L'Héritage des Templiers
reprises ces dernières années, mais il y avait des limites à son efficacité.
« Emmenez-le à l’infirmerie et dites au médecin de les soigner tous les deux sur place », ordonna-t-il à son lieutenant.
Un coup d’œil à sa montre lui indiqua qu’il restait quarante minutes avant que la messe ne s’achève.
« La porte qui mène au dortoir est toujours verrouillée, conformément à vos ordres », indiqua un autre moine.
De Rochefort savait que les fugitifs n’étaient pas repassés par le réfectoire. La sentinelle désormais blessée ne les avait pas vus. Il ne restait plus qu’une possibilité. Il s’empara d’un pistolet.
« Restez ici. Que personne n’entre. Je me charge d’eux. »
Le sénéchal pénétra dans la salle de bains puissamment éclairée. Les toilettes, urinoirs et lavabos en acier encastrés dans des comptoirs de marbre s’alignaient contre le mur. Geoffrey s’était caché dans la salle de bains voisine. Tendu, le sénéchal s’efforça de se calmer. Il ne s’était jamais trouvé dans pareille situation auparavant. Il respira profondément, se retourna et saisit la poignée de la porte ; il l’entrouvrit et risqua un coup d’œil dehors.
Le dortoir était toujours désert.
Leurs poursuivants les cherchaient-ils dans une autre partie de l’abbaye ? Elle ressemblait à une véritable fourmilière avec ses centaines de couloirs. Geoffrey et lui n’avaient besoin que de quelques minutes pour s’enfuir. Il se maudit de nouveau pour sa faiblesse. Des années de méditation et de dévotion gâchées. Il était désormais en fuite et venait de se faire plus de quatre cents ennemis. « Je respecte le pouvoir de nos adversaires. » Voilà ce qu’il disait au maître hier encore. Il secoua la tête, incrédule. Drôle de façon de témoigner son respect. Jusqu’ici, il n’avait rien fait de bien malin.
La porte du dortoir s’ouvrit et Raymond de Rochefort fit irruption dans la pièce.
Il tira le volumineux verrou.
Tous les espoirs du sénéchal s’évanouirent.
La confrontation aurait lieu ici et maintenant.
Pistolet au poing, de Rochefort étudia la pièce en se demandant certainement où sa proie pouvait bien se cacher. Il n’avait pas été dupe de leur petit jeu. Le sénéchal n’avait cependant pas l’intention de mettre la vie de Geoffrey en danger. Il devait attirer l’attention de son ennemi. Aussi lâcha-t-il la poignée de la porte qui se ferma avec un léger bruit.
De Rochefort perçut un mouvement et le bruit d’une porte venant heurter doucement un chambranle métallique. Son regard s’arrêta sur les sanitaires au fond du dortoir.
Il avait vu juste.
Ils étaient là.
Et il était temps d’en finir.
Le sénéchal jeta un regard circulaire sur la salle de bains où les néons jetaient une lumière crue. Un long miroir suspendu au mur au-dessus du comptoir agrandissait encore l’espace. Au sol, du carrelage ; les toilettes étaient séparées par des cloisons de marbre. Tout avait été conçu avec soin et pensé pour durer.
Il se rua dans le deuxième cabinet dont il referma la porte battante. Il sauta sur le siège et se pencha par-dessus la cloison jusqu’à ce qu’il lui fût possible de verrouiller la porte des premier et troisième cabinets. Il se fit ensuite tout petit en espérant que de Rochefort mordrait à l’hameçon.
Il lui fallait attirer son attention. Il ôta le rouleau de papier toilette du dévidoir.
Il y eut un courant d’air lorsque la porte de la salle de bains s’ouvrit.
Des pas glissèrent sur le carrelage.
Recroquevillé sur les toilettes, arme au poing, le sénéchal s’efforça de respirer calmement.
De Rochefort pointa son automatique vers les toilettes. C’est là que le sénéchal se cachait. Il le savait. Mais où exactement ? Allait-il prendre le temps de vérifier sous les portes ? Trois d’entre elles étaient closes, trois entrouvertes.
Non.
Il décida d’ouvrir le feu.
De Rochefort s’apprêtant sans doute à tirer, le sénéchal lança le dévidoir par-dessous la cloison.
Il tomba sur le carrelage en claquant.
De Rochefort fit feu sur la première porte qu’il défonça d’un coup de pied. Un nuage de poussière de marbre voleta autour de lui. Un nouveau coup de feu détruisit la canalisation et le plâtre qui recouvrait le mur.
Une gerbe d’eau jaillit.
Les toilettes étaient inoccupées.
Avant que de Rochefort ait pu se rendre compte de son erreur,
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