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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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et son art du jeu pouvait faire des miracles. Un courtisan lui parlerait-il ?
    Je m’habillai alors en silence. À travers les planches disjointes du volet, je vis que s’annonçait un jour où le soleil acceptait de nous câliner tendrement. Ses rayons perçaient déjà un air pur, délaissé par un vent paresseux. Comme mon père l’avait conseillé, je devais également prendre le temps d’entendre la marquise de Sévigné. Sur les jansénistes de Port-Royal, elle n’avait forcément pas tout dit. Et si un complot menaçait ses amis, une femme aussi bien avertie avait forcément des nouvelles à m’apprendre.
    EN LES ÉPROUVANT ELLE LEUR DONNE DU PRIX
    1 - Arrête ! Ne va pas plus loin !
    2 - Les Grands Chapeaux sont les jésuites.

XV. L’épreuve et le prix de la vérité
    « Au moins, jusqu’à revoir La Reynie », avais-je supplié François. « Donne-moi encore un peu de ce temps pour sauver l’honneur de mon père. » Que pesait un jour ? Il n’avait su dire non, mais ses yeux si doux et si verts se posaient sur les miens et m’interrogeaient. Plus tard, qu’adviendrait-il ? À regret, il m’avait laissé partir. Et avant midi, j’arrivais chez la marquise de Sévigné.
    Jean-Baptiste trônait dans la cuisine, et la scène qui s’y déroulait se voyait dédiée à son courage. Sébastien et une jeune chambrière, les joues rougies par l’émotion, ne lâchaient pas l’orateur qui, alors que j’hésitais à entrer, expliquait combien il trouvait maintes similitudes entre les forbans de la veille et les cruels Cyclopes dont le magnifique Ulysse s’était défait par la ruse. À en croire notre valeureux Bonnefoix, plus habile au repli sous les porches qu’aux duels avec botte secrète, son action relevait ni plus ni moins de l’Odyssée. Sa rodomontade cocasse et sympathique m’amusait.
    — La mienne, de ruse, consista à me servir d’un sifflet. Homère lui-même n’y aurait pas songé, assurait-il en ajoutant, roucoulant et pinçant la joue de la soubrette : cette jolie tête de friponne connaît-elle les aventures du formidable héros ?
    La servante s’excusa de son ignorance.
    — Sébastien ! rugit Bonnefoix, trouvez-nous encore un peu de ce bon vin. Et vous, mon petit, posez ces draps qui encombrent vos bras. Venez vous asseoir. Non, là, à côté de moi.
    C’était un vrai triomphe et si Jean-Baptiste entreprenait le récit du pays des Lotophages et de l’île de Circé, chers à Homère, la journée n’y suffirait pas. Il me parut donc sage et prudent de me retirer.

    La marquise de Sévigné travaillait dans son bureau. La porte était ouverte, mais elle ne m’entendit pas venir. Et je pris quelques instants à l’observer depuis le seuil de la pièce. Elle écrivait vite, sans chercher ses mots, un sourire installé sur ses lèvres. Ce qu’elle racontait l’amusait-elle ?
    Je finis par frapper doucement au chambranle. Elle sursauta, se retourna et, en me reconnaissant, se leva d’un bond pour se jeter à mon cou.
    — Hélène ! J’ai eu si peur. Et tu toques à ma porte, dit-elle en éclatant de rire. L’étiquette exige que l’on gratte !
    — J’ignorais ce détail que je n’aurai pas besoin de retenir, car je ne compte pas demeurer longtemps à la cour.
    — Renoncerais-tu ? fit-elle en devenant soudain grave.
    — Pas encore. Mais il me reste peu de choses à explorer... et je ne suis pas loin d’échouer.
    — Les échos qui me parviennent de Versailles me disent au contraire que tu as fort réussi ton entrée.
    — Sans doute pour mieux se moquer de ma sortie !
    Elle me prit par les mains et se dirigea vers son bureau :
    — Je n’aime pas ces remarques sombres. N’es-tu pas heureuse d’avoir trouvé l’amour ?
    — Cette nuit, commençai-je...
    — J’ai vu Jean-Baptiste à son retour, me coupa-t-elle. Tu étais sauve, c’est l’essentiel, car le reste t’appartient. Parle, si tu en as envie, sinon, je ne désire rien entendre.
    — Je l’aime, comprenez-vous ? J’aime François de Saint Val.
    — Parfait... Allons ! Viens t’asseoir ici, nous discuterons à mon bureau. Je veux savoir si Jean-Baptiste Bonnefoix n’invente rien. Quel chamboulement ! Il affole la maisonnée, parle de coupe-jarrets, d’un rendez-vous avec un fantôme et d’un sifflet au pouvoir vertigineux. C’est si... renversant que je pourrais en faire une lettre sur les nuits sombres de Paris.
    Elle se mordit les lèvres. Non, bien sûr, elle ne relaterait rien, si je

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