Les voyages interdits
ressemblent à de petits
coquillages refermés ? Celles qu’on appelle des lèvres de femme ?
— Tu me fais penser à des lèvres qu’on
embrasse..., dit-elle, se parlant à elle-même comme dans un songe.
Ses yeux s’étaient à nouveau fermés, et tout son petit
corps ondoyait avec lenteur.
— Qu’on embrasse, oui..., repris-je en écho.
Après quelques lentes ondulations, son corps sembla se
tendre brièvement, puis se relâcha, et elle émit un doux gémissement de
plaisir. Tandis que je continuais à jouer de la musique sur son intimité, elle
se tordit dans d’autres fiévreuses convulsions, chaque fois plus longues, comme
si elle comprenait, par la pratique, comment faire durer son plaisir. Sans
cesser de lui délivrer mes attentions, mais n’utilisant que ma bouche, j’eus
tout loisir d’utiliser mes mains, restées libres, pour ôter mes vêtements.
Quand je fus aussi nu auprès d’elle, elle sembla apprécier d’autant plus les
frémissements qui arquaient son corps et laissa vagabonder ses mains sur le
mien. Je m’abandonnai alors sans contrainte, jouant sur elle l’hymne du
couvent, comme Ilaria me l’avait enseigné. Lorsque Doris fut luisante de sueur,
je la laissai récupérer doucement.
Sa respiration se calma progressivement, elle ouvrit
les yeux, comme hébétée de l’ivresse qu’elle avait ressentie. Puis elle fronça
les sourcils, en me sentant tout dur contre elle, et, prenant sans honte ma
virilité de sa main, elle s’exclama avec surprise :
— Tu as fait tout cela... tu m’as donné tout ce
plaisir... sans jamais...
— Non, pas encore.
— Je ne savais pas. (Elle éclata d’un rire
d’allégresse.) Je ne me serais rendu compte de rien... J’étais si loin, dans
les nuages ! (Me tenant toujours au creux d’une de ses mains, elle se tâta
de l’autre.) Tout cela... alors que je suis encore vierge. C’est miraculeux.
Est-ce donc de cette façon, Marco, que notre Sainte Vierge bénie...
— Nous sommes déjà en train de pécher, Doris,
coupai-je rapidement. N’y ajoutons pas le blasphème.
— Non. Mais continuons de pécher, alors.
Nous le fîmes, et je ne tardai pas à faire gémir Doris
à nouveau et à la faire se cambrer de bonheur (quelque part dans les nuages,
comme elle disait) en interprétant sur elle l’hymne du couvent. Finalement, je
fis ce qu’aucune nonne n’aurait pu faire, et cela se passa sans heurt et sans
violence, mais au contraire avec naturel et une facilité déconcertante. Doris,
moite de transpiration, glissait en douceur entre mes bras, et son intimité
était plus humide encore. Aussi ne sentit-elle aucune brisure, juste une
sensation légèrement plus intense que toutes celles qu’elle était en train de
découvrir. Elle ouvrit des yeux débordants de plaisir quand elle l’éprouva et
poussa un gémissement d’un registre sensiblement différent des précédents.
Ce fut, pour moi aussi, la découverte de sensations
entièrement nouvelles. Je me sentais maintenu, enserré dans le corps de Doris comme
dans un poing tendre, bien plus ajusté que dans l’intimité des deux femmes avec
qui j’avais déjà couché. Malgré l’intense excitation que je ressentais en cet
instant, je trouvai le moyen de me rendre compte de la bêtise de mon précepte
d’ignorant, selon lequel les femmes étaient toutes les mêmes à l’intérieur de
leurs parties intimes.
Durant les instants qui suivirent, nous émîmes, Doris
et moi, une gamme de bruits fort variés. Le dernier qu’elle produisit, avant de
cesser de bouger, fut un soupir de contentement et d’incrédulité mêlés, alors
qu’elle s’exclamait : « Oh, mon Dieu ! »
— Ça n’a pas été trop douloureux, j’ai
l’impression ! constatai-je en lui souriant.
Elle secoua la tête avec véhémence et sourit à son
tour, radieuse.
— J’en ai souvent rêvé, tu sais ? Mais
jamais je n’aurais imaginé que c’était aussi... Et jamais je n’avais entendu
une femme parler de sa première fois comme d’une chose aussi... Merci, Marco.
— Je te remercie, Doris, repartis-je avec
obligeance. Maintenant que tu sais la façon dont...
— Arrête. Je n’ai pas envie de refaire quoi que
ce soit de ce genre avec un autre que toi.
— Bientôt, je serai parti.
— Je sais. Mais je sais aussi que tu reviendras.
Et je ne referai pas cela jusqu’à ce que tu sois revenu de Rome.
En fait, je ne me rendis pas à Rome. Je n’y ai même
encore jamais
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