ? s’adoucit un autre qui s’avançait à son tour dans la cale, l’arme dégoulinante de sang.
    Mary bredouilla d’instinct :
    — Je suis français, monsieur, au service de M me  de Mortefontaine et de mon roi.
    — Vraiment ? se moqua-t-il en écartant d’une main gantée de noir l’épée qui écorchait le gilet de Mary.
    — Je le puis jurer.
    — Sais-tu qui nous sommes ?
    — Des corsaires de Sa Majesté, répondit Mary sans hésiter, se félicitant des leçons que lui avait données Emma.
    — Eh bien, Levasseur, ce garçon me semble fort sensé.
    — De fait, mon capitaine. Mais le temps presse…
    Ils se détournèrent d’elle d’un bloc.
    — En effet. Activez le transbordement et chargez Monier et Benoît de placer la poudre.
    — Ne pouvons-nous le remorquer ? demanda Levasseur, visiblement ennuyé.
    — Il a trop souffert. Le vent fraîchit. Ce vaisseau nous mettrait en péril si, comme je le crois, le gros temps nous gagne.
    — Certes. Mais je répugne à perdre un navire, fût-il aussi endommagé que celui-ci.
    — Ce n’est pas vous qui le perdez ! C’est l’ennemi, rétorqua l’autre en lui tapotant l’épaule.
    — C’est exact, mon capitaine, obtempéra le dénommé Levasseur.
    Mary s’était redressée en vacillant sous le roulis, bien décidée à mettre à profit cette rencontre pour gagner la terre ferme en toute sécurité.
    — Capitaine, osa-t-elle comme ce dernier faisait mine d’emboîter le pas à Levasseur.
    L’homme se retourna, un sourire à ses lèvres fines.
    — Ramenez-moi en France. J’ai des informations de la plus haute importance à livrer à votre ministre, M. de Pontchartrain.
    Surpris un instant, le corsaire se laissa bientôt gagner par un éclat de rire. Ce jeunot lui plaisait, avec son comique ballant et sa détermination farouche imprimée sur son teint verdâtre de novice.
    — Rien que cela ! s’amusa-t-il, son hilarité calmée. Allons, viens ! Il me tarde d’entendre comment un espion aussi malhabile peut prétendre à tant d’honneur.
    Mary ne répondit pas. Elle était pressée de gagner l’air libre. Elle demanda pourtant, dans l’espoir d’ajouter encore à son crédit :
    — Pardonnez-moi, capitaine, mais seriez-vous Jean Bart ?
    Le corsaire fronça les sourcils.
    — Si j’avais été Jean Bart, mon garçon, tu serais décoré d’une

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