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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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Très-Chrétien, les chimistes, les contrebandiers, et tous les fauteurs de trouble ? Comment contrôler la taille des pavés puisque le roi ordonnait qu’ils ne dépassent pas huit pouces ? Comment éteindre les incendies qui menaçaient plus de vingt mille maisons et sur lesquels s’échinaient sans grand succès de simples moines et leurs seaux d’eau ? Comment inspecter plus de cinq mille lanternes qui éclairaient si peu et si mal ? Comment espionner les réunions occultes ? Et surtout, comment arrêter les empoisonneurs ?
    Car, la poudre à succession, nom facétieux des philtres à trépas, était à la mode. Il suffisait de se rendre sur un marché de Paris pour se procurer une plante nuisible. Comme il n’existait aucun contrôle, les rats enragés avaient beau dos... La Fontaine pouvait écrire : Avait-on un amant, un mari vivant trop au gré de son épouse, une mère fâcheuse, une femme jalouse... Chez la devineuse, on courait, pour se faire annoncer ce qu’on désirait. La chance de Nicolas de La Reynie était de disposer d’une compétence pour les affaires de profanation, de sacrilège, d’empoisonnement. La sorcellerie, il s’agissait de cela. Et le lieutenant de police s’en empara. Pour pimenter le tout, l’affaire touchait la marquise de Brinvilliers qui n’était pas moins que la fille de Dreux d’Aubray, le lieutenant civil de Paris, mort de manière suspecte quelque temps plus tôt. Le scandale fut à son comble quand on découvrit justement que ce magistrat respecté avait été envoyé dans l’au-delà par sa propre descendante. La Reynie cherchait-il une preuve pour convaincre le roi que Paris manquait d’ordre alors qu’il se proposait d’y remédier ? La Brinvilliers en fit les frais, et le magistrat obtint ce qu’il souhaitait : le pouvoir d’ouvrir et de fureter dans les dossiers d’envoûtements et autres poudres à mourir, concoctions à tuer. Du moins, tant qu’ils ne nuisaient pas au roi...
    — Dans l’affaire Brinvilliers, La Reynie avait agi avec efficacité, m’avait expliqué la marquise de Sévigné. Mais il avait profité de la chance. Sainte-Croix était l’amant de Brinvilliers et voilà qu’en fouillant chez lui, le lieutenant de police était tombé sur un écrit où figuraient le nom des victimes et celui de l’exécutrice : la marquise empoisonneuse. Son enquête aboutit promptement. C’était un succès. On voulut arrêter Brinvilliers. Elle avait fui. On la jugea, même absente. Elle fut condamnée à mort par contumace. À défaut, on exécuta son effigie. Mais il manquait un vrai spectacle pour assurer le triomphe de la justice. La Reynie avait alors poursuivi sa proie jusqu’à Liège, fait arrêter et juger de nouveau. Cette fois, elle perdit la tête pour de bon. J’étais présente lors de son exécution. Je l’avais honnie, détestée, mais sa miséricorde m’impressionna. Elle était transformée, convertie et demandait grâce à Dieu. Puis son corps fut brûlé. Le vent dispersa ses cendres. Et j’ai prié pour elle... C’était en 1676. Et nous tentâmes d’oublier.
    Mais en vérité, et cette nuit sans sommeil-là je le compris, l’affaire ne faisait que débuter, comme me l’avait expliqué la marquise en poursuivant son récit.
    Avant l’exécution, madame de Brinvilliers avait été invitée, me précisa-t-elle, à prononcer son testament de mort. Lors de cette ultime confession, elle parla encore. Et ce qu’elle dit intéressa La Reynie. Il ne fut pas le seul. Pour distraire l’exil de sa fille, madame de Sévigné, à l’affût de nouvelles histoires, apprit en effet que la Brinvilliers avait évoqué d’autres affaires d’empoisonnement et cité des personnes de condition liées à ces pratiques abominables.
    — Les noms de Colbert, Fouquet, Mazarin circulèrent... C’était suffisant pour exciter la curiosité du lieutenant. Et attiser son envie tant d’en découdre que d’extirper la fange. Il en avait la conviction : Paris était empoisonné par la sorcellerie. Il lui fallait curer. La Reynie y consacra son énergie. Si bien qu’en remuant toute cette boue, il apparut bientôt un autre nom : la marquise de Montespan. Ni plus ni moins que la favorite du roi.
    Sur ces mots, ma marquise n’avait pu résister à la tentation. Et avait plongé la main dans la boîte à chocolat. Tandis que moi, j’ingurgitais les nouvelles.
    — Un rebondissement inouï se produisit donc en 1679. Jamais je n’ai connu de

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