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L'Étreinte de Némésis

L'Étreinte de Némésis

Titel: L'Étreinte de Némésis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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moi !
Nous avons échangé des menaces. J’ai sorti un couteau. Les partisans de Crassus
étaient nombreux. J’ai dû fuir pour sauver ma peau. Je suis allé voir Sylla,
pour réclamer justice. Mais il a refusé d’intervenir. Mummius était trop proche
de Crassus, m’a-t-il répondu et, à ce moment-là, il ne pouvait se permettre d’offenser
ce dernier.
    — Donc
Mummius a obtenu le garçon.
    — L’affaire
ne s’achève pas là. En moins de deux ans Mummius s’est lassé de l’esclave. Il
décida de s’en séparer, mais refusa de me le vendre, par pure méchanceté. Sylla
était déjà mort. Je n’avais plus aucune influence à Rome. Alors j’écrivis une
lettre à Mummius, lui demandant aussi humblement que possible de me vendre le
garçon. Savez-vous ce qu’il a fait ? Il fit circuler la lettre dans une
soirée et s’en moqua. Puis, c’est le garçon qu’il a fait circuler. Et il fit en
sorte que je sois au courant.
    — Et
qu’est devenu ce garçon ?
    — Mummius
l’a vendu à un marchand d’esclaves qui partait pour Alexandrie. Il a disparu
pour toujours. Mollio ! cria-t-il. Applique-toi donc !
    — Patience,
maître, roucoula l’esclave, ta colonne est dure comme du bois. Et tes épaules
sont rouillées.
    La
porte s’ouvrit. J’entendis la voix haut perchée de Sergius Orata.
    — Et
d’autres conduites passent sous ce sol et le long de ces deux murs, disait-il.
Tu peux voir les sas qui libèrent l’air chaud. Ils sont espacés régulièrement
de chaque côté.
    Metrobius
grommela car son esclave Mollio lui pinçait et écrasait les chairs.
    — Sergius
Orata n’est pas aussi simple et pur qu’il le prétend, dit Metrobius avec une
sorte d’ironie désabusée. Il a la tête sur les épaules. Il passe son temps à
calculer et à additionner ses profits. Il est sûrement déjà riche. Mais on lui
prête une certaine faiblesse pour le jeu et les jeunes danseuses. Néanmoins,
ici, il peut aisément passer pour un parangon de vertu : il n’a ni l’avidité
de Crassus, ni la cruauté de Mummius, loin s’en faut.
    — En
réalité, je sais très peu de choses de Crassus, avouai-je. Seulement ce que l’on
dit derrière son dos au Forum.
    — Et
tu peux croire tout ce que l’on raconte. Je vais te dire : je suis même
étonné qu’il n’ait pas encore volé la pièce dans la bouche du défunt.
    — Et
je ne sais pas grand-chose non plus de Mummius…
    — Le
porc !
    — Il
me fait l’effet d’un homme mystérieux, doté de plusieurs personnalités. Je ne t’apprendrai
rien en te disant qu’il peut être extrêmement dur. J’ai été témoin de sa
cruauté pendant ma traversée. Pour un simple exercice, il a poussé ses
galériens à leur maximum. Je n’avais jamais rien vu d’aussi terrifiant.
    — Oui,
cela ressemble bien à Mummius. La discipline est une déesse pour lui. Elle sert
d’alibi à sa conduite. De la même manière, Crassus justifie tous ses crimes au
nom de la déesse Acquisition. Ils sont les deux côtés d’une même pièce, opposés
de bien des manières, mais fondamentalement semblables.
    De
telles critiques m’étonnèrent dans la bouche d’un homme qui avait été si proche
de Sylla. Mais, comme disent les Étrusques, l’amour rend aveugle alors que la
jalousie révèle tous les vices.
    — Et
pourtant, dis-je, je pense avoir repéré chez tous les deux une certaine
faiblesse, une tendresse qui transparaît sous la cuirasse. L’armure de Mummius
est d’acier, celle de Crassus d’argent. Mais pourquoi revêt-on une cuirasse, si
ce n’est pour masquer sa vulnérabilité ?
    Metrobius
leva un sourcil et me dévisagea malicieusement.
    — Eh
bien, Gordien de Rome, finalement tu es peut-être plus observateur que je ne l’imaginais.
Quelles sont les faiblesses de Crassus et de son lieutenant ?
    Je
haussai les épaules.
    — Je
n’en sais pas encore assez sur eux pour le dire.
    Metrobius
hocha la tête.
    — Cherche
et tu trouveras peut-être. Mais maintenant nous avons assez parlé de ces
deux-là.
    — Tu
pourrais me parler de Gelina et de Lucius. Tu sembles très bien les connaître.
    — C’est
vrai, nous sommes très amis.
    — Et
Lucius ?
    — Tu
as vu la fresque de Iaia ?
    — Oui.
    — Alors
tu as vu son portrait.
    — Que
veux-tu dire ?
    — La
méduse, juste au-dessus de la porte.
    — Quoi ?
Tu plaisantes ?
    — Pas
du tout. Regarde bien, la prochaine fois. Le corps est celui d’une méduse, mais
le

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