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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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pièces de campagne de joindre leurs décharges au bruit effroyable de la canonnade qui avait recommencé avec une nouvelle fureur au moment où les bataillons s’étaient mis en marche. Lorsque tous les pelotons furent arrivés au point convenu, ils s’arrêtèrent, et une ligne formidable de guerriers se développa lentement aux rayons du soleil.
    – C’est un superbe spectacle, dit Burgoyne qui était resté à côté de Lionel, et qui sentait son imagination s’enflammer en voyant ces belles dispositions. Comme ces mouvements sont bien exécutés ! avec quel ordre cette ligne imposante, qui s’est formée majestueusement, s’avance maintenant vers l’ennemi !
    Le major Lincoln était trop ému pour répondre, et le général oublia bientôt qu’il avait parlé, absorbé par le spectacle terrible qu’il avait devant les yeux. Les troupes anglaises gravissaient la colline d’un pas si mesuré et avec tant de précision, qu’elles semblaient plutôt défiler à une parade que monter à l’assaut. Leurs drapeaux flottaient fièrement au-dessus de leurs têtes, et par moment le son belliqueux des trompettes s’élevait au milieu de l’air et se mêlait au bruit de l’artillerie. Les jeunes présomptueux qui se trouvaient dans leurs rangs tournaient la tête du côté de la ville ; ils souriaient d’un air de triomphe en voyant les clochers, les toits, les collines, couverts de milliers de spectateurs dont les regards étaient fixés sur eux.
    Lorsque les lignes anglaises furent arrivées presque au pied de la redoute, et qu’elles commencèrent à se former de nouveau en pelotons autour des différentes faces qu’elle présentait, les batteries se turent l’une après l’autre, et le canonnier, étendu sur sa pièce, contemplait ce spectacle dans un muet étonnement ; mais pendant quelques minutes encore le bruit de la canonnade se fit entendre parmi les échos des collines comme le roulement lointain du tonnerre.
    – Ils ne se battront pas, Lincoln, dit le même général qui avait déjà parlé à Lionel ; l’attitude militaire de nos troupes les a glacés d’effroi, et notre victoire ne sera pas sanglante.
    – Nous verrons, Monsieur, nous verrons.
    À peine avait-il prononcé ces mots, que chaque peloton anglais fit feu l’un après l’autre, et des décharges de mousqueterie s’élevèrent en même temps du fond du verger. La colline en fut un instant éclairée ; mais les Américains n’en restaient pas moins immobiles sans brûler une seule amorce, et les troupes royales continuèrent à avancer, et disparurent bientôt dans les nuages de fumée blanchâtre dont leur feu seul avait couvert la colline.
    – De par le ciel, ils sont matés ! ces terribles provinciaux sont matés, s’écria de nouveau le gai compagnon de Lionel, et Howe est à deux cents pas d’eux, sans avoir perdu un seul homme !
    Dans cet instant une clarté subite apparut à travers la fumée, comme l’éclair qui sillonne la nue, et une détonation terrible, produite par plus de mille mousquets tirés à la fois, annonça que les Américains étaient enfin sortis de leur longue inaction. À cette explosion soudaine, à cette décharge affreuse, faite presque à bout portant, Lionel crut voir, et ce n’était pas tout à fait un jeu de son imagination, le nuage de fumée qui s’était élevé l’instant d’auparavant s’ébranler et revenir en arrière, comme si les soldats exercés qui l’entouraient étaient refoulés malgré eux, quoiqu’on ne pût distinguer leurs mouvements ; mais le moment d’après, le cri de guerre inspirateur, poussé par des milliers de voix, et apporté jusqu’à ses oreilles à travers le détroit, malgré l’affreux tumulte du combat, annonça qu’ils n’avaient pas perdu courage et qu’ils étaient retournés à la charge. Dix minutes d’anxiété et d’attente, et les spectateurs réunis sur Copp’s-Hill continuaient à dévorer des yeux le lieu de l’action, lorsque une voix cria tout à coup au milieu d’eux :
    – Hurra ! hurra ! que ces chiens d’Habits-Rouges essaient encore d’escalader Breed’s-Hill ; le peuple leur apprendra la loi !
    – Jetons cet infâme rebelle dans le détroit ! s’écrièrent dix soldats à la fois.
    – Mettons-le à la bouche d’un canon et envoyons-le rejoindre ses dignes amis, s’écrièrent plusieurs autres.
    – Arrêtez ! dit Lionel ; c’est un pauvre imbécile, un fou, un idiot !
    Mais déjà

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