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L’Inconnue de Birobidjan

L’Inconnue de Birobidjan

Titel: L’Inconnue de Birobidjan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: MAREK HALTER
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un claquement de doigts. Je n’aurais pas été surpris qu’il me fiche dehors. J’étais à cran. Je le laissai bouder tout en me resservant un verre.
    â€” Excusez-moi. Oubliez ça. Je retire le cynisme, admis-je. Vous avez sans doute raison… Merde, T. C. ! Cette femmeme fait tourner en bourrique. La vérité est que je suis un Juif sentimental et orgueilleux, et que j’aurais du mal à admettre que je me suis fait avoir.
    T. C. balaya ma remarque d’un mouvement de la tête.
    â€” On n’en est pas là… J’ai déjeuné avec un bon ami du Pentagone. Il m’a expliqué une ou deux choses intéressantes concernant la procédure des agents de l’OSS pendant la guerre. Ils n’opéraient jamais seuls. En URSS moins qu’ailleurs. Les agents « intégrés », ceux qui se fondaient dans la population pour plusieurs années, avaient besoin d’« échos » : d’autres agents qui servaient de « boîte aux lettres », qui réceptionnaient leurs informations et les retransmettaient chez nous, à Langley, le quartier général de l’OSS. Ces types se relayaient de façon à limiter les risques. Si l’agent intégré était en danger, il pouvait réclamer de l’aide à son écho. Ils avaient des procédures d’urgence. Ce qui signifie qu’Apron n’était pas seul. Il avait un écho quelque part. Probablement hors du Birobidjan, mais pas très loin. Si l’on examine la carte, il n’y a que deux villes possibles : Khabarovsk et Vladivostok. Ce qui suppose aussi autre chose…
    T. C. avait retrouvé son goût de la mise en scène.
    â€” Ce type, cet écho, a certainement su quand et comment Apron a disparu. Et la première chose qu’il a dû faire, c’est en informer l’OSS. Peut-être même sa mission s’est-elle arrêtée là, puisqu’il n’avait plus rien à transmettre ? Il est impossible qu’à Langley, on n’ait pas été au courant…
    â€” Le dossier de l’Irlandais ! Le dossier que ce type de la CIA, O’Neal, a donné à Wood. Il contient toute l’histoire !
    T. C. approuva.
    â€” Bien probable. Peut-être pas toute l’histoire, mais il doit au moins signaler l’existence de cet autre agent. Détailler quand et comment Apron a été grillé auprès des Russes. Et quand, à Langley, on a appris la mort d’Apron…
    â€” Et comme ça ne cadre pas avec leur version de l’histoire, c’est-à-dire le meurtre d’Apron par Marina, Nixon,McCarthy, Cohn et toute la clique ont dissimulé l’existence de ce second agent…
    â€” Ou la CIA les a priés de ne pas en parler, tout simplement.
    â€” Pourquoi ?
    â€” Al, Dieu sait combien d’espions américains sont chez Staline en ce moment. La CIA ne va pas claironner comment elle s’y prend. Il est possible que la boîte aux lettres utilisée par Apron soit encore active…
    â€” Il nous faut ce rapport.
    â€” Comme vous y allez ! Vous pensez le leur demander ?
    â€” Votre ami du Pentagone…
    â€” Bavarder est une chose, Al. Sortir un document classé secret en est une autre.
    L’ironie de T. C. étouffa mon excitation. C’était toujours la même rengaine. On faisait un pas en avant pour s’apercevoir qu’il fallait en faire cinq de côté avant de retrouver la lumière au bout du tunnel.
    â€” Je vais commencer par rencontrer votre actrice.
    â€” Elle ne va pas vous sauter au cou. Il faudra la convaincre de vous faire confiance.
    â€” Je lui dirai que je viens de votre part.
    Je ne tentai même pas d’avoir l’air amusé.
    â€” Il y a encore une possibilité, T. C.
    â€” Oui ?
    â€” Les Soviets peuvent envoyer quelqu’un à Marina. Pas pour la sortir de l’Old County Jail. Pour la supprimer.
    T. C. m’observa avant d’opiner :
    â€” C’est exact. C’est une possibilité.
    â€” Ce ne serait pas la première fois.
    â€” Non.
    â€” Il vaudrait mieux que vous insistiez pour la voir le premier… au cas où la question se poserait.
    T. C. me fit raccompagner par Ulysse dans son carrosse personnel, une Chrysler T. C.

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