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L’Inconnue de Birobidjan

L’Inconnue de Birobidjan

Titel: L’Inconnue de Birobidjan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: MAREK HALTER
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les mains, se présenta avant que Levine ne puisse le faire :
    â€” Iaroslav Peretz Sobilenski. Ma mère n’a jamais pu se décider entre Iaroslav et Peretz, et finalement moi non plus. Mais toi tu peux choisir, je réponds à l’un ou à l’autre,d’ordinaire on réclame davantage Iaroslav que Peretz. C’est l’habitude russe qui veut ça, je suppose.
    Levine présenta les femmes, Vera Koplevna, Guita Koplevna et Anna Bikerman. Bien sûr, Vera et Guita étaient sœurs.
    â€” Mais pas jumelles. Tout le monde croit qu’on est jumelles, mais pas du tout. Vera a deux ans de plus que moi. Elle en est très fière parce qu’elle croit qu’elle fait plus jeune que son âge. C’est tout l’inverse, hélas, mais c’est si bon de vivre d’illusions.
    Il y eut des rires. Le sourire pétillant, Anna Bikerman agrippa le bras de Marina.
    â€” Jusque-là, notre camarade directeur n’avait que moi comme jeunette dans sa troupe. Sois prudente avec lui, il a perdu l’habitude des belles femmes.
    Levine rit pour masquer son embarras, voulut prendre la parole de manière un peu sérieuse. Vera Koplevna ne le laissa pas faire :
    â€” Pas de grands discours, Metvei. On est trop fatigués et ce qu’a besoin de savoir notre nouvelle camarade tient en dix phrases. Avec Anna et ma sœur Guita, cela fait vingt-cinq ans que nous jouons ensemble. Et c’est ensemble que nous avons décidé de venir ici, au GOSET de Birobidjan. C’était il y a dix ans. On a vu beaucoup de choses, des belles et d’autres. Il fut un temps où on ne s’entendait pas, dans ce foyer, tant il y avait d’acteurs et d’actrices à piailler comme des perruches. Et ce vieux bonhomme qui ne paye pas de mine à côté de toi, il y a quarante ans il pouvait déplacer deux mille personnes pour une soirée de contes yiddish à Varsovie ou à Berditchev. Iaroslav est modeste, alors c’est moi qui te le dis. Il a travaillé avec Granovski et Mikhoëls dans le premier GOSET de Moscou. Si tu veux sincèrement te mettre à l’école du théâtre yiddish, personne ne pourra mieux te l’apprendre que notre Iaroslav. Voilà.
    Elle adressa un grand sourire à Marina et un clin d’œil à sa sœur, qui pouffa.
    â€” Tu vois, Metvei : en dix phrases !
    Iaroslav dit à Marina :
    â€” Comme tu le constates, nous savons parfaitement faire notre propre propagande. Vera parle d’un temps…
    Anna l’interrompit :
    â€” Ce thé est imbuvable, Iaroslav… As-tu prévu de quoi fêter cet événement, camarade directeur ?
    â€” Je croyais que tu voulais te reposer, Anna. Ce soir nous pourrons…
    La porte du foyer s’ouvrit violemment.
    â€” Metvei !
    La politruk Mascha Zotchenska jaillit dans le foyer, la neige encore collée au revers de ses bottes et les mèches plaquées sur ses joues brûlantes. Elle bondit au cou de Levine en bousculant tout le monde.
    â€” Metvei, oh, Metvei ! C’est fini, on a gagné ! L’Armée rouge a gagné ! Les fascistes sont vaincus à Stalingrad !
    Zotchenska était en larmes. Elle s’accrochait à Levine en sanglotant et lui couvrait le visage de baisers. Marina recula pour laisser le vieux Iaroslav détacher la politruk de Levine. Le rire de Guita tintait au milieu des exclamations. Levine repoussa Zotchenska, la suppliant de se calmer :
    â€” Mascha, Mascha, je t’en prie !
    Vera parvint enfin à l’apaiser pendant que Levine cherchait le regard de Marina. Entre ses sanglots de joie, Zotchenska répondit enfin aux questions de Iaroslav et d’Anna.
    La nouvelle de la victoire, ils l’avaient eue tôt le matin, mais sans y croire. Craignant de se faire une fausse joie. Un garçon de la poste était venu annoncer à Klitenit qu’il avait capté une émission à la radio. Ils avaient passé des heures au téléphone à attendre une confirmation de Khabarovsk. Le secrétariat du Parti avait enfin confirmé. La secrétaire Priobine avait appelé Mascha en personne. Elles ne pouvaient plus parler, tant elles pleuraient de joie dans le combiné. Mais c’était vrai, ça y était ! Les Boches étaient vaincus à Stalingrad. L’Armée rouge

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