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L'homme au ventre de plomb

L'homme au ventre de plomb

Titel: L'homme au ventre de plomb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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éteint et levant un doigt, il tenta de
s'expliquer.

    â€“ Nicolas...

    â€“ Oui, mon
ami.

    â€“ J'ai vu le
cocher. Le cocher du ministre de Bavière.

    â€“ C'est très
bien, mon ami.

    â€“ Il en a vu
de belles... La face... La face...

    Il s'écroula
sans terminer sa phrase. Bientôt la maison retentit de trois
ronflements, tandis qu'Awa s'affairait tard dans la nuit à
tout remettre en ordre.

Chapitre X
    Le labyrinthe

    Quels étaient
mes égarements !
Tous passent la fatale barque,
Dit-il. Plus ces lieux sont
charmants
Plus on y doit craindre la
Parque.

    Henri Richer

    Mercredi 31
octobre 1761

    Le réveil
fut un peu embarrassé, même si les excès de la
veille ajoutés au vigoureux traitement de Catherine avaient
fait disparaître, comme par miracle, les contusions et
courbatures de Nicolas. Il se contenta pourtant de son chocolat
coutumier, totalement sourd aux propositions tentatrices de Semacgus
et de Bourdeau. Eux demeuraient les fervents tenants du verre de vin
blanc sec comme du meilleur adjuvant pour dégager les humeurs
au lendemain d'un souper bien arrosé. La voiture était
là, le cocher ayant couché dans le foin de la remise
après avoir été gorgé de nourriture et de
boisson par l'accueillante Awa.

    Le matin était
frais et clair, et le soleil accompagna Nicolas sur le chemin de
Versailles. Cette mission serait-elle aussi mouvementée que la
précédente ? Découvrirait-il de nouveaux
éléments susceptibles de faire progresser son enquête
? Il se rappela après coup qu'il n'avait pas interrogé
Bourdeau sur ses propos incohérents de la veille. N'avait-il
pas été question du cocher du ministre de Bavière
?

    L'essentiel, pour
le moment, était de parvenir à s'introduire chez Madame
Adélaïde pour y rencontrer le personnage qui lui
fournirait les renseignements sur les bijoux dérobés.
Nicolas observait généralement chez les grands un
mépris absolu des détails et des contingences.
Laissaient-ils tomber un ordre ou une instruction, qu'il vous
revenait de vous débrouiller seul : la manière de faire
ou l'information banale, qui auraient pu vous faciliter la tâche,
ne participaient pas de leurs préoccupations. Il pourrait
toujours s'adresser à M. de La Borde, mais il nourrissait
quelques scrupules d'avoir encore recours à lui. Peut-être
le dégourdi garçon bleu qui paraissait tout savoir et
tout connaître pousserait-il la complaisance jusqu'à le
guider chez Madame ?

    Route de Paris,
dans la grande perspective du château, Nicolas songea qu'un
coup d'œil à la maison de Mlle de Sauveté. lui
dégourdirait les jambes. Les visites inopinées
donnaient parfois lieu à des découvertes inattendues.
Il fit arrêter le fiacre et s'approcha en empruntant l'air
dégagé et insouciant d'un promeneur matinal. Il fut
pourtant immédiatement repéré par la vieille
femme qui s'était déjà adressée à
lui, quatre jours auparavant. Il n'avait pas voulu la croire alors,
mais, de fait, sa surveillance s'exerçait en permanence. Il
sourit en pensant que c'était là une bien innocente
manie, qui ne faisait de mal à personne. Les petits yeux bleus
le fixaient avec gentillesse.

    â€“ Je vous
l'avais bien dit ! Je vous l'avais bien dit ! Avouez que la dame vous
intrigue... Mais elle n'est pas au logis. Pour sûr, nous
l'avons vue partir, cette fois-ci !

    Nicolas ne chercha
pas à feindre un désintérêt peu crédible.

    â€“ Et quand
est-elle partie ?

    â€“ Hier
après-midi vers deux heures.

    â€“ Promenade
?

    â€“ Elle n'est
pas rentrée depuis.

    â€“ Cela
est-il bien assuré ?

    Elle fit une moue
pleine de reproches.

    â€“ Nous
croyez-vous si distraite de l'avoir laissée passer sans la
voir ?

    â€“ Loin de
moi un tel soupçon, mais samedi vous m'aviez dit que,
plusieurs fois, vous ne l'aviez pas vue sortir.

    L'air buté,
elle rentra dans son jardin et lui claqua la porte au nez. Nicolas se
dit qu'il ne retrouverait jamais une aussi bonne occasion. La grille
de la maison de Mlle de Sauveté n'était pas fermée,
juste poussée. Il traversa le jardin triste. La grande
porte-fenêtre était close avec ses volets intérieurs
tirés. Il fit le tour du pavillon. Sur le derrière, une
porte en bois vermoulu lui parut propice

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