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L’Inconnue de Birobidjan

L’Inconnue de Birobidjan

Titel: L’Inconnue de Birobidjan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: MAREK HALTER
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changer d’avis ?
    â€” Pourquoi l’aurais-je fait ?
    â€” Ça ne vous gênait pas qu’une communiste paie votre résidence au Volney ?
    â€” Je l’ai quittée pour ça, pour que Dotie ne paie plus mon loyer.
    â€” Pas parce que vous saviez qu’elle était communiste ?
    â€” Non ! Non !
    â€” Pourquoi, alors ?
    â€” Je ne me sentais pas à l’aise dans ce quartier riche, et pas à l’aise qu’elle paie. C’est tout.
    â€” Parce que vous lui mentiez ? Parce que vous vous faisiez passer pour juive ? Parce qu’au Birobidjan vous mentiez à tous ?
    â€” Peut-être.
    â€” Ou vouliez-vous habiter dans un endroit plus discret pour votre travail d’espionnage ?
    â€” Vous dites n’importe quoi !
    â€” Mrs Parker vous a-t-elle parlé d’un homme nommé Otto Katz ?
    â€” Non.
    â€” Ce nom ne vous évoque rien ?
    â€” Je l’ai entendu à Hollywood. Je crois qu’il avait été le mari de l’actrice Marlene Dietrich.
    â€” Vous ne saviez pas que le FBI le recherchait et que votre amie Mrs Parker le connaissait bien ?
    â€” Non.
    â€” Connaissez-vous un nommé Harry Gold ?
    â€” Non.
    â€” Vraiment ?
    â€” Pourquoi devrais-je le connaître ?
    â€” Avez-vous déjà rencontré des personnes se nommant Morton Sobell et David Greenglass ?
    â€” Non. Je ne sais pas qui c’est.
    â€” Un nommé Joel Barr ?
    â€” Non.
    â€” Alfred Sarant ?
    â€” Non.
    â€” William Perl ?
    â€” Je n’ai jamais entendu ces noms.
    â€” Vous n’avez jamais entendu le nom de Sobell, Morton Sobell ?
    â€” Je viens de vous le dire.
    â€” Pourtant, M. Sobell habite comme vous au 35 Hester Street, Lower East Side. L’appartement au-dessus de votre chambre, pour être précis, Miss Gousseïev.
    Shirley et sa collègue suspendirent leur frappe. Le silence vibra comme une lame. McCarthy et Nixon découvrirent leurs dents dans un mauvais rictus. Le front de Mundt était aussi plissé qu’un champ de labour.
    Et moi… j’avais cassé la pointe de mon crayon en entendant la plupart des noms que T. C. m’avait cités la veille !
    Cohn abandonna sa fiche sur sa table avec un regard à l’intention de Wood.
    â€” Monsieur le président, Morton Sobell est recherché par le FBI. Il a quitté son appartement avant-hier, le 22 juin. On suppose qu’il est en fuite au Mexique. Le cabinet du procureur général Saypol, auquel j’appartiens, détient la preuve que Sobell fait partie d’un réseau soviétique d’espionnage dont de nombreux membres agissent à New York.
    â€” Je ne le connais pas ! s’écria Marina. Je ne connais pas mes voisins… Ça ne m’intéresse pas, de les connaître. Je n’ai pas l’habitude de… Ce n’est pas parce qu’un espion vit dans un immeuble que tous les habitants de cet immeuble sont des espions !
    Elle parlait vite. Trop vite. Son accent était reparu et déformait ses mots. Pour la première fois depuis longtemps, elle ne maîtrisait pas sa voix. La peur était de retour sur son visage.
    Cohn opina :
    â€” Bien sûr, vous avez raison.
    Son ton montrait à quel point il était satisfait. Il avait obtenu en dix minutes tout ce qu’il voulait : la preuve qu’on ne pouvait pas se fier à la parole de Marina Andreïeva Gousseïev ; et que, probablement, si on lui en donnait l’occasion, elle continuerait de mentir.
    La mécanique de suspicion de l’HUAC s’alimentait au principe qu’il n’y avait jamais de fumée sans feu. Marina Andreïeva Gousseïev était entrée aux États-Unis sous un faux nom lié à la mort d’un agent de l’OSS, elle s’était fait passer pour juive, s’était fait entretenir par une « vraie communiste juive » et, comme par hasard, elle était la voisine d’un espion identifié par le FBI !
    Et Dieu sait ce que Cohn et le cabinet de Saypol gardaient encore dans leur manche. Dieu sait ce qu’ils allaient « découvrir » dans les bouquins et les scripts récupérés pendant la perquisition. Des microfilms

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