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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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d’hommes hurlants. Il se réveilla en sursaut pour
s’apercevoir qu’il ne s’agissait pas d’un songe. Tout était bien réel. Il se
redressa sur sa couche au moment où la cloche du monastère se mit à sonner
l’alarme. Désireux d’aller voir ce qui provoquait tout ce tumulte, il repoussa
la couverture, mais la cloche se tut et la nuit redevint calme.
    Il se rendormit.

 
7
    Thomas se réveilla une nouvelle fois en sursaut. Dans son
sommeil, il avait senti la présence d’un homme debout au-dessus de lui.
L’inconnu était grand. Dans la pâle lumière de l’aube dispensée par la porte de
la hutte, il ne discernait que les contours indistincts de sa silhouette.
Instinctivement, le jeune archer se retourna et tendit la main vers son épée.
Le mystérieux visiteur fit un pas en arrière.
    — Chut ! Je ne voulais pas vous réveiller, dit-il
doucement d’une voix profonde et bienveillante.
    Aucune menace n’émanait de cette présence. Thomas se
redressa pour constater que l’homme qui venait de parler était un moine en robe
blanche. Il ne pouvait voir son visage, car l’intérieur de la masure était trop
sombre. Le grand cistercien refit un pas en avant pour observer Geneviève.
    — Comment va votre amie ?
    Elle dormait. Une mèche de cheveux blonds frémissait près de
sa bouche à chaque respiration.
    — Elle s’est sentie mieux cette nuit, répondit Thomas
tout bas.
    — C’est bien, souligna le moine avec chaleur.
    Celui-ci retourna vers la porte. Il tenait l’arc de Thomas
qu’il avait attrapé en se penchant pour regarder la blessée. Dans la timide
lueur grise de l’aube, il examina l’arme. L’archer détestait qu’un étranger
manipule son arc, mais il se tut.
    Au bout d’un moment, le religieux reposa le long bâton
contre la table.
    — J’aimerais m’entretenir avec vous, dit le frère.
Pouvons-nous nous retrouver dans le cloître tout à l’heure ?
     
    La matinée était particulièrement froide. Tant dans
l’oliveraie que dans le cloître, l’herbe recouverte de givre craquait sous les
pieds. Dans un angle du promenoir, une vasque circulaire commune permettait aux
moines de s’asperger le visage et les mains, après la première prière du matin.
Thomas chercha des yeux le grand moine parmi les frères occupés à leurs
vivifiantes ablutions. Mais ce fut le cistercien lui-même qui se fit
reconnaître du jeune homme en lui adressant un signe de la main. Le frère blanc
était assis sur un muret entre deux piliers de l’arcade sud. En s’approchant,
l’archer vit que son visiteur matinal était très vieux. Son visage profondément
creusé par les rides exhalait la bonté.
    — Votre amie, dit le vieil homme quand Thomas le
rejoignit, est entre d’excellentes mains. Frère Clément est un guérisseur hors
pair, mais lui et frère Ramón n’ont pas la même façon de voir et d’aborder les
choses, donc je suis obligé de les tenir à l’écart l’un de l’autre. Ramón
s’occupe de l’infirmerie et Clément des lépreux. Le premier est un vrai
médecin, formé à Montpellier, donc naturellement nous avons le devoir de nous
en remettre à lui. Hélas, il ne paraît pas connaître d’autres remèdes que la
prière et de copieuses saignées. Il y a recours systématiquement, quel que soit
le mal. De son côté, frère Clément, je le soupçonne, utilise sa propre sorte
de… magie. Je devrais probablement le désavouer, mais je suis contraint de
reconnaître que si j’étais malade je préférerais que frère Clément s’occupe de
moi.
    Le vénérable vieillard sourit à Thomas.
    — Mon nom est Planchard.
    — L’abbé ?
    — Exactement. Et vous êtes les bienvenus dans notre
maison. Je regrette de n’avoir pu vous accueillir hier. Frère Clément m’a dit
que votre hébergement dans le lazaret vous inquiétait. Il n’y a pas de raison.
De par mon expérience, je peux dire que la transmission de ce mal terrible ne
se fait pas par contact. Je visite des lépreux depuis quarante ans, et j’ai
encore tous mes doigts. Frère Clément lui-même vit et prie avec eux tous les
jours, et la maladie ne l’a jamais touché.
    L’abbé marqua une pause pour se signer. D’abord, Thomas
pensa que le vieux moine avait voulu conjurer par son geste la possibilité de
contracter la lèpre, mais alors il vit que Planchard fixait quelque chose, à
l’autre bout du cloître. Il suivit son regard et aperçut un corps porté sur une
civière. C’était

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