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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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échos.
    — Demain, Seigneur, répondit Gioberti. La terre met du
temps à sécher. Nous allons le charger dès ce soir, mais nous ne tirerons qu’à
l’aube.
    Le lendemain matin, le canon tonna trois fois. Les trois
projectiles, de bonnes barres de fer rouillé, réussirent à faire totalement
sortir les portes du château de leurs gonds.
    Alors, il se remit à pleuvoir. Les gouttes sifflaient et
bouillonnaient en touchant le métal brûlant de Cracheuse d’Enfer. Les
habitants de Castillon se terraient dans leurs maisons. Ils tremblaient de tout
leur corps chaque fois que le bruit massif du canon ébranlait les volets de
leurs fenêtres et faisait vaciller les pots et les marmites. Les défenseurs du
château avaient déserté les remparts, ce qui encouragea les arbalétriers à se
rapprocher encore davantage.
    Si la porte n’était plus là, Joscelyn ne pouvait pas encore
voir à l’intérieur de la cour du château, car elle se trouvait très en hauteur
par rapport au canon. Toutefois, il supposait à juste titre que la garnison
devait s’attendre à ce qu’un assaut emprunte la porte détruite.
Indubitablement, ils devaient être en train de préparer la défense.
    — La clé de notre réussite, déclara-t-il à midi, c’est
de ne pas leur laisser le temps de s’organiser.
    — Ils ont déjà eu tout le temps nécessaire, indiqua
messire Henri. La matinée entière.
    Joscelyn ignora la remarque de son commandant qui,
pensait-il désormais, n’était rien d’autre qu’un vieil homme craintif ayant
perdu toute appétence pour le combat.
    — Nous attaquerons ce soir, décréta le comte. Le signor Gioberti tirera un boulet dans la cour et nous le suivrons
immédiatement pendant que le bruit les ébranlera encore.
    Il désigna quarante hommes d’armes – les
meilleurs – et il leur ordonna d’être prêts au crépuscule. Puis pour
s’assurer que les défenseurs ne soupçonneraient rien de l’attaque, il fit
creuser des trous dans les murs des maisons afin que ses hommes pussent s’approcher
au maximum du château en passant par l’intérieur des bâtiments. De cette façon,
en traversant les murs pour se faufiler de maison en maison, les soldats de
Bérat allaient parvenir à moins de trente pas de la porte sans être vus. Dès
que le canon tonnerait, ils pourraient jaillir de leurs cachettes et charger
l’entrée du château. Messire Henri Courtois proposa de diriger l’attaque, mais
Joscelyn refusa.
    — Il faut des hommes jeunes, des hommes sans peur.
    Se tournant vers Robbie, il lui demanda :
    — Vas-tu nous accompagner ?
    — Bien sûr, Monseigneur.
    — Nous enverrons une dizaine d’arbalétriers en tête,
décida Bérat. Ils tireront une volée de carreaux dans la cour, puis
s’écarteront pour nous laisser le passage.
    Après avoir, espérait-il, attiré sur eux les flèches des
archers anglais qui seraient sans doute postés là.
    Messire Henri attrapa un morceau de charbon de bois et traça
un plan sur la table de la cuisine pour montrer à Joscelyn ce qu’il y avait
dans la cour du château. Les écuries, expliqua-t-il, étaient à droite et
devaient être évitées, car elles ne menaient nulle part.
    — Face à vous, Seigneur, il y aura deux portes. Celle
de gauche mène aux cachots, et là encore, si vous vous retrouvez en bas, vous
n’aurez pas d’issue. Celle de droite, au sommet d’une dizaine de marches,
conduit aux salles du donjon et aux remparts.
    — Donc c’est celle que nous voulons ?
    — Exactement, Seigneur.
    En réalité, en son for intérieur, messire Henri était plus
circonspect. Il aurait voulu mettre en garde son maître, lui dire que messire
Guillaume était un soldat expérimenté, qu’il serait parfaitement prêt. Le siège
proprement dit venait à peine de commencer. Le canon n’était en action que
depuis moins d’une journée. C’était précisément à ce moment-là qu’une garnison
était le plus en alerte. Guillaume d’Evecque devait s’attendre à une attaque.
Mais Courtois savait que toute incitation à la prudence ne ferait que susciter
de nouvelles railleries méprisantes de Joscelyn. Aussi choisit-il de rester
muet.
    Le comte ordonna à son écuyer de lui préparer son armure.
Puis il décocha à messire Henri un regard sans aménité.
    — Quand le château sera repris, dit-il, tu seras de
nouveau son châtelain.
    — Si tels sont les ordres de Sa Seigneurie, répondit
Courtois, accusant l’annonce de son

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