Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L’Inconnue de Birobidjan

L’Inconnue de Birobidjan

Titel: L’Inconnue de Birobidjan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: MAREK HALTER
Vom Netzwerk:
l’ukrainien, le yiddish et l’allemand. Il était doué pour les langues, mais il voulait devenir médecin. Depuis toujours. Il m’a dit : « Aussi loin que je me souvienne, où qu’on aille, quels que soient la ville ou le pays, il y avait des malades autour de nous. Je détestais ça. » Pendant ses études, on lui a proposé d’être espion. À cause de toutes les langues qu’il connaissait. Et aussi parce que ceux qui le recrutaient savaient qu’il détestait les bolcheviks et Staline à cause de la mort de son père. Il n’a pas accepté tout de suite. Seulement quand ils lui ont proposé de se rendre au Birobidjan comme médecin. Là, c’était différent. Il pourrait exercer, soigner. C’était un bon médecin. Tout le monde l’aimait, pas seulement les Juifs. Il allait jusque dans la campagne. Même en hiver avec la neige.Son accent nous amusait. Personne ne se doutait de rien. Pourtant, avec le comité…
    â€” Monsieur le président !
    O’Neal s’agitait depuis un moment. Il interrompit brutalement Marina.
    â€” Monsieur le président, je ne crois pas qu’il soit bon de laisser votre témoin poursuivre. Son témoignage sur un agent de l’OSS ne peut pas être crédible…
    â€” Pourquoi ? Je répète ce que Michael m’a raconté.
    â€” Miss Gousseïev…
    â€” Si vous pensez que je mens, dites-nous ce que vous savez… On verra bien.
    â€” Je ne suis pas ici pour discuter de la personnalité et du passé d’un agent…
    â€” Alors, pourquoi êtes-vous ici, monsieur ?
    C’était le sénateur Mundt. Il ne s’était pas beaucoup manifesté jusque-là. À présent, il se tenait raide derrière son micro, la colère lui soulevant les sourcils et plissant son grand front pâle. Plus que jamais il arborait cet air hautain, vaguement supérieur, d’universitaire qui a déjà tout compris.
    â€” Venez-vous juste témoigner devant cette commission que vous ne pouvez rien dire ?
    â€” Il était entendu avec le procureur Cohn que mon témoignage concernerait les informations disponibles sur le Birobidjan ! protesta l’Irlandais. Pas la mission d’un agent…
    â€” Le procureur Cohn a ses compétences, la Commission a les siennes, monsieur O’Neal. Et il est bien question des conditions de la mort de l’agent Apron…
    McCarthy tenta d’intervenir :
    â€” Sénateur Mundt, on pourrait…
    Mundt, ne lui accordant pas un regard, laissa éclater son irritation :
    â€” Monsieur le président, je ne vois pas ce qui empêche M. O’Neal de répondre à des questions qui n’engagent pas la sécurité de l’État ! Cette mission au Birobidjan est achevée depuis cinq ans. Depuis hier, le nom de l’agent Apron estpublic. Si M. O’Neal doit contredire Miss Gousseïev, nous devons l’entendre.
    Malgré sa fureur, Mundt était parvenu à prononcer le nom de Marina correctement. Peut-être commençait-elle à lui plaire ? Elle lui en fut reconnaissante, lui adressa un sourire et déclara doucement :
    â€” Michael m’a dit qu’il était arrivé à Birobidjan au printemps 42. Quelques mois après l’attaque de Pearl Harbor par les Japonais.
    Wood était dépassé. Il leva son marteau. Mundt ne le laissa pas faire.
    â€” Vrai ou faux, monsieur O’Neal ? C’est une précision que vous pouvez nous confirmer, j’en suis sûr ?
    L’Irlandais chercha de l’aide auprès de McCarthy et de Nixon. Ils restèrent imperturbables. Wood reposa son marteau en grommelant :
    â€” Pouvez-vous répondre au sénateur Mundt, monsieur O’Neal ?
    â€” Il faudrait vérifier dans les documents, répondit l’Irlandais avec un geste d’agacement.
    â€” Monsieur O’Neal…, commença Mundt.
    â€” Je vous réponds, monsieur. Je ne me souviens pas avec précision de la date. Je vous ai expliqué ce matin qu’on avait profité d’une opportunité pour envoyer des gars chez Staline. C’était presque officiel. Quand Hitler a envahi l’URSS, pendant cinq ou six mois on a bien cru que les Soviets allaient prendre la

Weitere Kostenlose Bücher