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L’ESPION DU PAPE

L’ESPION DU PAPE

Titel: L’ESPION DU PAPE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Madral , François Migeat
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les hommes en noir. Acculés à la falaise, encerclés, sans armes, les cathares n’ont d’autre choix que d’obtempérer aux ordres que leur lancent les cavaliers : s’agenouiller et baiser le crucifix qu’ils leur tendent, puis se prosterner face contre terre, en signe de soumission. Certains, sans souci de la mort, refusent de se plier aux ordres qui leur sont donnés. Touvenel voit ainsi l’ordonnateur de la cérémonie se dresser fièrement devant l’épée d’un cavalier.
    — Qui vous donne le droit de menacer de bons chrétiens ? Pourquoi vous cachez-vous sous ce déguisement ?
    — Apôtre de Satan ! Incline-toi ! Embrasse cette croix !
    — Jamais vous ne me ferez embrasser cet instrument de torture, ni renier ma juste foi.
    Avec une vocifération terrible, l’épée du cagoulé s’abat sur lui, décollant tout net sa tête de ses épaules.
    Touvenel a un mouvement d’horreur, lorsqu’il aperçoit une femme qui a réussi à se faufiler à travers le cercle des cavaliers et s’enfuit vers le bois où se cache Yasmina. Un homme en blanc la rattrape, la saisit par les cheveux pour la faire pivoter vers lui et lui présente son crucifix. La femme se défend, elle crie, elle frappe. Touvenel sort de sa cachette et se précipite, tirant l’épée pour lui venir en aide. Trop tard. Excédé par sa résistance, l’homme en blanc a dégainé la sienne et la lui a plongée dans la poitrine. Piquant son cheval, il est déjà reparti à la recherche d’autres victimes, sans même avoir aperçu le chevalier. Yasmina sort du bois en lâchant un cri de terreur. Un tremblement irrépressible s’est emparé d’elle. Les massacres de Constantinople lui sont revenus en mémoire. Elle hurle, hystérique :
    — Non ! Non ! Maudits ! Maudits !
    Touvenel ne bouge pas d’un pouce. Ses traits se sont figés, incapables devant tant d’horreur de refléter aucune émotion. Yasmina, perdant la tête, s’en prend à lui.
    — Qu’attends-tu pour montrer ta vaillance ? Tu paraissais plus courageux chez les Byzantins ?
    Touvenel hausse les épaules.
    — À un contre dix ?
    Perdant la tête, Yasmina s’est jetée sur lui et le laboure de coups de poing. Excédé, il la repousse et la projette à terre. Provocant, il lui jette :
    — Cette affaire ne me concerne pas. Je ne sais qui sont ces gens ni pourquoi ils agissent ainsi.
    Yasmina continue de hurler. Il s’agenouille près d’elle et plaque sa main sur sa bouche, pour l’entraîner derrière un bosquet.
    — Tais-toi ! Ces cavaliers sont masqués. Pas seulement pour inspirer la terreur. Ils ne veulent pas qu’on puisse les reconnaître. Et ce n’est pas la croix que je porte à l’épaule qui nous protégera.
    — Moi, je n’ai rien à perdre ! lui réplique Yasmina en se libérant. J’agirai à ta place, puisque tu es trop lâche pour le faire.
    Furieuse, elle saisit la poignée de son épée. D’une main ferme, il l’arrête. Les yeux dans les yeux, ils se défient. Elle se voudrait méprisante pour la lâcheté de cet homme qui, pourtant, l’a sauvée. Elle n’y parvient pas. La profondeur du regard du chevalier l’impressionne. Cette lueur sombre tout au fond des yeux, ces rides de désabusement à la commissure des lèvres. Elle ne voit plus devant elle qu’un homme revenu de loin, même de lui. Un homme retranché à l’intérieur de son âme.
    Un galop de cheval les fait sursauter. Ils aperçoivent un jeune homme qui court vers eux de toutes ses forces. Un cavalier blanc lancé au galop derrière lui brandit son épée, prêt à le frapper. Il n’en a pas l’occasion. Au passage du jeune homme, Touvenel le saisit par le cou, l’allonge sans ménagement sur le sol et pèse sur lui de toutes ses forces.
    — Ne bouge pas, tu me parais trop jeune pour mourir.
    Désorienté, emporté par son allure, le cavalier retient sa monture et fait demi-tour, pour revenir à la charge. Il ne découvre devant lui qu’une jeune et belle fille à la peau mate et aux yeux noirs. L’homme descend de son cheval. L’épée à la main, il marche vers Yasmina, un sourire aux lèvres.
    — Quelle belle surprise ! Une Sarrasine ! Tu vas me consoler d’avoir perdu un mécréant.
    Il n’a pas le temps d’en imaginer plus. Un violent coup à la nuque le fait tomber. Il se retourne, veut se relever, mais le poing de Touvenel s’abat à plusieurs reprises sur son visage et achève de le mettre hors d’état de nuire. Yasmina est

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