L'Héritage des Templiers
abritait un fabuleux trésor. Cette hypothèse était partiellement fondée. Terre des troubadours et des croisades, région parsemée de châteaux, le Languedoc avait vu naître la légende du Saint-Graal. Malheureusement, au lieu d’entraîner des études sérieuses, les travaux de Lars Nelle n’avaient suscité d’engouement que chez les écrivains hippies et les réalisateurs indépendants ; ceux-ci avaient extrapolé à partir de ses hypothèses de départ et fini par élaborer des théories allant de l’intervention extraterrestre à la découverte d’un butin romain, en passant par celle de l’essence profonde du christianisme. Bien évidemment, rien n’avait jamais été prouvé ni découvert, mais Malone ne doutait pas que l’industrie du tourisme français se réjouissait du mystère qui entourait la région.
Le volume que Stéphanie avait tenté d’acquérir à la vente aux enchères de Roskilde s’intitulait Pierre s gravées d u Languedoc. Titre étrange pour un sujet d’étude qui ne l’était pas moins. Quel intérêt pouvait-elle donc lui trouver ? Stéphanie n’avait jamais été sensible au travail de son mari, il le savait. C’était leur principal sujet de discorde, celui qui avait fini par les conduire à mettre un océan entre eux puisque Lars vivait en France, Stéphanie, aux États-Unis. Dans ce cas, que faisait-elle au Danemark onze ans après sa mort ? Et pourquoi tous ces gens s’intéressaient-ils de si près à ses affaires – au point même d’y perdre la vie ?
Il continua son chemin tout en essayant d’organiser ses idées. Il savait que Peter Hansen ne serait pas content de le voir, aussi décida-t-il de peser ses mots avec le plus grand soin. Il faudrait apaiser l’imbécile tout en s’efforçant d’en apprendre le maximum. Il était prêt à payer s’il le fallait.
La fenêtre du troisième étage de l’immeuble de Hansen vola en éclats.
Malone leva les yeux : un corps plongea dans le vide avant de s’écraser sur le capot d’une voiture en stationnement.
Malone se précipita vers la victime en qui il reconnut Peter Hansen. Il prit son pouls. Très faible.
Contre toute attente, Hansen ouvrit les yeux.
« Vous m’entendez ? » demanda Malone, sans obtenir de réponse.
Quelque chose lui frôla la tête avec un sifflement et la poitrine de Hansen se souleva. Un autre sifflement, et le crâne de Hansen éclata ; du sang et de la cervelle éclaboussèrent la veste de Malone.
Il se retourna.
Trois étages plus haut, dans l’encadrement de la fenêtre brisée, se tenait un homme armé : l’inconnu qui lui avait tiré dessus dans la cathédrale – celui-là même qui voulait s’en prendre à Stéphanie. Pendant le laps de temps qu’il lui fallut pour recharger son arme, Malone sauta derrière la voiture.
Une pluie de balles s’abattit sur lui.
Le bruit des tirs était étouffé. L’homme utilisait un silencieux. Une balle rebondit sur le capot, près du corps de Hansen. Une autre fit éclater le pare-brise.
« Monsieur Malone, cria l’inconnu, cette affaire ne vous regarde pas !
— Désormais, elle me regarde. »
Malone n’avait pas l’intention de traîner dans le coin pour débattre de la question. Il se fit tout petit et descendit la rue en s’abritant derrière les voitures.
D’autres balles s’encastrèrent dans le verre et l’acier en cherchant à l’atteindre.
Une vingtaine de mètres plus loin, il se retourna. Le visage disparut à la fenêtre. Il se releva, se mit à courir, tourna dans la première rue qu’il croisa, puis une autre, s’efforçant d’exploiter le dédale des rues à son avantage, mettant le maximum de distance entre ses poursuivants et lui. Le sang lui battait aux tempes, son cœur s’emballait. Merde. Les affaires reprenaient. Il s’arrêta un moment pour reprendre son souffle. Quelqu’un approchait en courant. Il se demandait si ses poursuivants sauraient trouver leur chemin dans le Strøget. Il lui fallait partir du principe que oui. Il tourna dans une autre rue et se retrouva cerné par d’autres boutiques obscures. Son estomac se noua. Il avait de moins en moins de choix. Devant lui se trouvait l’une des nombreuses places parsemant le quartier avec en son centre une fontaine bouillonnante. Les cafés qui la bordaient étaient tous fermés pour la soirée. Il n’y avait pas âme qui vive. Il lui serait difficile de trouver un endroit où se réfugier dans le coin. De
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