Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'inconnu de l'Élysée

L'inconnu de l'Élysée

Titel: L'inconnu de l'Élysée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Péan
Vom Netzwerk:
et y lançait ce cri : « Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs ! » Il proposait notamment d'ouvrir un nouveau chantier, celui de l'éradication de la pauvreté : « À l'heure de la mondialisation, la persistance de la pauvreté de masse est un scandale et une aberration. Appliquons les décisions de Doha et de Monterey. Augmentons l'aide au développement pour atteindre dans les dix ans au maximum les 0,7 % du PIB ! Trouvons de nouvelles sources de financement ! Par exemple, par un nécessaire prélèvement de solidarité sur les richesses considérables engendrées par la mondialisation. »
    Des mots ? Nenni… Sous l'impulsion de Jacques Chirac, la France a été en pointe pour augmenter l'aide publique au développement, pousser l'Europe à le faire, lancer des actions à destination des pays du Sud en matière d'éducation, de santé, d'accès à l'eau, d'agronomie, ainsi que pour alléger ou effacer la dette des pays les plus démunis. En pointe également pour lutter contre le sida, en incitant à l'assouplissement des règles régissant la propriété sur les brevets, pour généraliser aux pays pauvres l'accès aux médicaments génériques, pour mobiliser des ressources supplémentaires, la France étant devenue, ce faisant, le deuxième pays contributeur au Fonds mondial pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
    Surtout, Jacques Chirac a été le premier à lancer l'idée de financements innovants pour fournir de nouvelles recettes afin de mieux lutter contre la pauvreté : « La mondialisation de l'économie exige la mondialisation de la solidarité », dit-il au Mexique, le 21 mars 2002. Le 7 novembre 2003, il confie à Jean-Pierre Landau, inspecteur général des Finances, la responsabilité d'un groupe de travail pour réfléchir à de nouvelles contributions financières internationales. Landau s'entoure de militants d'ONG – Attac, CCFD, Coordination Sud –, mais aussi de représentants de multinationales comme Anne Lauvergeon, PDG d'Areva, et de fonctionnaires internationaux. Les propositions du groupe de travail en faveur d'une taxe mondiale pour lutter contre la pauvreté – le groupe Landau propose une taxe sur les billets d'avion – sont reprises à leur compte, en septembre 2004, par Jacques Chirac et le président brésilien Lula da Silva, bientôt rejoints par les dirigeants d'Espagne, du Chili et d'une centaine d'autres pays. « Des idées, jugées voici peu utopiques ou irresponsables, s'affirment. Un tabou est en train de tomber ! »
    Des idées qui avaient longtemps été l'apanage de la gauche, voire de l'extrême gauche. De son côté, Washington avait dépêché Ann Veneman, ministre de l'Agriculture, pour torpiller cette initiative : « Les taxes globales sont intrinsèquement antidémocratiques, et leur mise en application, impossible », avait-elle proclamé. « Si forts que soient les Américains, on ne s'oppose pas durablement et victorieusement à une proposition qui a déjà été approuvée par 110 pays et le sera demain par 150. Après la leçon irakienne, il n'est pas sûr qu'ils puissent encore refuser le fait majoritaire. L'égoïsme se paie en révolte d'hommes », a rétorqué le président français.
    L'idée lancée par le chef de l'État fait son chemin. Le 26 janvier 2005, devant le Forum économique mondial de Davos, Jacques Chirac propose encore une « contribution sur les transactions financières internationales », ou un « faible prélèvement sur les trois milliards de billets d'avion vendus chaque année de par le monde ». En septembre 2005, la France, l'Allemagne, l'Algérie, le Brésil, le Chili et l'Espagne lancent ensemble, à New York, le premier prélèvement international de solidarité sur les billets d'avion… Le 1 er  juillet 2006, cette taxe est instaurée en France et devrait rapporter 200 millions d'euros à partir de 2007. Le 19 septembre 2006, en marge de la 61 e assemblée générale de l'ONU, Chirac et Lula lancent officiellement UNITAID, mécanisme de financement visant à aider les pays pauvres à mieux lutter contre le sida, le paludisme et la tuberculose. Cinq pays, dont la France, ont alors déjà institué une taxe sur les billets d'avion, et dix-neuf autres ont engagé les procédures destinées à la mettre en place.

    À Barcelone, en février 2006, le « dialogue des cultures » toujours à la bouche, Jacques Chirac a proposé une rencontre de créateurs,

Weitere Kostenlose Bücher