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L’ESPION DU PAPE

L’ESPION DU PAPE

Titel: L’ESPION DU PAPE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Madral , François Migeat
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danses qui vous ont tant plu.
    Le visage d’Amaury s’illumine de bonheur.
    — Quant à la preuve que vous cherchez, monsieur de Paunac, j’en ai une, déclare-t-il.
    Il sort de son habit une dague et la fait glisser jusqu’au milieu de la table.
    — L’homme que j’ai tué avec sa propre épée, et dont ces reîtres ont réussi à emporter le cadavre, a laissé une arme sur le terrain. Je l’ai ramassée. Le blason qu’elle porte gravé sur la lame indique clairement de quelle maison cet homme était le reître.
    On fait passer la dague à Philippe de Paunac, qui l’examine et conclut gravement :
    — C’est bien le blason de la seigneurie de Puech.

18.
    Le soir même, Philippe de Paunac quitte Savignac avec les deux Parfaits pour rejoindre leur castrum. Stranieri l’imite peu de temps après avec frère Yong. Au moment de faire ses adieux, il renouvelle à Amaury la promesse. Il insiste cependant :
    — Je souhaite que vous n’ayez pas à user de ce que je vous enseignerai, et que les exactions commises par la horde sauvage de ce seigneur s’arrêteront bientôt sans qu’il soit besoin de les y contraindre par la force.
    — Comment voudriez-vous que la fureur de ces fanatiques puisse trouver son terme d’elle-même ? s’agace le jeune homme.
    — La preuve que je vous ai montrée ce midi pourrait y servir. Je ne crois pas tous les dignitaires de l’Église favorables à ces extrémistes et, comme je sais devoir croiser certains d’entre eux dans les châteaux où je me rends, je compte montrer cette dague à un prélat que je connais bien. Lorsque je lui en aurai expliqué l’usage et la provenance, il pourrait, je l’espère, intervenir en haut lieu.
    Ce que Stranieri n’a pas révélé à ses hôtes, c’est qu’il a décidé de partir avec frère Yong à la recherche de Pierre de Castelnau. Il sait que le légat du pape parcourt sans cesse le pays pour mesurer la progression de l’hérésie et les soutiens sur lesquels l’Église catholique peut encore compter. Bien que leurs rapports n’aient jamais été des meilleurs et que Castelnau soit jaloux des missions secrètes qu’Innocent III confie à Stranieri, celui-ci pense pouvoir le convaincre de la culpabilité du seigneur de Gasquet dans les exactions perpétrées contre les cathares par la Confrérie Blanche, et obtenir de lui, au mieux une excommunication immédiate dudit seigneur, au moins un sévère avertissement et la menace d’une mise en proie de son domaine, si celui-ci ne fait pas cesser les activités criminelles de sa bande. Cela devrait suffire à tempérer au moins pour un temps les ardeurs de ce méchant homme.
    Dès qu’ils se sont éloignés sur leur charrette et qu’ils se sentent à l’abri des regards, Stranieri se débarrasse de son costume et reprend sa robe de moine, pour ressembler à frère Yong. En cheminant vers le château d’Aguilar, où il sait que Castelnau est passé récemment porter la contradiction et où il pense obtenir des informations sur l’itinéraire du légat, il se remet à monologuer à l’intention de son acolyte :
    — Vois-tu, Yong, si Castelnau refuse de jeter l’anathème sur Guillaume de Gasquet et que nous devons nous résoudre à tuer Dominique et l’évêque d’Osma pour créer un choc dans l’opinion susceptible d’arrêter les violences, je crois avoir trouvé l’idée pour être à peu près certain de faire s’accuser de ce double meurtre le sieur de Touvenel.
    Yong paraît sceptique et pousse quelques grognements interrogatifs.
    — C’est très simple ! poursuit Stranieri. Il suffit d’utiliser ce jeune crétin d’Amaury qui n’aspire qu’à se battre. Nous pourrions, je pense, très facilement l’entraîner à l’abbaye de Fontfroide le jour où la conférence aura lieu. Sa fougue et sa véhémence sont telles qu’il sera facile de profiter de ses débordements verbaux pour le faire accuser de l’attentat.
    Yong répond par un jeu de mains que Stranieri observe attentivement, avant de rectifier :
    — Tu me prends pour un imbécile ! Je le sais bien, qu’il est connu pour ses idées cathares, et qu’il nous faudra le disculper. C’est justement là qu’intervient ce grand imbécile de Touvenel avec ses rodomontades, sa fierté et son honneur. Pour sauver ce jeune garçon, le frère de sa bien-aimée dont il sait de surcroît sa fille amoureuse, il viendra tout naturellement s’offrir en victime expiatoire. Et nous aurons

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