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Les voyages interdits

Les voyages interdits

Titel: Les voyages interdits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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avouer que je me suis un peu épuisé à ce jeu. Il serait bon que je
recouvre un peu mes forces avant la poursuite de notre voyage.
    — C’est vrai que tu as l’air quelque peu surmené
et hagard. Très bien, je consens que tu mettes un terme à nos rendez-vous. Nous
nous ferons des adieux en bonne et due forme avant ton départ.
    Nous nous assîmes ensuite tous les trois autour du
shah. Mon père et mon oncle lui annoncèrent leur choix d’éviter la route
maritime même si elle pouvait écourter notre chemin vers l’Orient.
    — Nous vous remercions sincèrement, shah Zaman,
de nous l’avoir suggérée, dit mon père. Mais un vieux proverbe vénitien
l’affirme : Loda el mar e tiente a la tera.
    — Ce qui signifie... ? poursuivit le shah, très
affable.
    — Chante les louanges de la mer, mais occupe-toi de
la terre. Encense le grandiose et le périlleux, mais ne néglige jamais pour
autant le banal comme le quotidien. Autrement dit, prête attention à ce que tu
as. Dans le cas qui nous occupe, Matteo et moi avons déjà effectué de longues
traversées sur la vaste mer, mais jamais sur des bateaux du type de ceux
qu’utilisent les marchands arabes. Nous préférons encore emprunter une route
terrestre, même risquée et peu sûre, que nous en remettre à ces étranges
embarcations.
    — Les Arabes, renchérit mon oncle, construisent
leurs bateaux de haute mer avec la même négligence que ces branlantes barques
fluviales que Votre Majesté peut voir arriver ici, à Bagdad. Le tout imbriqué
et collé avec de la graisse de poisson, sans une seule pièce de métal, et, pour
couronner le tout, la merde des chevaux ou des chèvres tombant sur les
passagers des ponts inférieurs. Si l’Arabe est assez inconscient pour oser
s’aventurer sur des coquilles de noix aussi sordides et délabrées, grand bien
lui fasse, mais ce n’est pas notre cas.
    — Peut-être est-ce la sagesse qui parle par votre
bouche, intervint la shahryar Zahd, entrant alors sans vergogne dans la pièce
alors que nous y étions réunis entre hommes. J’ai une histoire à vous conter à
ce sujet...
    Elle en avait en fait plusieurs. Toutes se
rapportaient à un certain Sindbad le marin, qui avait enduré un grand nombre de
mésaventures. L’une avec l’oiseau Rukh, une autre avec le vieux cheikh
de la mer, une autre encore avec un poisson gros comme une île, et d’autres
dont je ne me souviens même plus. Mais ce qui frappait dans tous ces récits,
c’est qu’invariablement Sindbad le marin s’embarquait sur des bateaux arabes et
que, chaque fois, il faisait naufrage en haute mer pour dériver ensuite vers
quelque rivage inconnu des cartes.
    — Merci, ma chère, ponctua le shah dès qu’elle
eut achevé la sixième ou septième aventure du fameux navigateur.
    Et, avant qu’elle puisse enchaîner sur une autre, il
lança à mon père et à mon oncle :
    — Finalement, votre voyage vers le golfe n’aura
pas été vain, si je comprends bien ?
    — Certes non, confirma mon père. Il était au
contraire fort instructif. À titre d’exemple, j’ai acheté à Neyriz ce cimeterre
tout neuf, à l’acier redoutablement tranchant. L’artisan qui l’a fabriqué m’a
expliqué qu’il avait été fondu avec le fer extrait des mines toutes proches de
Votre Majesté. Je l’ai repris, en corrigeant : « Vous voulez sans
doute parler de mines d’acier. » Mais il a insisté, tout en
réassurant : « Non, nous tirons le fer des mines et le mettons à
cuire dans un ingénieux fourneau où il se mue en cet acier que vous pouvez
voir. » Interloqué, j’ai protesté : « Quoi ? Vous voudriez
me faire croire qu’il me suffit de fourrer un âne dans un fourneau pour qu’il
en sorte un cheval ? » Et il lui a fallu pas mal d’explications supplémentaires
pour parvenir à me convaincre. Pour être franc, Majesté, nous autres Européens
avons toujours cru que l’acier était un métal distinct du fer et de qualité
infiniment supérieure.
    — Et pourtant non, confirma simplement le shah,
un grand sourire aux lèvres. L’acier n’est que le fruit d’un traitement que
vous ignorez peut-être encore en Europe.
    — Ainsi, j’aurai enrichi ma culture personnelle
en passant à Neyriz, conclut mon père. Mais mon voyage m’a aussi conduit
jusqu’à Chiraz, bien sûr, et ses vignes à perte de vue. Là, j’ai pu goûter à
tous les vins qu’on en tire, sur les lieux mêmes des différents cépages. En
passant

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