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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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s’installa sur la banquette recouverte de tissu damassé qui s’y trouvait, dissimulée du vestibule par l’ombre d’une tenture qui la masquait. Le valet se posta à côté, aussi muet que durant le trajet.
    Une porte s’ouvrit enfin sur la droite et un personnage en sortit. Mary sentit un sang mauvais battre ses tempes.
    Tobias Read.
    Elle se plaqua davantage dans l’ombre. Il poursuivit son chemin sans la remarquer. Lorsqu’il eut disparu, empruntant le passage qui avait amené Mary, le valet lui désigna la porte. Instinctivement, Mary vérifia qu’à l’exemple d’Emma de Mortefontaine son poignard était toujours en place à sa jarretière et, réconfortée par la perspective qu’elle saurait se défendre si besoin était, en franchit le seuil.
    Elle se retrouva dans un cabinet particulier. Le roi lui faisait face, souriant, dans ses vêtements de nuit.
    — Entrez, milady, l’accueillit-il.
    Comme elle s’attardait dans une révérence qui avait, avec la pratique, cessé d’être maladroitement ridicule, il ajouta, affable :
    — Relevez-vous. Ici le protocole ne vaut plus. Cette entrevue est et restera secrète. Accepterez-vous un verre de vin ?
    — Avec plaisir, Votre Majesté.
    Il la servit et lui tendit un verre finement ciselé.
    — Je vous observe depuis quelques jours, chère enfant, et je n’ai découvert en vous que grâce, gentillesse et dévouement. Vous vous prétendez modestement sans éducation ni naissance, mais savez avec intelligence les faire oublier en vous intéressant à tout et à tous. Plus encore que ces vertus dont je vous félicite, votre honnêteté et votre désintéressement font de vous une personne rare et fort aimable.
    — Je vous en remercie, Sire, mais je n’ai fait que mon devoir, répondit-elle, touchée de ce respect auquel elle ne s’attendait pas.
    — Hélas ! chère amie, cette évidence a cessé de prévaloir chez bon nombre de mes sujets. Ils me sont fidèles, certes, car l’acceptation de leur exil est une preuve évidente de leur attachement, or, avec le temps et l’idée même d’un aléatoire retour triomphal, ils ont trouvé plus judicieux de faire passer leurs intérêts avant celui de l’Angleterre et donc le mien.
    Il la scrutait de son regard clair avec une telle sincérité et une telle gentillesse que Mary se sentit soudain honteuse de ses manigances.
    — Que puis-je, Sire, pour vous prouver mon attachement ? demanda-t-elle simplement.
    — Vous connaissez l’homme qui vous a précédée ici, bien sûr.
    Mary hocha la tête. N’avait-elle pas prétendu Tobias mêlé au complot visant à assassiner le roi Jacques ?
    — Je voudrais que vous le surveilliez de près, et me rapportiez le moindre de ses faits et gestes. Vous êtes futée, vive et intègre. C’est du moins ce que je crois, même si vous faites passer votre époux pour votre valet.
    — Comment ?…
    Elle se mordit la lèvre.
    — Lord Melfort vous a fait surveiller, évidemment. Oh ! n’y voyez aucune attaque personnelle, simple précaution de ma police pour prévenir d’éventuels troubles. Je sais aussi que votre époux est un des marins de l’équipage du corsaire français Claude de Forbin, et que c’est sur son bord que vous avez rallié la France.
    Jacques II marqua un moment de silence, scrutant le visage de Mary.
    — Si vous aviez été de ce complot pour m’assassiner, ce soir, vous l’auriez pu, n’est-ce pas ?
    — Je n’en suis pas, Sire, répondit-elle en souriant.
    Jacques II ne décela aucune malice sur ce visage que Mary n’avait pas eu le temps de farder ni de poudrer. Il la trouva charmante avec son nez retroussé, ses taches de son, son regard sombre et sa bouche gourmande.
    — Acceptez-vous votre mission ? demanda-t-il.
    — J’accepte la confiance dont vous m’honorez et je m’efforcerai de m’en montrer digne.
    Jacques II se leva, s’approcha d’un bureau et, lui tournant le dos, se pencha sur le biais de l’écritoire. Le crissement de la plume sur le papier dura quelques instants. Il revint vers elle et lui tendit le document sur lequel le cachet de cire finissait de sécher. Il lui glissa également une bourse de cuir rebondie.
    — Voici une lettre qui vous autorise à circuler à Saint-Germain, et une autre qui vous accorde la jouissance d’un petit hôtel particulier dans la ville, afin que vous soyez au plus près de votre cible. S’y ajoute ce pécule qui couvrira vos frais. Bien évidemment,

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