L'Insoumise du Roi-Soleil
Référence au « sang bleu » de la noblesse.
11 - Il s’agit de Molière.
12 - Roger de Rabutin, comte de Bussy. Évoqué dans le prologue, lors de la présentation des emblèmes. Il fut exilé pendant dix-sept ans sur ses terres de Bourgogne après la publication de L’Histoire amoureuse des Gaules , récit satirique sur la cour de Louis XIV. Il était cousin de madame de Sévigné qui possédait le château de Bourbilly.
13 - Il se trouve, en effet qu’aucune lettre citant nommément Pierre de Montbellay n’a été, à ce jour, référencée dans la correspondance de madame de Sévigné. Sans doute faut-il imaginer, comme la suite du récit semble l’indiquer, que ces missives furent en grande partie inventées...
14 - Allusion, sans doute, à la fameuse expression de Louis XIV : « Je verrai... » Ce qui signifiait qu’il ne prendrait pas de décision.
15 - La première « gazette », ancêtre des journaux, fut officiellement inventée en 1631 par Théophraste Renaudot.
16 - Ancienne mesure d’une contenance de 0,93 litre.
17 - Parce que je m’appelle lion.
III. L’audace vient de ton ardeur, Hélène.
Les semaines qui suivirent comptèrent parmi les plus sombres de Saint Albert. Anéanti par la disgrâce attachée à son nom et par l’obligation de demeurer en Anjou, Pierre de Montbellay vivait désormais en reclus. Sa vie s’était comme arrêtée. N’ayant plus à recevoir et n’ayant plus de visite, mon père sortait rarement de sa chambre, négligeant les affaires de notre domaine. La vigueur de l’hiver ajouta à ces complications. Son pas devint pesant, sa mine grise. Une toux aiguë encombrait sa poitrine et le petit monde de Saint Albert se mit à battre à la mesure de son maître.
Berthe ne bougonnait plus et pleurait souvent, perdant le goût pour tout. Ses repas devinrent aussi fades que tristes. Sa cuisine se dépeupla et bientôt, on en vint ici et là à gémir et à craindre. Qu’allait-on devenir si le poison, qui viciait l’esprit du comte, gagnait les autres parties de son corps ?
Cette inquiétude venait du fait que, pour la première fois, la disparition de mon père apparaissait possible, c’est-à-dire qu’il en avait l’âge et que les altérations de son âme annonçaient peut-être un mal plus profond. Aussi vigoureux gentilhomme qu’il pût être, sa mort viendrait – et pourquoi pas au cours de cet hiver ?
Dès lors, surgit le cortège de questions enfouies jusque-là. Ce seigneur n’avait pas de fils. Qui lui succéderait ? Il n’y avait que moi. Une fille ? Et plutôt jeune. Sans même que soit connu le nom d’un prétendant sérieux. Les regards se tournaient vers les fenêtres des appartements de mon père, muré dans le silence, et pour qui le seul intérêt semblait se trouver, désormais, dans la peinture. Ainsi naquirent, peu à peu, les emblèmes suivants qui racontèrent notre vie et cette histoire.
Par un curieux effet, je déplorais la peine de mon père, mais je la condamnais autant. Je ne pardonnais pas à un homme de qualité de sombrer à ce point. J’avais grandi. Mes avis s’affirmaient. Ma jeunesse me poussait aux extrêmes. Je lui en voulais de montrer sa faiblesse. Da l’ardore l’ardire . Pour réussir, il fallait oser. Et le comte de Montbellay s’engageait sur le chemin inverse. Il avait été chassé de Versailles et de la cour. Eh quoi ! Il devait être heureux puisqu’il n’aimait plus ce monde. Mais s’il en souffrait – ce qui me semblait en contradiction avec la teneur de la lettre qu’il m’avait adressée –, pourquoi ne pas tout entreprendre afin d’obtenir sa réhabilitation ?
En vérité, j’ignorais que l’on peut haïr et adorer à la fois. Je mésestimais l’attachement d’un homme d’honneur à ses convictions profondes. Céder au roi en lui demandant son pardon représentait un renoncement déchirant à ses nobles idées. Que resterait-il à ce père vieillissant s’il capitulait sur l’essentiel, à l’automne de sa vie ? Quelle trace laisserait-il dans l’histoire des Montbellay ? Sans doute pensait-il que les démarches engagées auprès du roi ne mèneraient à rien. Sauf à mettre un genou en terre. Donc à perdre la face devant ses ennemis. L’orgueil était sans doute également responsable. Mais ce mal le rongeait. Pis, il le paralysait. Il n’agissait pas. Pour la première fois, il subissait. Et je pris la mesure de ce que la puissance d’un titre, d’un rang ou d’un
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