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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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assemblée, puisque tel était le but.
    — Si c’est une demande en mariage… répliqua Corneille sur un ton badin.
    — Cesse de te moquer, gronda gentiment Mary. Je sais bien que je suis impossible à aimer.
    — Pas tant que ça, dit-il en l’enlaçant, la laissant glousser sous ses baisers.
     
    Mais il comprit que son temps auprès d’elle, quoi qu’il fasse, serait compté.
     

17
     
     
    S e tenir droite, comme amidonnée, souriante, prompte à la révérence, parler peu mais écouter beaucoup, glousser à tel trait d’esprit, ne jamais élever la voix ni baisser les yeux, se contenir de tout pour que les regards glissent sur vous sans s’y arrêter, fut plus épuisant à Mary qu’une journée entière à manier l’épée.
    Elle ne garda, au lendemain de cette première soirée, que le souvenir de ses pieds gonflés d’avoir piétiné des heures.
    Au chuchotement de lord Melfort dans son oreille, le roi l’avait saluée, puis la reine à son tour, d’un imperceptible mouvement de tête qui avait tourné vers elle quelques visages.
    Elle était demeurée de marbre, fidèle aux recommandations de Corneille : « Voir sans être vraiment vue. De sorte que dans l’instant tu fasses partie de l’ensemble, qu’on ne puisse se rappeler à quelle date tu as pénétré ce monde, laissant plus sûrement l’idée que tu y es depuis toujours. » En somme, se fondre dans la masse pour mieux la respirer, la soupeser et l’utiliser.
    Corneille eut beau la féliciter chaleureusement cette nuit-là, tout en songeant combien le métier d’espionne était éreintant, ce fut le sourire de Cecily qui tournoya dans la salle de bal et lui donna ses premières lettres de noblesse. Cecily qu’elle ne voulait pas oublier. Cecily qui, elle en était certaine, devait applaudir à tout rompre et rire aux éclats de la voir ainsi parée.
    Utilisant les voitures qui, régulièrement dans la journée, faisaient la liaison entre Paris et Saint-Germain, Mary et Corneille purent aller et venir sans difficulté, elle en lady, lui en valet furetant pour glaner des informations. Le château de Saint-Germain surplombait la vallée de la Seine, et se trouvait encerclé de forêts giboyeuses par-delà ses jardins et la ville qui le prolongeait. Du fait de sa rénovation et de son agrandissement, il montrait une allure étonnante bien que gracieuse, et ressemblait davantage à un labyrinthe qu’à un palais. Mary pourtant s’y plaisait, découvrant un faste qu’elle n’avait fait jusque-là qu’imaginer.
    Huit journées durant elle se montra, se mêla à cette cour que le beau temps attirait dans les jardins. Elle y cherchait l’élégance d’un visage, s’instruisant sur les veufs et les célibataires, se rapprochant de ceux qui, sans lui plaire vraiment, ne la rebutaient pas. Ils avaient tous en commun le même défaut, ils étaient trop anglais. Les autres courtisans, proches de Marie de Modène et donc italiens, avaient une réputation de séducteurs dont il fallait se méfier. Prompts à aimer, ils promettaient beaucoup sans tenir jamais. Mary avait décidé de les écarter d’autorité. Ce qui ne les empêchait pas, attirés par sa beauté, de rechercher la compagnie qu’elle leur refusait.
     
    Au soir de cette huitaine, un messager vêtu de noir s’annonça devant le porche de Marguerite et demanda à parler à lady Readgemond en privé. Mary se présenta à lui. Il lui remit un pli cacheté qui contenait une sommation, celle de le suivre sans poser de questions. Seule. La signature du roi Jacques décida du choix de Mary malgré l’heure tardive. Il l’attendait à Saint-Germain. Elle referma sur ses épaules la capeline noire, informa Corneille de sa destination et précéda le valet dans le carrosse qui les attendait.
    La nuit était tombée lorsqu’ils franchirent le poste de garde. Mary pensait pénétrer dans le château de Saint-Germain, selon son habitude, par l’entrée principale. Mais l’homme gara la voiture, alluma une lanterne et l’entraîna côté sud. Il lui fit traverser la cour intérieure du bâtiment jusqu’à l’angle nord-est. Intriguée, elle le vit éclairer une galerie fermée par une grille au niveau du sol et l’inviter à l’y accompagner.
    Quelques minutes plus tard, ils débouchaient au cœur d’une tour, suivaient un long corridor pour arriver au pied d’un escalier. Parvenu en haut de celui-ci, le valet lui fit signe d’attendre dans une minuscule alcôve. Mary

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