Les voyages interdits
et moi
sortîmes à notre tour du réduit devenu chaud et moite pour passer dans le
couloir où nous pûmes échanger sans crainte d’être entendus par les quatre
femmes encore présentes dans l’autre chambre.
— Pas étonnant que le wazir ait qualifié
cet animal de nedji, qui veut dire « affreusement
malpropre » !
— Oh, Jamshid est simplement envieux, dit d’un
ton léger la princesse. Ce singe peut encore accomplir ce que lui n’est plus en
mesure de faire...
— Certes, mais il y a tout de même à redire. Son zab est encore plus petit que celui d’un Arabe. Je crois qu’une femme sensée
ferait bien mieux d’utiliser le doigt d’un eunuque plutôt que le zab d’un
singe.
— En effet, certaines le font. Et tu es bien
placé à présent pour comprendre à quel point mon zambur peut être
apprécié. Beaucoup de femmes doivent patienter un long et frustrant délai avant
d’aller satisfaire le shah. C’est pourquoi le Prophète – que la paix et la
bénédiction soient sur lui – a institué le tabzir, afin qu’aucune femme
décente ne soit poussée à assouvir ses désirs de façon inconvenante pour une épouse
digne de ce nom.
— Pour ma part, si j’étais le shah, je
préférerais de loin que mes femmes se satisfassent d’une partie de zambur que
de s’abandonner ainsi à un zab au hasard. Suppose un instant que la
jeune Arabe tombe enceinte de ce singe !
Cette horrible pensée m’en amena une autre, encore
plus affreuse, à l’esprit.
— Par le Christ, et imagine que ton effroyable
sœur, Shams, se retrouve enceinte de mes œuvres ! Serais-je contraint de
l’épouser ?
— Ne crains rien, Marco. Toutes les femmes
présentes ici, quelle que soit leur nationalité, ont leurs propres moyens
d’empêcher que cela ne se produise.
Je restai immobile, interdit.
— Veux-tu dire qu’elles sont en mesure de bloquer
la conception ?
— Avec des degrés de succès variables, certes,
mais toujours mieux que si elles s’en remettaient uniquement à la chance. Une
femme arabe, par exemple, avant de faire la zina, s’introduit un tampon
de laine imbibé de sève du saule pleureur. Une femme persane tapisse
l’intérieur de ses parois intimes de la membrane située sous la peau de la
grenade.
— Dieu, mais c’est absolument immonde !
m’écriai-je, comme tout chrétien l’aurait fait à ma place. Et qu’est-ce qui
fonctionne le mieux ?
— La méthode persane est certainement la
meilleure, ne serait-ce que parce qu’elle rend l’acte plus agréable pour les
deux partenaires. C’est celle qu’utilise Shams, et je suis sûre que tu ne t’en
es jamais rendu compte.
— En effet...
— Imagine-toi en revanche pilonner de ta tendre lubya cet épais bouchon de laine glissé dans les profondeurs d’une femme arabe.
De toute façon, j’ai de gros doutes sur l’efficacité de cette pratique. Que
veux-tu qu’une Arabe y connaisse en matière de contraception ? Excepté
lorsque l’homme arabe désire expressément faire un enfant, il ne
s’adonne jamais à la zina sur sa femme, ou alors par l’orifice
postérieur, comme il en a l’habitude avec les hommes et comme ils procèdent de
la sorte avec lui.
Je fus soulagé d’apprendre que la princesse Shams ne
serait jamais fertile et ne risquerait pas ainsi de léguer sa laideur à une
descendance grâce à ce contraceptif issu de la grenade. Cependant, dans la
mesure où je me rendais coupable d’un des péchés les plus répréhensibles qu’un
chrétien puisse perpétrer, j’aurais dû me sentir un peu moins serein. Il était
prévisible qu’au moins en une occasion au cours de mes voyages ou qu’à mon
retour à Venise je me retrouverais devant un prêtre et serais obligé de me
confesser. Bien sûr, celui-ci m’infligerait de lourdes pénitences pour avoir
forniqué avec deux femmes non mariées en même temps, mais ce n’était qu’un
péché véniel par rapport à ce que je devrais avouer d’autre. Je m’imaginais
d’avance l’horreur qu’il éprouverait en apprenant qu’à la très blâmable mode
orientale, j’avais été conduit à ne copuler que pour le seul plaisir de l’acte,
sans la chrétienne intention d’engendrer une progéniture.
Inutile de vous dire que je me roulais dans le péché
avec un plaisir sans cesse croissant. La seule ombre éventuelle sur le bonheur
que je goûtais à pratiquer cette activité ne résidait certes pas dans le plus
petit sentiment de
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