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Les voyages interdits

Les voyages interdits

Titel: Les voyages interdits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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dévié de cet est absolu, en
dérivant vers le nord ou vers le sud. Et c’est là que le kamàl pourra
vous aider.
    Mon père et mon oncle manifestèrent bruyamment leur
surprise et leur intérêt, et Arpad se prit la tête à deux mains, ne pouvant
supporter les bruits qu’ils émettaient.
    — Les Arabes sont certes des infidèles,
poursuivit-il, indignes de respect et d’admiration, mais ce sont eux qui ont
mis au point cet utile appareil. Ici, vous en aurez souvent besoin, jeune
monsieur Marco, aussi vais-je vous montrer comment vous en servir. Ce soir,
quand les étoiles vont apparaître, tournez-vous au nord et levez le kamàl à
bout de bras. Ajustez la distance qui le sépare de vos yeux en l’avançant et en
le reculant, jusqu’à ce que le bas du cadre se confonde avec l’horizon
septentrional, tandis que vous aurez calé en haut du cadre l’étoile Polaire.
Ensuite, faites un nœud à la corde de telle sorte qu’en tenant ce nœud entre
vos dents, la corde une fois tendue, le kamàl reste calé juste à cette distance.
    — Très bien, maître Arpad, acquiesçai-je, docile.
Et puis ?
    — D’ici en partant vers l’est, le terrain est
presque plat, aussi aurez-vous toujours plus ou moins un horizon rectiligne.
Chaque soir, tendez le kamàl à la distance de ce nœud et positionnez le
bas du cadre sur l’horizon nord. Si l’étoile Polaire est toujours sur le haut
du cadre, cela prouvera que vous êtes vraiment à l’est de Suvediye. Si elle se
trouve un peu au-dessus, c’est que vous aurez dévié vers le nord. Si, au
contraire, elle se trouve plus bas dans le cadre, cela signifiera une dérive
vers le sud.
    — Cazza beta ! s’exclama mon oncle, admiratif.
    — Le kamàl peut même faire davantage,
ajouta le majordome. Fixez une étiquette marquée Suvediye sur le premier nœud
que vous avez fait, jeune Marco. Quand vous arriverez à Bagdad, recalez votre
instrument à juste distance, avec l’horizon et l’étoile Polaire aux extrémités
du cadre, et faites un second nœud que vous identifierez comme étant celui de
Bagdad. En répétant l’opération à chaque ville étape, il vous sera aisé de
contrôler à tout moment votre dérive, méridionale ou septentrionale, par
rapport au point d’où vous venez.
    Considérant le kamàl comme un complément utile
à notre équipement, nous payâmes gaiement le prix demandé, non sans qu’Arpad se
fut consciencieusement livré au jeu du marchandage, jusqu’à faire descendre le
montant à la somme presque risible de quelques shahis de cuivre. Nous
continuâmes à acheter les nombreuses choses dont nous pourrions avoir besoin en
cours de route. Au reste, grâce à la substantielle rallonge budgétaire que
représentaient les bourses de musc de l’ostikan, nous nous payâmes le luxe de
quelques petits extras et autres douceurs dont nous nous serions passés en
temps normal.
    Ce n’est que dans l’après-midi que nous retrouvâmes
les participants au banquet de la nuit précédente, quand nous fumes de nouveau
tous rassemblés à l’église Saint-Grégoire de Suvediye, pour la messe nuptiale.
À en juger par les visages hagards des assistants et les grognements las qui
perçaient de temps à autre, la plupart des hommes se ressentaient encore, tel
Arpad, de leur intempérance au banquet de la veille. Le fiancé était le pire de
tous. Je m’attendais à le voir satisfait, suffisant, ou, à l’inverse, à lui
trouver un air coupable, mais il avait simplement l’air encore plus lourdaud
que d’habitude. Quant à la fiancée, elle était si pesamment voilée que je ne
pus voir son expression, mais son élégante mère et les différentes femmes de
son entourage lançaient des regards excédés à travers les fentes de leur
tchador.
    Le mariage se déroula sans incident, et nos deux
frères, presque méconnaissables sous l’habit tapageur et voyant de l’Église
arménienne, aidèrent efficacement le métropolitain dans la conduite de son
office. Après quoi tout le monde se transporta de l’église jusqu’au palais pour
un nouveau banquet. Cette fois, bien sûr, les invitées (toutes, hormis les
femmes musulmanes) furent admises à partager les festivités. Là encore, il y
eut d’agréables distractions : les acrobates et leur musique, mais aussi
des illusionnistes, des chanteurs et des danseurs. Avant que la soirée fut
entamée, les jeunes mariés – lui, arborant un air contrit, elle, semblant
encore plus abattue

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