Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les voyages interdits

Les voyages interdits

Titel: Les voyages interdits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
qu’on
appelle ici du nom déformé de Cathay.
    Je le regardai bouche bée :
    — Vous avez rencontré les Mongols ? Et vous
avez survécu ?
    — Rencontré, mais oui. Et pas seulement !
Nous nous sommes fait des amis parmi eux. Le plus puissant ami qui se pouvait
concevoir : le khan Kubilaï, qui dirige le plus vaste empire du monde. Il
nous a chargés d’une requête pour le pape Clément...
    Il poursuivit son explication, mais je ne l’écoutais
plus. Je continuais de le contempler avec respect et admiration, tout en
songeant que cet homme, que j’avais si longtemps cru mort, était mon père et
que, si ordinaire en apparence, il pouvait se prévaloir d’être à la fois le
confident de khans barbares et de Saints Pères !
    Il conclut :
    — ... Si le pape accepte de mettre à notre
disposition les cent prêtres demandés par Kubilaï, nous les mènerons vers
l’Orient. Nous retournerons à Kithai.
    — Quand partons-nous pour Rome ?
demandai-je.
    — Eh bien..., murmura pudiquement mon père.
    — Dès que ton père aura épousé ta nouvelle mère,
précisa mon oncle. Cela devra attendre la publication des bans.
    — Oh, je ne pense pas, Matteo, glissa mon père.
Dans la mesure où Fleur de Lys et moi ne sommes plus tout jeunes, veufs l’un
comme l’autre, le père Nunziata nous en dispensera probablement.
    — Qui est donc cette Fleur de Lys ?
m’enquis-je. Et tout cela n’est-il pas un peu précipité, mon père ?
    — Tu la connais, m’informa-t-il. Fiordelisa
Trevan, la maîtresse de maison à trois portes d’ici, en descendant le canal.
    — Oui ! C’est une femme tout à fait
charmante. C’était, parmi tous nos voisins, la meilleure amie de maman.
    — Si tu essaies d’insinuer ce que je crois,
Marco, je te rappelle que ta mère est à présent dans sa tombe, où nulle jalousie
ni envie n’existe, par définition.
    — Certes, admis-je. Mais je ne pus m’empêcher
d’ajouter avec une certaine impertinence : Il n’empêche que tu n’auras pas
porté longtemps le deuil.
    — Cela fait déjà huit ans qu’elle est
morte ! Et tu voudrais que je me mette maintenant à porter le deuil pour
les douze mois à venir ? Je ne suis plus assez jeune pour me claustrer une
année durant, Marco. Dona Lisa n’est par ailleurs plus une gamine, tu sais.
    — Lui as-tu déjà proposé le mariage, père ?
    — Oui, et elle a accepté. Nous avons d’ailleurs
rendez-vous dès demain chez le père Nunziata pour une entrevue préalable.
    — Sait-elle que tu vas repartir sitôt après
l’avoir épousée ? Mon oncle n’y tint plus :
    — Mais qu’est-ce que c’est que cette inquisition,
espèce de sacripant ? explosa-t-il.
    Mon père fut plus patient.
    — C’est justement parce que je dois
repartir peu après que je me marie, Marco. Quand le diable s’en mêle, nécessité
fait loi. Je suis rentré chez moi, pensant trouver ta mère toujours en vie et
dirigeant la maison Polo. Elle n’était plus. Et voilà qu’à présent, par ta
faute, je ne puis repartir en te confiant cette tâche. Le vieil Isidoro est un
brave homme, on peut lui faire totalement confiance. Cependant, je préférerais
laisser la Compagnie à quelqu’un portant notre nom, ce que fera fort bien Dona
Fiordelisa, qui en a le désir et les talents. De plus, elle n’a aucun enfant
susceptible de te disputer l’héritage, si c’est ce qui te tracasse.
    — Pas du tout, affirmai-je. Et je repris
derechef, sur un mode quelque peu éhonté : La seule chose qui me
travaille, c’est l’irrespect apparent que tu manifestes à l’égard de ma propre
mère, ainsi qu’à celui de Dona Trevan, d’ailleurs, en te mariant hâtivement
avec cette dernière, simplement pour des raisons mercantiles. Elle doit bien se
douter que tout Venise va jaser à ce sujet.
    À quoi mon père réagit avec douceur, mais d’un ton
convaincu :
    — Je suis marchand. Elle-même est veuve de
marchand. Venise est une cité marchande où personne n’ignore qu’il n’y a pas
meilleure raison à tous nos actes que les intérêts mercantiles, justement.
L’argent coule dans nos veines de Vénitiens comme un autre sang, et tu es
Vénitien, toi aussi. Maintenant, Marco, j’ai prêté l’oreille à tes objections
et je les ai rejetées. Qu’il n’en soit donc plus question. Souviens-toi, mon
fils, qu’une bouche close ne dit jamais de sottises.
    Je me tins donc la chose pour dite et ne revins plus
sur le sujet, pour ne

Weitere Kostenlose Bücher